Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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Une nouvelle dynamique de développement en Namibie

Si l’événement est presque passé inaperçu en Europe, l’investiture du Président Hifikepunye Pohamba le 21 mars dernier à Windhoek a pourtant inauguré une nouvelle ère dans l’histoire de la Namibie, un des pays les plus stables et les plus prospères d’Afrique.

Héritant de l’œuvre accomplie par l’ancien président et père de l’indépendance Sam Nujoma, dont il est en quelque sorte le frère d’armes, le nouveau président namibien a fait valoir, dès son intronisation en mars 2004 comme candidat du parti SWAPO pour les élections présidentielles, sa volonté de redynamiser l’économie namibienne en associant plus étroitement le secteur privé à son projet de développement économique. Celui-ci vise pour l’essentiel à accélérer la diversification des secteurs d’activité générateurs de richesses et d’emplois, dans le but de faire décoller une économie dont la croissance plafonne encore entre 3 et 4% en moyenne par an et qui demeure confronté à un taux de chômage élevé, à de persistantes inégalités sociales et à une trop forte dépendance à l’égard de ses exportations de ressources naturelles (diamants, cuivre, or, zinc, uranium ainsi que le poisson). Les efforts de diversification économique devraient ainsi se porter plus particulièrement sur le développement des secteurs de l’agriculture et du tourisme.

Cette question devient d’ailleurs de plus en plus pertinente, avec le déclin de l’industrie du cuivre dans le monde et les prévisions d’épuisement des réserves d’uranium du pays dans une quinzaine d’années. La poursuite des activités d’extraction de la mine de Rössing jusqu’en 2007 ou 2016 reste pour l’heure une inconnue. Nécessitant de significatifs investissements pour la modernisation de ses installations et souffrant de la fluctuation des cours de l’uranium ainsi que de la dépréciation du dollar namibien par rapport au dollar américain, la mine pourrait générer, selon les estimations, d’ici 2016 près d’un milliard de dollars, tandis que sa fermeture pose la question de la reconversion économique de la région. Celle-ci serait toutefois compensée en partie par la récente décision du groupe canadien Paladin d’investir près de 350 millions de dollars namibiens pour la construction d’une mine d’uranium d’une capacité de production 1 200 tonnes par an, à 50 km au sud de Walvis Bay.

Le gouvernement namibien entend également centrer son action dans l’optimisation des bénéfices dégagés par les secteurs d’activités les plus porteurs, comme l’industrie du diamant qui représente près de 10% du PIB national. Or, selon le Président Pohamba, ce secteur demeure sous-exploité, les diamants étant exportés sous leur forme brut. Lors d’une visite dans les locaux de la compagnie israélienne de transformation de diamant LLD Diamonds, il a ainsi présenté cette implantation comme une véritable réussite de la politique d’attraction des investisseurs étrangers en Namibie, non seulement pour les emplois qu’elle a créés (460), mais aussi pour les opportunités qu’elle offre pour le développement de sociétés de services connexes.

Redoublant d’efforts pour attirer les investisseurs étrangers, la Namibie, qui compte un peu moins de deux millions d’habitants, pâtit toutefois de la taille modeste de son marché intérieur. Si le pays a fait de son système politique et juridique stable et ouvert un de ses meilleurs atouts pour attirer les investisseurs étrangers, il subsiste néanmoins des effets repoussoirs, comme les tendances à la multiplication des pratiques de corruption que le Président Pohamba s’est déclaré prêt a combattre fermement, ou encore le manque de personnel qualifié techniquement et en termes de management, qui couplé à des niveaux salariaux relativement élevés, rendent le marché namibien peu compétitif. Son atout majeur demeure sa position stratégique, ouverte sur l’océan Atlantique et les marchés sud et nord-américains ainsi qu’européen. En multipliant les liaisons avec les pays voisins, Windhoek entend s’affirmer comme la porte d’entrée du marché de la SADC, marché fort de plus de 200 millions d’individus, mais aussi comme plate-forme commerciale notamment pour les pays enclavés de la région, que sont la Zambie, le Zimbabwe ou le Botswana (voir carte page 81). Occupant le 5ème rang des pays africains en terme de compétitivité, derrière Maurice et l’Afrique du Sud selon l’Africa’s competitiveness report du World Economc Forum, la Namibie est parvenue à faire passer en dix ans le stock d’investissements étrangers de 100 millions de dollars namibiens à 2 milliards en 2004 et à s’affirmer comme l’un des pays africains les plus prometteurs en termes de développement.

En dépit de la modestie des relations économiques franco-namibiennes, les investisseurs français semblent s’intéresser de plus près à ce pays à mesure qu’ils accroissent leur présence en Afrique australe. Cet intérêt était conforté en septembre 2004 à l’occasion de la rencontre de travail organisée par le MEDEF, entre les chefs d’entreprises françaises et l’ancien Président Sam Nujoma lors de sa visite en France. Alstom est pour l’heure le seul groupe français a assurer une présence significative dans ce pays. Il figure ainsi parmi les sept compagnies sélectionnées lors de l’appel d’offres lancée par la compagnie nationale d’électricité Nampower et clos en décembre 2004, pour la réalisation d’une centrale de 800 MW alimenté par le gisement de gaz de Kudu, à Oranjemund, dans le sud du pays. Ce projet d’envergure peut d’ailleurs faire de la Namibie un pays exportateur net d’énergie.  C.H.

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