Par M. Michel Delebarre, Ancien Ministre d’État, Sénateur-Maire de Dunkerque, Président de la Communauté urbaine de Dunkerque, Président de Cités Unies France
Les Troisièmes rencontres franco-japonaises de la coopération décentralisée viennent de se tenir à Chartres, du 27 au 31 août 2012. S’inscrivant dans la continuité des précédentes rencontres (Nancy en 2008, qui ont célébré le 150ème anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux nations et Kanazawa, en 2010), cet événement a permis aux collectivités de nos deux pays de se retrouver, de partager leurs idées et de discuter des perspectives pour la coopération décentralisée franco-japonaise. À chaque nouvelle édition, nous constatons la vitalité et le dynamisme de cette coopération. La présence nombreuse des collectivités françaises et japonaises en témoigne. L’association que j’ai l’honneur de présider, Cités Unies France, fédère et accompagne les collectivités françaises engagées dans l’action internationale. L’ampleur croissante de l’engagement des collectivités françaises au Japon a abouti, en novembre 2011, à la création en son sein, d’un « groupe-pays Japon ». Cet espace de mutualisation et d’échange est présidé par M. Jean-Michel Berlemont, Adjoint au Maire de la Ville de Nancy, et reçoit le soutien du Ministère des Affaires étrangères français et de son homologue au Japon. Près de 100 collectivités participent aujourd’hui à ses activités intenses. En moins d’un an, plusieurs projets importants ont vu le jour, notamment en réaction à l’actualité du pays. À la suite du tremblement de terre qui a frappé le Japon, le 11 mars 2011, les collectivités territoriales françaises se sont mobilisées pour venir en aide aux collectivités japonaises. L’ampleur de cette catastrophe a été telle que Cités Unies France a ouvert, à la demande de ses adhérents, un fonds d’urgence. L’argent recueilli est destiné aux collectivités japonaises sinistrées. Le Centre japonais des Collectivités locales (CLAIR) nous a aidé à distribuer la première partie de ce fonds aux collectivités les plus sinistrées de la région de Fukushima. Il est toujours actif et les collectivités françaises continuent à l’alimenter pour la reconstruction à long terme. Cette catastrophe naturelle et nucléaire a montré au monde entier le courage et la résilience du peuple japonais face aux situations extrêmes. Aujourd’hui, les collectivités françaises peuvent témoigner de l’efficacité avec laquelle leurs interlocuteurs se sont relevés et de leurs efforts pour reconstruire le pays. Cités Unies France a d’ailleurs organisé, en janvier 2012, une mission dans la région sinistrée de Fukushima pour les élus des communes, des régions et des départements français concernés par le nucléaire. L’objectif de cette mission était d’informer ces élus sur les conséquences et la gestion de la catastrophe, mais aussi de manifester au peuple japonais la solidarité des collectivités françaises. Cela a été possible grâce au soutien du CLAIR et de l’Ambassade de France au Japon. Le groupe-pays de Cités Unies France s’intéresse également aux relations culturelles franco-japonaises et s’inquiète du sort de la « Villa Kujoyama ». Située sur une colline de la ville de Kyoto et inaugurée en 1992, cette villa a pour objectif d’accueillir des créateurs, artistes et chercheurs qui souhaitent développer un projet s’inscrivant dans la réalité japonaise. C’est une des plus prestigieuses résidences d’artistes françaises à l’étranger. C’est aussi un lieu qui perpétue la démarche de Paul Claudel qui avait pressenti l’importance des questions culturelles dans la relation diplomatique franco-japonaise lorsqu’il était le Consul de France à Kyoto, dans les années 1920. L’Association des Centres culturels de Rencontres (ACCR) et Cités Unies France ont répondu à l’appel à projets lancé par l’Institut Français. Le projet, qui doit être viable économiquement et culturellement, a été déposé le 25 juin 2012. Depuis plus de 20 ans, près de 255 artistes y ont séjourné et, pour la plupart d’entre eux, cette expérience fait partie de leurs souvenirs les plus forts. Certains, devenus célèbres, sont prêts à participer au projet aujourd’hui. D’une manière plus générale, je voudrais m’arrêter un moment sur l’importance, pour l’ensemble de la coopération décentralisée française, de cette relation franco-japonaise implique tous les niveaux de collectivités françaises : conseils régionaux, conseils généraux, communes et intercommunalités. La France et le Japon sont des pays qui ont beaucoup de points en commun, qui peuvent se parler sur un pied d’égalité, et leurs collectivités locales ont su créer des rapports extrêmement riches. Au-delà de la découverte passionnante de deux civilisations très différentes, nos élus français et japonais ont rapidement su trouver des sujets de dialogue, des possibilités d’échanges d’expérience. Ils ont compris qu’ils pouvaient chercher ensemble des solutions communes à des problèmes communs. Nous ne sommes pas dans la coopération de développement traditionnelle, où nous pensons apporter des solutions à nos partenaires ; nous sommes dans un échange constructif comme le feraient des collectivités françaises partageant entre elles les meilleures pratiques sur des questions d’ordre social, économique ou concernant l’aménagement du territoire : petite enfance, vieillissement démographique, lutte contre la délocalisation des emplois… Les liens exemplaires qui existent entre les collectivités françaises et japonaises sont un modèle de ce que peuvent et doivent apporter ces mises en réseau de collectivités. C’est pourquoi nous sommes d’ores et déjà impliqués dans la préparation des 4ème Rencontres qui seront accueillies par la ville de Takamatsu, au Japon, en 2014. |