Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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Aéronautique et espace : deux secteurs phares de la coopération économique franco-japonaise

En effectuant à Tokyo, en juillet 2012, sa première visite en Asie, le Ministre des Affaires étrangères et européennes, M. Laurent Fabius, a voulu envoyer un signe fort du « caractère exceptionnel » que l’exécutif français entend donner à la relation franco-japonaise. Au-delà du dialogue stratégique sur les questions politiques, cette volonté de relance de la coopération entre les deux pays vise à imprimer un nouvel élan à leurs liens économiques. Un objectif qui pourrait ouvrir de nouveaux horizons dans les secteurs de l’aéronautique et de l’espace, y compris en matière de défense et de sécurité.

Au cours de son premier déplacement au Japon, le chef de la diplomatie française s’est fait l’avocat du constructeur aéronautique européen Airbus. Le marché japonais est en effet dominé à 95% par son concurrent américain Boeing. Si les deux grandes compagnies aériennes nippones, Japan Airlines et All Nippon Airways restent encore insensibles aux sirènes de la filiale d’EADS, celle-ci n’a toutefois pas l’intention de rester les bras croisés. En 2011, Airbus a confirmé une percée sans précédent, en obtenant une commande de la compagnie Skymark Airlines pour six très gros porteurs A380. De son côté, la plus jeune compagnie aérienne low cost du Japon, Air Asia, a fait le choix d’Airbus, avec deux A-320, pour démarrer ses vols commerciaux en août 2012. Dans le domaine des avions de transport régionaux, ATR a su tirer parti de l’essor du secteur aérien japonais. Pour préparer le lancement de ses activités, la compagnie nippone Link a opté pour trois ATR 72-600 (en location) qui lui seront livrés fin 2013. Une première pour le constructeur franco-italien, puisque, selon ses termes, le Japon « est l’un des derniers pays du continent asiatique où les ATR n’avaient pas encore volé »
Pour consolider son attractivité au Japon, Airbus peut s’inspirer d’une autre filiale du consortium européen EADS. Près de soixante ans après le développement de ses liens de coopération avec l’archipel, Eurocopter peut se targuer de détenir plus de la moitié des parts de marché dans le secteur civil et parapublic. Alors qu’il a inauguré en mai 2012 un nouveau site de maintenance au sein de l’aéroport de Kobé, le Tokyo Fire Department a confirmé en juillet 2012 sa préférence pour l’EC225 dans le cadre de ses missions de lutte contre les incendies. Cette commande, prévue pour être honorée en 2013, fait suite à l’acquisition d’un hélicoptère de même classe après le Grand séisme du nord-est du Japon.
Si Eurocopter équipe les forces d’autodéfense terrestres avec trois EC225 VIP et les forces d’autodéfense navales d’une flotte d’hélicoptères de formation de type EC135, le secteur militaire japonais lui reste encore relativement fermé, tout comme aux autres leaders européens de l’industrie de l’armement. Toutefois, la perspective d’un partenariat stratégique entre la France et le Japon pourrait ouvrir de nouvelles opportunités de coopération, d’autant que le gouvernement japonais entend maintenir son effort d’investissement dans ce domaine. La proposition de budget de défense 2013 prévoit en effet d’accroître les capacités de « surveillance, de patrouille maritime, de défense aérienne et de défense contre les missiles balistiques ». Pour les forces d’autodéfense maritimes, il s’agit d’accroître ses capacités de surveillance aérienne, ce qui pourrait représenter une nouvelle occasion pour la firme Dassault Aviation qui mettait en avant son Falcon 2000 MRA (Maritime Reconnaissance Aircraft) lors de l’édition 2012 du salon Euronaval au parc des expositions de Paris Le Bourget. Pour les forces d’autodéfense aériennes (JASDF), tout l’enjeu consiste à moderniser ses capacités de combat. De ce point de vue, le Japon est pour l’heure resté fidèle à son partenariat traditionnel avec les Etats-Unis, en sélectionnant le bombardier F-35 Lightning II JSF de Lockheed Martin, au détriment du Typhoon européen Eurofighter.
Le secteur aérospatial constitue un autre domaine clé dans lequel la France souhaiterait voir sa coopération progresser avec le Japon. Or, des avancées positives récentes témoignent du potentiel d’approfondissement des liens de coopération sur ce plan. En matière expérimentale, le CNES (Centre national d’Études spatiales) et le NICT (National Institute of Information and Communications Technology) ont signé le 12 novembre 2012 un accord-cadre de coopération sur les technologies de traitement et de transmission des informations. En 2011, la filiale d’EADS dédiée aux systèmes et services spatiaux, Astrium Services, avait aussi conclu un premier accord donnant à la firme japonaise Pasco Corportation un accès aux images à très haute résolution fournies par la constellation de satellites Pléiades. Au plan commercial, Arianespace demeure, 26 ans après l’ouverture de son bureau à Tokyo, un partenaire majeur du Japon, dont il a mis en orbite un 27ème satellite (le JCSAT-13 destiné à fournir des services de télévision directe) le 16 mai 2012.
En dépit de ces succès et de la volonté de la France et du Japon de bâtir un partenariat stratégique, l’intensification des liens économiques entre les deux pays devrait toutefois dépendre davantage de l’aboutissement d’un projet plus large qui les dépasse : celui d’un accord de libre-échange entre l’archipel et l’Union européenne.    CH

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