Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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     Croatie
 

L’énergie ouvre de nouveaux horizons à l’économie croate

Connue pour ses plages et sa côte escarpée baignée par l’eau turquoise de l’Adriatique, la Croatie est devenue une destination très prisée des visiteurs européens. Bien qu’il représente une filière de poids de son économie (17% du PIB), le tourisme ne saurait, seul, lui permettre d’accélérer sa croissance, qui vient tout juste de redevenir timidement positive, après six années de récession. D’autres secteurs d’activité sont ainsi appelés à émerger, à commencer par celui de l’énergie, ouvrant au pays de nouvelles perspectives économiques.

Devenir un hub énergétique européen, tel est le rêve que caresse de plus en plus la Croatie. Ses arguments : une sécurité de l’approvisionnement en hydrocarbures de l’Union européenne (UE) fragilisée par le conflit ukrainien, des prédispositions logistiques et même des ressources pétro-gazières au large de son littoral adriatique.
Dans une interview au Wall Street Journal, le Ministre croate de l’Économie, M. Ivan Vrdoljak, a d’ailleurs souligné qu’« avoir une production de pétrole et de gaz en Croatie, c’est comme d’avoir une pompe à essence au cœur de l’Europe. »
Le plus jeune État membre de l’UE répond d’ores et déjà à 60% de ses besoins en gaz naturel, soit 1,5 milliard de m3 par an. Toutefois, à l’image de la production de l’Italie dans l’Adriatique (10 milliards de m3 par an), le potentiel croate serait aujourd’hui largement sous-exploité. Les réserves du pays seraient, en effet, estimées à 3 millions de barils de brut, le plaçant parmi les plus importants gisements offshores au sein de l’UE.
En janvier 2015, le gouvernement croate a attribué 10 licences d’exploration et de forage à trois consortiums emmenés par le groupe américain Marathon, l’autrichien OMC et la compagnie nationale INA, qui se sont acquittés de 15,7 millions de dollars pour bénéficier de ces droits. Débute ainsi pour la Croatie une longue période d’attente de cinq ans au cours de laquelle les opérations d’exploration devraient générer quelque 630 millions de dollars d’investissements par les trois consortiums.
Ces rentrées de capitaux ne sont pas sans inquiéter les associations de défense de l’environnement et les opérateurs touristiques. Elles donnent néanmoins un peu d’air à l’économie croate qui peine à sortir d’une récession qui, depuis la crise financière de 2008, a coupé l’élan de sa croissance amorcé depuis 2000 avec une hausse du PIB de 4,2% en moyenne par an. Cette dynamique s’était alors également traduite par une forte attractivité, les investissements directs étrangers ayant atteint un record de 6 milliards de dollars en 2008. Mais avec la crise, la croissance et les investissements se sont fortement contractés. Dès lors, pour attirer de nouveaux capitaux, les autorités croates ont adopté un certain nombre de réformes, dont celle de la fiscalité, pour encourager les entreprises à investir.
Si les résultats restent encore mitigés au regard du potentiel économique de la Croatie, le développement du secteur énergétique pourrait libérer de nouveaux leviers de croissance et renforcer la compétitivité du pays. Outre la production d’hydrocarbures, deux projets viendraient étayer ce dessein, le premier étant la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié sur l’île de Krk, dont le coût est estimé à 736 millions d’euros. Longtemps repoussé, celui-ci est considéré depuis novembre 2014 comme un projet stratégique par l’Union européenne. L’autre projet consiste en la participation de la Croatie à l’Adriatic-Ionian Pipeline (IAP) dont la réalisation fait depuis octobre 2014 l’objet de négociations officielles. Ce gazoduc prolongerait vers les Balkans occidentaux le Trans Adriatic Pipleine (TAP) qui doit transporter le gaz naturel azerbaïdjanais vers l’Italie. L’IAP et le terminal GNL de Krk, auquel s’intéresse le géant pétrolier français Total, se complètent d’ailleurs puisqu’ils pourraient être connectés.
Lors de sa visite officielle à Paris, le 2 mars 2015, le Vice-Premier Ministre croate Branko Grcic a eu l’occasion de présenter ces vastes projets ainsi que les réformes adoptées, aux entrepreneurs français réunis au MEDEF. La dimension économique constitue une composante essentielle du partenariat stratégique franco-croate. La France est, en effet, le 6ème investisseur en Croatie, mais la présence française résulte encore pour l’essentiel de l’acquisition de Splitska Banka par la Société Générale. Le tiers restant des investissements français fait la part belle aux secteurs de l’agroalimentaire avec l’implantation des groupes Lesaffre, Axereal et Lactalis, ainsi que de la construction. L’attribution en 2012 de la concession de l’aéroport international de Zagreb au consortium conduit par les groupes français Bouygues Bâtiment International et Aéroports de Paris, laisse d’ailleurs augurer d’une nouvelle vague d’arrivée d’entreprises françaises. CH

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