Par S.E.M. Kojiro Shiojiri, Ambassadeur du Japon auprès de l’ Union européenne
Le Japon a toujours contribué aux efforts visant à bâtir un monde pacifique et prospère étayé par des valeurs universelles telles que la démocratie, l’État de droit et les droits fondamentaux de l’homme. Pourtant, il semble que notre avenir soit loin d’être certain. Le nouveau dynamisme engendré par la multipolarisation du monde, les progrès révolutionnaires accomplis dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, et les périodes de ralentissement économique qui menacent les économies avancées, sont des facteurs qui ont le potentiel de transformer radicalement le monde dans lequel nous vivons. En raison de cette incertitude, il devient d’autant plus important que le Japon continue à assumer de manière active ses responsabilités sur la scène internationale, et en particulier à coopérer avec l’Union européenne (UE), notre partenaire naturel avec lequel nous partageons les mêmes idées. Le Japon ainsi que l’UE croient en des valeurs telles que la démocratie, l’État de droit et les droits fondamentaux de l’homme, et maintiennent fermement leurs engagements envers ces valeurs. Nous partageons également une nature commune à être des « puissances douces » Ces points communs expliquent pourquoi le Japon et l’UE ont commencé à coopérer sur des questions internationales de manière naturelle et spontanée. Je voudrais illustrer cela en vous donnant quelques exemples concrets: Au Moyen-Orient et en Afrique, le Japon et l’UE continuent à soutenir les efforts de démocratisation et de réforme à travers leurs instruments d’aide au développement ; la diminution de la pauvreté dans la région étant notre priorité commune. – Au large des côtes de la Somalie, les navires et les avions japonais opèrent en étroite collaboration avec la Force navale de l’UE (EU NAVFOR) dans la lutte contre la piraterie. En Afghanistan, le Japon et l’UE ont mis l’accent sur le renforcement des capacités de la police afghane. De même, nous travaillons conjointement sur le développement des capacités de contrôle des frontières entre l’Afghanistan et l’Asie centrale. Enfin, nous partageons, sans qu’il y ait de consultation préalable nécessaire, la position la plus proche parmi les pays industrialisés concernant le défi du changement climatique. Dans un monde où l’importance de la « puissance douce » semble devenir de plus en plus pertinente, l’expérience et l’expertise de l’UE et du Japon pour rechercher des solutions pacifiques sans avoir recours à la force constituent un atout de premier plan. C’est la raison pour laquelle il est déterminant que nous élargissions notre coopération en vue de relever, avec efficacité, nos défis communs. À cet égard, l’accord sur lequel nous travaillons parallèlement aux discussions sur les accords de partenariat économique (APE), et qui couvre la coopération dans le domaine politique, mondial et sectoriel, s’avère extrêmement important car il apporterait un socle juridique solide sur lequel le Japon et l’UE pourront renforcer dans une large mesure leurs relations de coopération. Sur le plan économique, Japon et UE font face au double défi d’augmenter la croissance économique, tout en résolvant la question de la dette publique. En raison de leur position parmi les économies les plus dominantes et influentes dans le monde, tout frein à leur croissance est susceptible d’entraîner de graves répercussions au-delà de nos frontières. Dans ce contexte, l’APE Japon-UE jouera un rôle central. Un succès de l’APE permettrait non seulement d’augmenter le volume du commerce bilatéral, mais il « ouvrirait » également à la fois dans le pays et le marché, pour générer une nouvelle dynamique qui rendra nos économies plus innovantes, compétitives et durables. Cela aidera à stimuler une croissance économique qui en a désespérément besoin, tout en créant des emplois. En outre, par la conclusion d’un accord de la plus haute qualité, nous serions en mesure de donner l’exemple aux économies émergentes. Par conséquent, il ne s’agit pas seulement de nous rendre plus prospères, mais aussi d’assumer notre responsabilité mondiale. Nous ne devons pas oublier que nos relations bilatérales ne se limitent pas aux décideurs politiques dans les capitales européennes et à Tokyo. Une relation de confiance et de compréhension mutuelle entre les peuples japonais et les citoyens européens est essentielle au maintien de relations solides et résistantes. La vague de soutien qui a été manifestée à l’égard du Japon par des gens de l’Europe entière après le tremblement de terre dans la région de Tohoku, constitue à cet égard un témoignage clair de la solidarité qui sous-tend l’ensemble de nos relations. Malgré ces accomplissements, il ne fait aucun doute que bien davantage reste à accomplir. Nous devrions être, et pouvons d’ailleurs être, plus ambitieux en ce qui concerne le renforcement de nos relations. Dans cette optique, je crois fermement en notre capacité à surmonter toutes les questions, y compris les plus difficiles, pour hisser nos relations à un niveau supérieur. |