Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Chili
 

Devenir un hub régional de réexportation et d’innovation

Le vaste programme de modernisation des infrastructures conjugué aux réformes annoncés par le gouvernement chilien devraient sans conteste renforcer l’attractivité économique du pays et sa position comme plateforme de réexportation. Dans les transports, l’énergie ou encore l’innovation, les opportunités vont être nombreuses sur ce marché qui séduit par l’équilibre politique et macroéconomique du Chili et son excellente insertion dans le commerce mondial. Ce qui en fait aussi un espace très compétitif. Cependant, la visite officielle de la Présidente chilienne Michelle Bachelet en France courant 2015 devrait être un atout pour les groupes et les PME françaises décidés à investir dans le pays andin.

C’est un appel d’offres majeur que viennent de remporter, au Chili, Aéroports de Paris (ADP) et Vinci Airports : la concession de l’aéroport international Arturo Merino Benítez de Santiago du Chili. D’une durée de 20 ans, les deux groupes français, associés à l’italien Astaldi dans le consortium Nuevo Pudahuel, vont non seulement assurer la gestion de l’aéroport mais aussi son extension. Décrit par Augustin de Romanet, Président-Directeur général d’ADP comme l’un des « hubs régionaux les plus dynamiques d’Amérique latine », l’aéroport sera rénové et son terminal actuel agrandi, en attendant la construction d’un nouveau terminal de 175 000 m2 à la faveur d’un plan d’investissements de l’ordre de 700 millions d’euros.
 

De vastes projets d’infrastructures dans l’énergie et les transports
Cet appel d’offres n’est qu’un avant-goût du vaste programme de modernisation des infrastructures lancé au Chili. Le plan d’investissement massif, dévoilé par la Présidente chilienne Michelle Bachelet le 3 juillet 2014, prévoit de consacrer, d’ici 2021, quelque 18,8 milliards de dollars pour assurer le développement urbain de la région de Arina et Parinacotta, la construction de petits et grands barrages, l’aboutissement du projet « Connectivité australe » qui vise à densifier le maillage du réseau de transports en Patagonie. S’y ajoutent 9,9 milliards de dollars destinés aux concessions pour la construction et l’équipement de bâtiments publics, les transports publics durables, les routes et autoroutes. Le projet du Grand Santiago 2025, sous les traits d’une ville durable, participe aussi de cette dynamique pour devenir une plateforme régionale de réexportation vers l’Asie du Sud-Est. Une position à laquelle il peut prétendre notamment grâce à ses 24 accords de libre-échange avec 63 pays.
L’envergure des investissements annoncés traduit l’ambition du Chili, pays de l’Organisation pour la coopération et le Développement économique (OCDE) le moins développé en matière d’infrastructures routières, et ouvre des perspectives pour les investisseurs étrangers. Plusieurs groupes français se sont d’ores et déjà positionnés, à l’image de Faiveley Transport dans le secteur du transport urbain. L’entreprise française a gagné, en mars 2014, un contrat auprès du métro de Santiago pour la conception, la fourniture, l’installation et la maintenance des portes palières des deux nouvelles lignes, entièrement automatisées. Dans le secteur énergétique, GDF Suez, via sa filiale E-CL, a remporté le 16 décembre 2014 un contrat de fourniture d’énergie pour une période de 15 ans. Celui-ci implique la construction de la centrale thermique de 375 mégawatts et de la ligne de transport d’électricité qui reliera les villes de Mejillones et Copiapó. Quant à EDF, sa branche Energies nouvelles a annoncé le 13 avril 2014 la construction d’une centrale solaire de 146 MW, en partenariat avec le groupe japonais Marubeni. L’électricien français qui a déjà investi 1,3 milliard de dollars dans la création du consortium Biobíogenera avec l’espagnol Gas Natural Fenosa, s’intéresserait par ailleurs de près aux prochains projets d’approvisionnement électrique.
Des rapprochements franco-chiliens qui sont de bonne augure à la veille de la visite officielle qu’effectuera la Présidente Michelle Bachelet en juin 2015 en France. Durant cette visite, la conclusion d’une alliance Chili-France, qui dépasse et approfondit tout accord antérieur, sera à l’ordre du jour. Un accord qui fera un appel d’air aux échanges économiques bilatéraux. Car même si la France est le 2ème fournisseur européen du Chili, les échanges entre les deux pays demeurent modestes au regard du potentiel existant, s’élevant à seulement 1,9 milliard d’euros en 2013. 192 entreprises françaises y sont aujourd’hui implantées, en particulier dans les secteurs des transports, de l’énergie, de la construction, de l’agro-alimentaire, de la défense et de l’aéronautique.
Le train de réformes annoncé par le gouvernement chilien pour renforcer l’attractivité de l’économie chilienne et inverser la tendance au repli des investissements directs étrangers (IDE) observé en 2013, encouragera sans doute les entreprises françaises à saisir les opportunités nouvelles. C’était tout l’objet de l’International Investment Forum Chile, organisé par le Comité des investissements étrangers (CIE Chile) à Santiago du 12 au 15 janvier 2015 et réunissant 40 entreprises issues de 18 pays. À cette occasion, le gouvernement a annoncé la création d’une nouvelle agence d’attraction des investissements étrangers.

Recherche et innovation (R&D+I), terreau fertile pour la coopération bilatérale
Dans le même temps, le Chili cherche à renforcer le secteur de la R&D+I, en portant à 1,2% du PIB la part consacrée à la recherche et à l’innovation d’ici 2018. Symbole de cette dynamique, le début de la construction du parc scientifique et technologique de la région en janvier 2015. L’objectif ? Créer un pôle d’innovation, sur le modèle de la Silicon Valley américaine. Le programme Start-up Chile, développé par le Comité des investissements étrangers (CIE Chile) et l’Agence chilienne de développement économique (CORFO), devrait aussi apporter sa pierre à l’édifice. Parmi les entrepreneurs qui ont profité d’une subvention pour s’installer dans cet incubateur de start-ups, 11 sont français.
Le secteur privé multiplie également les initiatives, notamment les entreprises tricolores : Laborelec, filiale de GDF Suez a ouvert un centre de recherche sur les énergies renouvelables non conventionnelles et l’efficience énergétique tandis que DCNS a été retenu par CORFO en octobre 2014 pour ouvrir un centre de recherche d’énergies marines.
Cette synergie dans le domaine de la R&D n’est pas nouvelle. Elle est même devenue l’un des axes forts de la coopération institutionnelle franco-chilienne. Outre les 12 accords bilatéraux existants dans le giron de l’enseignement supérieur et de la recherche, celui qui lie le Chili à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) remonte aux années 1980. Il mène des travaux sur les risques naturels (sismologie, volcanologie), l’océanographie ou encore le changement climatique. Dans le domaine des TIC, domaine en plein essor dans les Andes, l’Institut français de recherche en mathématiques appliquées et en informatique (INRIA) a ouvert en 2012 un centre d’excellence, baptisé CIRIC (Communication and Information Research and Innovation Center) et doté d’un budget de 30 millions d’euros sur dix ans. Le CNRS, quant à lui, vient de renforcer sa collaboration avec le Chili dans le domaine de l’écologie et de la biologie évolutive marine, en créant une nouvelle Unité mixte internationale franco-chilienne le 17 mars 2014 en partenariat avec l’Université parisienne Pierre et Marie Curie, l’Université Pontificale Catholique du Chili et l’Université Australe du Chili. CF

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