Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Ukraine
 

La présidence de l’OSCE en 2013 : symbole de la nouvelle Ukraine

Par M. Kostyantyn Gryshchenko,
Ministre des Affaires étrangères d’Ukraine

Je tiens tout d’abord à saisir cette occasion pour saluer les lecteurs de la revue « La Lettre Diplomatique » et à exprimer ma reconnaissance à l’égard de cette publication pour consacrer un dossier à mon pays, l’Ukraine.
Ce dossier constituera un outil efficace pour mieux faire découvrir l’Ukraine, en présentant une image succincte et globale de sa situation actuelle. Il permettra de s’informer sur les questions de politique intérieure et extérieure ukrainienne, mais également sur les opportunités de la coopération en matière économique, commerciale et d’investissement. Enfin, il vous ouvrira une fenêtre pour vous faire une idée, tout au moins partielle, de la richesse culturelle de l’Ukraine et de ses charmes touristiques.
Je fais le vœu que ce dossier de « La Lettre Diplomatique » soit, pour vous, non seulement intéressant, mais également objectif, grâce notamment aux intervenants ukrainiens et français qui évoqueront ici leur vision de l’Ukraine et de la coopération franco-ukrainienne.
La possibilité de présenter notre pays dans une publication française est très importante pour nous, Ukrainiens. L’histoire a fait de la France l’un des pays fondateurs de la civilisation européenne et mondiale moderne. De ce fait, la culture française fait partie intégrante de la personnalité de chaque Ukrainien. Malheureusement, la plupart des Français savent peu de choses sur l’Ukraine, pays qui a pris sa place sur la scène internationale en tant qu’Etat indépendant depuis seulement 21 ans. Très souvent, d’ailleurs, les connaissances des étrangers sur notre pays se limitent à des stéréotypes éloignés de la vérité et dépassés qui datent de l’époque de l’Union soviétique.
Nous sommes donc confrontés à une situation paradoxale : si le Rideau de fer est tombé depuis bien longtemps, psychologiquement, il continue de séparer l’Ukraine de l’Europe dans la conscience de beaucoup d’Européens, y compris de certains hommes politiques. Aussi me semble-t-il qu’un pays se situant au centre de l’Europe soit toujours contraint de prouver aux Européens son identité européenne.
Pourtant, c’est cette identité européenne qui définit l’essence de la politique étrangère de l’Ukraine et, pour une grande part, sa politique intérieure. Notre objectif stratégique est, en effet, de devenir membre de plein droit de l’Union européenne. A cet égard, il ne résulte pas d’une décision arbitraire des milieux dirigeants de notre pays. Soutenu par la majorité du peuple ukrainien, il constitue l’un des idéaux fédérateurs de notre société, qui l’incite à se développer et à progresser.
Nous ne sommes pas seuls sur ce chemin vers l’Europe. L’Ukraine est en contact étroit et constant avec Bruxelles et tous les Etats membres de l’Union européenne. Il est inutile de souligner que parmi ceux-ci, la France occupe une place essentielle pour nous.
Le Président Viktor Ianoukovitch et son équipe politique, au pouvoir depuis plus de deux ans, ont donné au processus d’intégration européenne une nouvelle dimension pragmatique. Pour la première fois nous avons lié ce volet de notre politique étrangère à un travail intérieur minutieux. Avec le concours de l’Union européenne et conformément aux standards européens, nous avons engagé des réformes d’ampleur dans les domaines politique, administratif, économique et social. À présent, nous sommes, en quelque sorte, en train de construire l’Union européenne à l’intérieur de l’Ukraine, pour en devenir, demain, partie intégrante.
Nos efforts en vue du rapprochement avec l’Union européenne commencent enfin à donner des résultats palpables. En mars 2012, l’Accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne a été paraphé, mettant fin à cinq ans de négociations. La création d’une zone de libre-échange complète et approfondie que prévoit cet accord revêt pour nous une grande importance. En outre, l’Ukraine et l’Union européenne ont signé en juillet 2012 les amendements à l’accord sur la libéralisation du régime de visas pour les scientifiques, les journalistes et les personnalités publiques ukrainiennes. Sur ce plan, notre objectif final  reste celui de donner à l’ensemble des citoyens ukrainiens la possibilité de voyager dans l’Union européenne sans visa, comme le font depuis longtemps les citoyens européens qui se rendent en Ukraine.
Au nombre des réussites de l’Ukraine sur la scène européenne, je voudrais également mentionner les trois mandats uniques qu’elle a eus et aura à assumer, et qui lui confèrent désormais un  rôle clé au sein des organisations internationales en Europe.
En effet, nous avons présidé avec succès le Comité des ministres du Conseil de l’Europe. Cette année, nous assurons la présidence de l’Initiative centre-européenne. Mais notre devoir principal nous attend en 2013 quand l’Ukraine présidera l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la plus grande organisation régionale de sécurité dans le monde qui regroupe 56 pays d’Europe, du Caucase, d’Asie centrale et d’Amérique du Nord.
Nous nous préparons à cette mission avec la plus grande responsabilité. Pour nous, elle constitue l’occasion d’apporter notre contribution à la consolidation de la sécurité, de la démocratie et de la coopération au sein de cet immense espace qui s’étend « de Vancouver à Vladivostok ». Elle représente également une opportunité unique d’affirmer la place de l’Ukraine parmi les pays démocratiques européens aspirant, à juste titre, à intégrer l’Union européenne.
Il est crucial, à nos yeux, de contribuer à la création de cet espace de confiance et de paix sans lignes de division, ni conflits ou sphères d’influence, où il ne peut exister différents niveaux de sécurité. Nous allons ainsi promouvoir l’ouverture et le dialogue dans les domaines politique et militaire. Une autre de nos priorités est d’oeuvrer à la résolution définitive des conflits gelés, parmi lesquels le conflit en Transnistrie dont le règlement doit être trouvé dans le cadre du format « 5+2 ».
L’attention de l’Ukraine se portera également sur la lutte contre les menaces transnationales, comme le terrorisme et le trafic de drogues.
Sur le plan économique et environnemental, nous considérons comme une priorité la sécurité et l’efficacité énergétiques, ainsi que la diminution de l’impact négatif du secteur de l’énergie sur l’environnement.
Dans les domaines humanitaire et démocratique, qui constituent le pivot de l’action de l’OSCE, l’Ukraine déploiera ses efforts pour la liberté de la presse, la lutte contre le trafic des êtres humains, l’éducation de la jeunesse selon les principes de tolérance et de non-discrimination, la protection des droits de l’homme dans le domaine de la cybersécurité et la promotion de l’égalité des sexes.
Je suis persuadé que la publication de ce dossier dans « La Lettre diplomatique » suscitera le vif intérêt des lecteurs à l’égard de l’Ukraine, qu’il les incitera à s’informer davantage sur ses réalités et, peut-être même, à entamer une coopération avec leurs partenaires ukrainiens.
Le meilleur moyen de découvrir l’Ukraine pour ce qu’elle est, c’est-à-dire un véritable pays européen, reste de la visiter, comme l’ont fait les centaines de milliers de visiteurs de l’Euro 2012. Soyez donc les bienvenus !   

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