Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
  Éditorial
Entretien exclusif
Coopération
Diplomatie & Défense
Innovation
Culture
 
La lettre diplometque
La lettre diplomatique Haut
     Espagne
 

L’OCDE, hier, aujourd’hui et demain : la vision de l’Espagne

Par S.E.M. Fernando Ballestero, Ambassadeur, Représentant permanent de l’Espagne auprès de l’OCDE

 

Nous vivons une époque de grands changements et de transformations sociales. Le XXème siècle, et le début du XXIème, ont été les témoins d’innovations technologiques constantes et de leur introduction dans la vie quotidienne, à un rythme méconnu jusqu’à présent dans l’histoire de l’Humanité. A cela s’ajoute, dans une large mesure comme conséquence directe, le fait que les sociétés aient été touchées par d’importants processus de transformation.

Dans le contexte de la dynamique générale de ces cinquante dernières années, l’Espagne est un pays qui a vécu, de manière pacifique, un processus intense de changement et de modernisation. Après une longue, et déjà lointaine, période de régime autoritaire sans libertés, fondé sur un modèle économique fermé à l’extérieur et connaissant un certain isolement politique international sous la dictature du Général Franco, l’Espagne s’est transformée en une monarchie parlementaire et constitutionnelle, avec un niveau élevé de développement économique et un important degré d’insertion dans l’économie mondiale, devenue membre de l’Union européenne et jouant un rôle actif dans toutes les instances et les organisations internationales.

Les facteurs qui sont intervenus dans ce processus de transformation sont nombreux, deux d’entre eux étant des facteurs-clés sur le strict plan de la modernisation du système économique et le développement : l’appartenance à l’OCDE depuis 1960 et l’adhésion à l’Union européenne en 1986.

En effet, le premier changement significatif ayant eu lieu en Espagne dans le domaine économique vers 1959, en pleine période franquiste, est précisément le fruit de l’intégration des principes que l’OCDE défendait déjà en matière de libéralisation du commerce et des finances. Conscients qu’une économie isolée était condamnée à l’étranglement, des experts et des responsables des Ministères de l’Economie d’alors réussirent à introduire ces idées libérales et novatrices, et à permettre que l’économie espagnole commence à s’ouvrir timidement vers l’extérieur. Le tourisme, l’émigration de main-d’œuvre vers le reste de l’Europe et l’arrivée d’investissements étrangers favorisés par un contexte plus propice ont rendu possible un développement économique favorable à tous les citoyens des années 60 ; ce en générant et en mettant en évidence les contradictions propres à toutes dictatures.

Par la suite, à la fin des années 70, le rôle des « rapports annuels sur l’économie espagnole de l’OCDE » a également été remarquable dans ces années difficiles de transition politique, lorsque la rupture avec le régime précédent s’est manifestée par l’élaboration d’une nouvelle Constitution rédigée par l’ensemble des partis récemment légalisés. Ces rapports, par leur rigueur et par leur objectivité, sont devenus un point de référence pour définir la voie que devaient suivre la politique économique et les réformes structurelles.

En 2005, l’OCDE continue toujours de jouer un rôle de référence majeur pour l’économie et la société espagnole. La preuve la plus récente, pour ne citer qu’un exemple, est l’approbation, le 3 mars dernier, du « Code de Bonne Gouvernance des Membres du Gouvernement et des Hauts fonctionnaires de l’Administration générale de l’Etat » qui, comme il est explicitement mentionné dans le texte légal, « …répond fidèlement aux lignes directrices de l’Organisation pour la Coopération et le Développement économiques… ». Il constitue un progrès supplémentaire venant s’ajouter aux normes déjà existantes.

En définitive, le rôle de cette Organisation s’avère déterminant et, partant de ce constat, la politique du Gouvernement espagnol doit tendre à renforcer son activité et ses effets, non seulement pour son bénéfice propre, mais également pour celui de l’ensemble de la communauté internationale.

Il s’agit ici précisément du grand défi auquel se trouve confrontée l’OCDE au début de ce XXIème siècle. En tant qu’orga-nisation à la pointe de l’analyse du développement économique et des facteurs de type structurel qui ont une incidence sur celui-ci, elle doit chercher une nouvelle approche de son rôle et des formes de coopération internationale, face aux grands changements technologiques, économiques et sociaux. La globalisation de l’économie, l’introduction et   l’utilisation des nouvelles technologies, l’effet encore difficile à évaluer d’Internet, le changement climatique et la détérioration progressive de l’environnement, le phénomène de l’émigration, etc… constituent autant de facteurs qui influent directement sur la société en transformant les relations économiques et les comportements sociaux.

De même, des situations différentes se créent exigeant à leur tour des réponses différentes de la part de la communauté internationale et des pays les plus développés en particulier. La brèche économique entre régions pauvres et régions riches s’aggrave, accentuée par la dite «fracture numérique » et par certains effets négatifs à court terme que la globalisation et l’irruption dans les marchés de nouveaux exportateurs du monde en développement ont sur ces économies les plus pauvres. Par ailleurs, l’absence d’administrations publiques efficaces et transparentes, le manque de clarté dans les cadres législatifs et dans les règles du jeu de beaucoup de pays en développement découragent les investissements étrangers susceptibles d’aider le développement national.

La situation est complexe et requiert une analyse et un schéma d’actions plus appropriées dans le domaine de la Coopération internationale. L’OCDE doit donc continuer à jouer un rôle important, comme elle l’a fait depuis sa création, il y a quarante ans. Il est évident que pour qu’un pays se développe économiquement, il faut des investissements intégrant de nouvelles technologies, une bonne formation de la population et plus particulièrement des travailleurs, ainsi qu’un environnement macro-économique adéquat qui exige, entre autres, des règles de concurrence, une bonne gouvernance des institutions publiques et une législation fiscale appropriée. Et c’est en cela que l’OCDE est leader comme Organisation de Coopération et de Développement Economiques.

Pour ses Etats membres actuels, ceux qui pourront y adhérer dans le futur et pour tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, participent à ses travaux, son action sera cruciale dans les prochaines années. L’Espagne, consciente de son utilité, s’engagera toujours pour que le reste des pays de la planète puisse également reconnaître catégoriquement dans les années à venir, la grande utilité que l’OCDE aura eu pour eux.

Retour en haut de page
 
 

 
La lettre diplomatique Bas
  Présentation - Derniers Numéros - Archives - Nos Liens - Contacts - Mentions Légales