Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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Le marché ukrainien, futur eldorado de l’Europe de l’Est ?

Alors que le souvenir de l’organisation de l’Euro 2012 commence déjà à s’estomper, l’Ukraine veut capitaliser sur cette réussite pour attirer l’attention des investisseurs étrangers sur l’immense potentiel de son marché. Une véritable opération de séduction, lancée en septembre 2012 à Paris, avec la visite du Président de l’Agence d’Etat pour les investissements et les projets nationaux, M. Vladislav Kaskiv, au siège du MEDEF (Mouvement des entreprises de France).

Située aux marges orientales de l’Union européenne, l’Ukraine ne manque pas d’atouts pour attirer les entreprises étrangères. C’est le message que cherchent à faire passer les autorités ukrainiennes. Une réalité trop souvent occultée par les soubresauts passés de sa politique intérieure. De ce point de vue, l’Euro 2012 aura nettement contribué à inverser cette image, en donnant à voir un pays ouvert et en pleine transformation.
Tout l’enjeu pour l’Ukraine consiste désormais à rentabiliser l’immense effort déployé pour accueillir cette compétition. Une entreprise qui s’apparente pour nombre de pays organisateurs de tels événements, à un véritable tour de force, mais qui pourrait s’avérer payante à moyen terme pour le cas ukrainien. Pas moins de 11 milliards d’euros auraient été investis, soit 1,7% du PIB, selon le cabinet britannique CapitalEconomic. Et les résultats sont visibles partout avec la construction de nouvelles infrastructures à travers l’ensemble du pays.
Forte de cette capacité logistique renforcée, l’Ukraine affiche à présent son ambition de suivre la trajectoire de la Pologne et des autres pays d’Europe centrale, pour s’imposer comme le nouveau pôle d’investissement dans la région. La Bleyzer Foundation, une ONG basée à Kyiv dont le but est de promouvoir le secteur privé dans les marchés émergents, table d’ailleurs sur une plus forte hausse que prévue des investissements directs étrangers, à hauteur de 5 milliards de dollars en 2012.
Les arguments de l’Ukraine : une croissance dynamique oscillant autour de 4%, une spécialisation dans des secteurs de pointe comme l’industrie métallurgique, l’aéronautique et l’aérospatiale, ou encore la sous-traitance dans les technologies de l’information. De plus, parmi les nombreuses réformes engagées à l’initiative du Président Viktor Ianoukovitch, l’accès au marché a été nettement facilité, en particulier avec un raccourcissement à 22 jours des délais de démarrage d’une entreprise.
Plus concrètement, le lancement des « projets nationaux » marque un tournant dans la stratégie d’ouverture de l’économie ukrainienne. L’un des plus importants, la construction du terminal de gaz liquéfié (LNG), est déjà en cours d’exécution, avec la mise en chantier d’un pipeline dans la région d’Odessa qui permettra au système énergétique ukrainien de recevoir, à l’horizon de 2018, 10 millions de m3 de gaz.
D’autres grands projets susceptibles d’intéresser les entreprises françaises dans les domaines environnementaux ou les transports, devraient prochainement se mettre en place comme « Clean city » pour le traitement des déchets (avec une enveloppe d’investissement prévue de 620 millions de dollars) ou « Air Express » pour la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) destinée à relier Kyiv à l’aéroport international de Borispol.
Classée au 6ème rang des investisseurs étrangers, la France détient en Ukraine un stock d’investissement direct de 2,3 milliards d’euros. Une présence particulièrement marquée dans le secteur bancaire avec BNP-Paribas (UkrSibbank), Crédit Agricole (Index Bank et Crédit Agricole CIB Ukraine), la Société Générale qui a notamment acquis en 2008 IkarBank, et la Banque Populaire.
L’agro-alimentaire constitue l’autre secteur phare de l’implantation des entreprises françaises sur lequel elles arrivent en 4ème position, avec 7,8% de parts de marché, pour un chiffre d’affaires de 6,9 millions en 2011, selon les données du Global Trade Atlas. En amont de cette filière, les fameuses « terres noires » ukrainiennes ont également attiré le groupe Agrogénération sur lesquelles il cultive 51 000 ha qui produisent du blé, de l’orge et du maïs.
Plus récemment, la présence économique de la France en Ukraine semble être entrée dans une nouvelle dynamique de renforcement. Début 2012, le groupe Lafarge a ainsi annoncé son intention d’investir 2,2 millions d’euros pour la mise en place d’une nouvelle ligne de production dans la cimenterie Mykolaivcement, dans la région de Lviv. De son côté, le groupe Air Liquide a investi 100 millions d’euros dans la construction d’une usine de production de gaz dans l’aciérie Yenakieve du groupe Metinvest, dans la région de Donetsk. Dans la distribution, le groupe Auchan, déjà bien implanté, serait, selon le magazine Kommersant-Ukraine, en train d’accélérer son expansion avec pour objectif d’ouvrir une dizaine d’hypermarchés supplémentaires, dont les deux premiers de cette nouvelle série, à Kyiv dès 2014. Enfin, la banque d’investissement française Lazard Frères a signé un document de partenariat avec M. Vladislav Kaskiv, Président de l’Agence d’Etat pour les investissements et les projets nationaux, à l’occasion de sa visite à Paris.
Restées absentes des grands chantiers de l’Euro 2012, les entreprises de l’Hexagone disposent encore de larges marges de progression pour se développer sur le marché ukrainien. A condition néanmoins de saisir les opportunités dès à présent. Si elle est porteuse de nouveaux avantages pour les échanges commerciaux avec l’Ukraine, la perspective d’une zone de libre-échange avec l’UE, prévue dans l’accord d’association paraphé en mars 2012, promet aussi d’accentuer la compétition sur ce marché émergent.     CH

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