Par M. Bruno BÉZARD, Directeur général du Trésor, Président du Club de Paris
Cuba est un débiteur important pour plusieurs pays créanciers. Au sein du Club de Paris, un groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement des pays endettés, un nombre important de créanciers sont en arriérés vis-à-vis du pays. Parmi ceux-ci, un « Groupe informel des créanciers de Cuba » s’est constitué, avec l’objectif de trouver, dans un avenir proche, une solution à ce problème. La dette totale en arriérés de Cuba vis-à-vis du Groupe des créanciers, accumulée depuis l’interruption des paiements du pays à la fin des années 1980, atteint aujourd’hui près de 15 milliards de dollars. Les relations entre Cuba et les pays du Groupe des créanciers, qui s’étaient distendues depuis la conclusion de quatre accords de rééchelonnement entre 1983 et 1986, ont connu un profond renouveau au cours de ces dernières années. Les deux parties ont engagé un processus de dialogue constructif, visant, in fine, à normaliser définitivement les relations financières entre le pays et ses créanciers officiels membres du Groupe. La négociation avec le Groupe des créanciers, qui détiennent selon les estimations disponibles entre un tiers et la moitié de la dette extérieure du pays, représente un enjeu considérable aussi bien pour Cuba que pour le Groupe des créanciers. Un accord consoliderait en effet la confiance des créanciers et de la communauté financière internationale en la stratégie économique du pays, et permettrait aux pays du Groupe qui le souhaiteraient, de reprendre les financements officiels de moyen terme à destination de l’Île, à des fins commerciales ou de développement. La France, premier créancier de Cuba au sein du Groupe des créanciers, et qui préside aussi bien le Club de Paris que le Groupe, est tout particulièrement impliquée dans le processus de dialogue constructif engagé avec les autorités cubaines. Je me suis déplacé à La Havane au début du mois de mars 2015, afin, notamment, de poursuivre et d’accélérer les discussions sur la réconciliation des données de la dette. Cette première étape, cruciale, de tout processus de dialogue pouvant in fine aboutir à une négociation sur un traitement de la dette en arriérés due au Groupe, consiste à se mettre d’accord sur une « photographie » objective et partagée des montants en jeu. Ce travail considérable permettra de dessiner le cadre d’une discussion sur les termes d’un éventuel traitement des arriérés de Cuba. Ce déplacement qui a permis d’enregistrer des progrès substantiels, témoigne de la volonté forte, des deux côtés, de parvenir à une solution rapide et durable, afin de normaliser au plus vite les relations avec ses créanciers officiels et d’ouvrir une nouvelle page du développement de Cuba. |