Entretien avec M. Roberto PAIVA, Directeur de ProChile
La Lettre Diplomatique : Monsieur le Directeur, vous avez appelé début janvier 2015 les PME chiliennes à intégrer les circuits de l’export. Quels sont les points forts des PME chiliennes sur le marché international ? Dans quels secteurs sont-elles en mesure d’apporter une plus-value ?
M. Roberto Paiva : On compte 196 197 PME au Chili, dont seules 1,8% réalisent des ventes à l’export. Toutefois, le tissu entrepreneurial, qui s’est développé autour des secteurs exportateurs leaders, a les moyens d’être concurrentiel sur les marchés internationaux. En effet, ces PME fournissant les grandes industries du secteur minier, de l’aquaculture et de l’agroalimentaire, sont insérées dans la chaîne de valeurs et peuvent atteindre les marchés extérieurs avec une bonne capacité exportatrice.
L.L.D. : Institution chargée de promouvoir les exportations et d’encourager les investissements étrangers, ProChile est l’un des fers de lance du Ministère chilien des Affaires étrangères et de la politique d’ouverture économique mise en œuvre par le gouvernement. Pourriez-vous décrire le rôle et les activités de Pro Chile ? Quelles sont les actions menées plus particulièrement en France?
R.P. : ProChile est l’organisme du Ministère des Affaires étrangères du Chili chargé de promouvoir les exportations de biens et de services du pays. En outre, il encourage les investissements étrangers directs (IDE) au Chili et promeut le pays en tant que destination touristique. Nous nous appuyons sur un réseau de 15 bureaux régionaux au Chili et 53 bureaux commerciaux dans le monde, avec des équipes spécialisées qui font la promotion de l’offre exportable du Chili sur les marchés internationaux, en mettant à disposition des informations de premier plan et des outils qui ouvrent et créent des opportunités pour nos entreprises. La France est un partenaire important pour l’offre exportable chilienne dans l’agroalimentaire. C’est notre septième client au sein de l’Union européenne (UE). En 2014, la France a été le plus gros client de produits chiliens tels que les semences de tournesol (16 millions de dollars), les coquilles Saint-Jacques (8,4 millions de dollars), le filet d’espadon (2 millions de dollars), l’araignée de mer en conserve (1,9 million de dollars) et les châtaignes fraiches (1,5 million de dollars). En 2015, ProChile sera d’ailleurs présent sur Vinexpo en juin et au Marché du Film de Cannes en mai, deux évènements fondamentaux pour le développement des industries vitivinicoles et créatives.
L.L.D. : En baisse de 5,9%, les exportations chiliennes à destination de l’Hexagone ont atteint 572 millions d’euros au premier semestre 2014. Quel regard portez-vous sur cette évolution ? Quels sont les dispositifs facilitant à ce jour les exportations chiliennes vers la France ? Quelles mesures pourraient, selon vous, dynamiser la compétitivité du Chili ?
R.P. : Les chiffres de l’année 2014 montrent que la baisse des exportations chiliennes vers la France n’a seulement été que de 2,8 % (hors cuivre et services). La diminution la plus importante se reflète dans l’industrie forestière, avec une baisse de 18% des exportations. Toutefois, de fortes hausses ont été enregistrées dans les envois de produits de la mer et de produits manufacturés. Les dispositifs qui facilitent les exportations aujourd’hui en France sont, entre autres, l’accord de libre-échange avec l’UE et les outils qu’offrent ProChile et son bureau commercial à Paris. Ceci permet aux entreprises d’envisager une relation sur le long terme avec la France. Dans nos bureaux à Paris, les entreprises chiliennes et les importateurs français trouveront tout l’appui nécessaire pour élargir leurs réseaux de contacts et faire des affaires.
L.L.D. : Vantant notamment les vins chiliens, le pisco et la viande de wagyu, ProChile était présent au Salon de l’industrie agroalimentaire (SIAL) à Paris du 19 au 23 octobre 2014. Que représente le marché français pour les PME chiliennes ? Dans quelle mesure le secteur agricole peut-il être l’un des moteurs de l’accroissement des échanges franco-chiliens ? Au-delà, quelles sont les autres filières susceptibles de voir se développer les liens entre les entreprises des deux pays ?
R.P. : Le marché français représente une opportunité pour notre pays, et tout spécialement pour les produits et services de nos PME. La France est un grand importateur de produits alimentaires. Selon le département de l’agriculture des États-Unis, la France a importé en 2013 près de 40 milliards de dollars de produits agroalimentaires en provenance du monde entier. Ses principaux fournisseurs sont les États membres de l’UE : Espagne (17%), Allemagne (14%) et Belgique (14%). Le Chili est encore un petit fournisseur, mais nous souhaitons inverser cette situation en profitant des avantages de la contre-saison et en proposant une offre variée de produits agroalimentaires et de produits de la mer. Nos entreprises ont la réputation d’être des partenaires fiables dans leurs relations commerciales avec les importateurs. En outre, nous avons une offre qui peut s’adapter aux besoins du marché et du client. Aujourd’hui, les produits alimentaires représentent 68% des exportations vers la France. Le Chili compte 24 accords commerciaux qui sont exemptés de droits de douanes, notre commerce extérieur avec 63 pays représentant 63% de la population mondiale et 85% du PIB mondial. Le Chili invite les entreprises françaises à s’installer au Chili, à faire des alliances productives avec nos entrepreneurs et à exploiter notre marché et notre réseau d’accords commerciaux. |