Avec près de 50 000 visiteurs en 2004, soit une augmentation de 57% des arrivées par rapport à 2003, les touristes français sont de plus en plus nombreux à priser Chypre pour leurs vacances. Offrant un cadre somptueux au cœur de la Méditerranée avec la saison estivale la plus longue de la région, riche d’une histoire plusieurs fois millénaire, le berceau d’Aphrodite souffre pourtant d’un réel manque de notoriété auprès du public français. Pourtant M. Dimitri Demetriou, Directeur de l’Office de tourisme de Chypre en France explique que « Chypre a connu le dernier royaume franc après la débâcle de la huitième croisade. Elle a ensuite été, avec les Vénitiens, le dernier rempart de l’Occident en Méditerranée. » Et de déplorer que « seuls les amoureux de l’île connaissent ces liens historiques et culturels ».
Après deux années difficiles, consécutives à la crise du transport aérien et à l’accroissement de la tension régionale, le Ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme chypriote a décidé d’accélérer son plan stratégique pour redynamiser un secteur moteur de l’économie de l’île. Identifiant des marchés clés pour revigorer l’afflux de touristes à Chypre, cette stratégie fait de la France une priorité. L’Office de tourisme de Chypre en France a dès lors mis les bouchées double dès 2003 pour revaloriser l’image de l’île trop confuse et manquant de visibilité auprès d’un public français attaché à des destinations traditionnelles et bon marché qui font une forte concurrence à l’île. L’entrée de Chypre dans l’Union européenne a ainsi corrigé cet handicap d’image grâce à la vaste campagne médiatique qui a accompagné l’événement. Pour M. Demetriou, « l’appartenance à l’Union a mis l’accent notamment sur l’aspect sécurisant. Mais cela ne va pas non plus sans soulever des interrogations quant à l’augmentation du coût de la vie impliquée par l’harmonisation économique entre Chypre et l’UE. » Offrant une gamme de produits allant du gîte rural au palace de grand luxe, Chypre ne cherche pas cependant à se placer sur le marché de destinations tels que la Turquie ou l’Egypte. « En France, nous sommes mieux représenté dans le haut de gamme de forfait », explique M. Demetriou. L’effort se porte particulièrement sur le tourisme d’affaires en proposant des solutions reconnues pour les professionnels, notamment pour les opérations d’incentive, le lancement de produits commerciaux et les conférences de travail. Le pays fait valoir à cet égard sa situation géographique, « point de rencontre naturel, relié à toutes les capitales européennes et du Moyen-Orient ».
L’Office de tourisme de Chypre s’est également attaché à sensibiliser les atouts de l’île auprès des professionnels français du tourisme, tours opérateurs, hôteliers et des voyagistes qui hésitent encore à prendre des risques pour le transport. Il assure ainsi une présence remarquée dans les salons comme le TOP RESA qui se réunit chaque année à Deauville ou le Tourismo, le salon du tourisme de Strasbourg, dont Chypre était pour l’édition 2005, l’invité d’honneur. Une ligne charter reliant Strasbourg à l’île avait d’ailleurs récemment été inaugurée. Plus généralement, cette attention particulière accordée aux régions françaises n’est pas sans intérêt, « près de la moitié de la demande potentielle provenant de la province », souligne M. Olivier Occelli, collaborateur de M. Demetriou. En outre, l’Office de tourisme de Chypre a organisé des voyages pour près de 800 agents voyages et s’efforce d’assurer une communication constante avec la presse de l’hexagone. Il s’efforce d’informer les tours opérateurs de ses activités, mais aussi de soutenir leur action en diffusant une newsletter auprès des agences de voyages, des agences spécialisées pour le tourisme d’affaires et des comités d’entreprise.
Tous ces efforts finissent par payer. Alors qu’une seule compagnie, la compagnie nationale Cyprus Airways desservait Paris, deux autres compagnies, Star Airlines et Helios Ariways, ouvrent désormais les portes de l’île. Des vols charters sont désormais disponibles depuis Paris, Lyon et Mulhouse. Depuis 2005, une ligne a été ouverte avec Strasbourg et un système de vols ponctuels desservant des villes du Sud-Ouest comme Pau et Limoges a vu le jour. En revanche, en l’absence d’un développement fort du tourisme d’affaires, la compagnie nationale française Air France ne semble pas pressée de renouer des liaisons avec Chypre, dont elle a supprimé l’escale lors de sa restructuration en 1992, au profit des pays de l’Europe centrale et orientale. En ce qui concerne le secteur hôtelier, s’il reste largement dominé par les investisseurs nationaux, il existe « une forte volonté d’inciter les entreprises françaises à investir, à créer des joint-ventures pour adapter les produits à la cible française », assure M. Demetriou. En 2004, un premier club français a ouvert ses portes près de Lanarka. Les perspectives d’une solution politique à la division de l’île devraient multiplier les opportunités dans ce domaine. « Chypre réunifiée fera venir naturellement les tours opérateurs » conclut ainsi M. Demetriou.
C.H. |