Par S.E.M. Marios Lyssiottis, Ambassadeur, Représentant permanent de Chypre auprès du Conseil de l’Europe
Le Conseil de l’Europe est depuis plus de cinquante ans une des organisations œuvrant pour la construction européenne basée sur la liberté, la démocratie, les droits de l’Homme et l’état de droit. Il contribue, à travers son activité à tous les niveaux, à relever les défis auxquels fait face la société européenne du vingt-et-unième siècle et symbolise les aspirations et les espoirs de plus de 800 millions d’Européens.
La participation active et effective de Chypre à l’effort de la construction et de l’intégration européennes, à la promotion de la conscience et de l’identité européennes et à la réalisation des idéaux de notre continent est constante et sans faille depuis 1961 et son adhésion au Conseil de l’Europe quelques mois après son indépendance. Cette activité devient d’autant plus importante depuis que la République de Chypre est membre de l’Union européenne.
Chypre, pays particulièrement sensible à tout ce qui touche aux droits de l’Homme, à la démocratie et à la liberté, en raison de son histoire mouvementée et de son expérience propre, joue un rôle important et actif dans la promotion de ces idéaux.
Au-delà du travail normatif de promotion des idéaux européens, le Conseil de l’Europe a toujours joué – et continue à le faire – un rôle actif dans le domaine du problème chypriote. A ce titre, quelques exemples suffisent à démontrer cet intérêt : le Comité des Ministres de l’organisation a condamné la déclaration unilatérale d’indépendance de la partie occupée de Chypre dès son annonce en 1983 et appelle au respect de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République de Chypre. Cette position n’a jamais varié. En outre, à cause des violations massives des droits de l’Homme suite à l’invasion et l’occupation turques, le sujet « situation à Chypre » est inscrit à l’ordre du jour de toutes les réunions du Comité des Ministres de l’organisation. D’autre part, aussi bien l’Assemblée parlementaire que le Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe débattent régulièrement des différents aspects de la question chypriote.
Un domaine particulièrement important, et dans lequel le Conseil de l’Europe possède une expertise et une autorité indéniables, est celui des droits de l’Homme. Les violations massives des droits de l’Homme de tous les Chypriotes, résultat de l’invasion turque de 1974 et de l’occupation continue de la partie nord de Chypre, ont fait l’objet de quatre requêtes inter-étatiques de Chypre contre la Turquie.
La Cour européenne des droits de l’Homme a condamné cette dernière pour ces violations. Notamment dans son arrêt du 10 mai 2001, la Cour européenne des droits de l’Homme a condamné la Turquie pour des violations continues et massives des droits de l’Homme depuis l’invasion et l’occupation de la partie nord de Chypre.
Une autre affaire emblématique et dans laquelle la Turquie a également été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme est l’affaire Loizidou, une Chypriote grecque empêchée par les forces d’occupation turques de jouir de ses propriétés situées dans la partie nord de Chypre.
Ces décisions judiciaires reconnaissent la responsabilité de la Turquie dans la violation massive des droits de l’Homme des Chypriotes. La Cour considère que, par la présence massive de l’armée d’occupation turque, la Turquie exerce le contrôle effectif sur ce territoire chypriote.
Aujourd’hui, Chypre, avec les 45 autres membres du Conseil de l’Europe, contribue à la promotion et la diffusion des idéaux européens sur tout notre continent et au-delà.
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