Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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France – Japon : une relation plus que jamais indispensable

Par S.E.M. Christian Masset,
Ambassadeur de France au Japon

La relation entre la France et le Japon est ancienne et profonde, elle remonte au traité d’amitié de 1858. Aujourd’hui, la mondialisation lui donne une dimension nouvelle : nos deux pays sont confrontés à une redistribution des cartes, à une crise économique et financière qui affecte l’ensemble de la planète et à de nouveaux défis comme la rareté des ressources naturelles. La France et le Japon aspirent tous deux à une mondialisation mieux maîtrisée et plus solidaire. Ils sont des acteurs importants dans leurs régions respectives, et partagent des responsabilités mondiales qu’ils exercent notamment au sein du G8, du G20 et du système des Nations unies.
Le Président de la République et le Ministre des Affaires étrangères ont signalé d’emblée l’importance qu’ils attachent au renforcement de la relation avec le Japon, grande démocratie et troisième économie du monde. M. Fabius et son homologue, M. Gemba, se sont accordés pour travailler sur une feuille de route visant l’approfondissement de notre coopération.
Il s’agit tout d’abord d’exprimer notre communauté de valeurs. Le Japon est la plus ancienne démocratie d’Asie. Nous avons le même attachement aux droits de l’Homme et à l’État de droit et la même perception des questions de sécurité et de non-prolifération. Nous avons le même engagement vis-à-vis du système des Nations unies, dont nous souhaitons améliorer l’efficacité. Nous travaillons ensemble dans le golfe d’Aden contre la piraterie maritime, en Afghanistan où nous renforçons notre coopération civile et dans tous les pays où les droits de l’Homme et la dignité sont ignorés comme en Syrie. La Corée du Nord est une préoccupation commune.
Sur les questions globales, nous coopérons activement. Le sommet Rio+20 a montré nos convergences, notamment en vue de l’établissement d’objectifs de développement durable. L’Agence française de Développement (AFD) et la Japan International Cooperation Agency (JICA) travaillent déjà ensemble en Indonésie (forêts), au Kenya (géothermie) et au Vietnam. La France et le Japon sont également particulièrement actifs dans le cadre du partenariat de Deauville sur les printemps arabes.
Cette communauté de valeurs est couplée à une convergence d’intérêts sur des questions essentielles comme la stabilité financière, l’énergie et l’innovation. La France est au cœur de la zone euro, et le Japon, grand pays créditeur, joue lui aussi un rôle très important. Le Japon comme la France ont œuvré pour donner au Fonds monétaire international (FMI) les ressources additionnelles nécessaires pour répondre à la crise financière. Nous travaillons de concert sur la lutte contre la spéculation, les règles prudentielles et la transparence.
L’énergie est un autre grand domaine de coopération. Nos deux pays sont dépourvus de ressources fossiles et entament une transition énergétique. Nous promouvons ensemble le plus haut niveau de sûreté dans l’utilisation du nucléaire civil. Celle-ci fait l’objet d’une coopération étendue qui garde toute sa pertinence à la lumière de la nouvelle politique japonaise en la matière. Il s’agit aussi de développer nos partenariats sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, à l’exemple de ce que font ensemble l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et son homologue japonaise la NEDO (New Energy and Industrial Technology Development Organization). Les partenariats entre investisseurs français et japonais en pays tiers, sur l’exploration et l’exploitation de ressources hydrocarbures qui sont déjà une réalité (par exemple en Indonésie et en Australie) sont appelés à se développer.
Les courants d’affaires entre le Japon et la France sont solides et en croissance. Nos échanges commerciaux, qui représentent plus de 16 milliards d’euros par an, se diversifient. Notre premier poste d’exportation vers le Japon est représenté désormais par la pharmacie et les vaccins, tandis que la chimie et l’aéronautique voient leur part s’accroître. La présence d’entreprises est singulièrement importante de part et d’autre, avec plus de 400 entreprises, employant plus de 60 000 personnes dans chaque pays. La France et le Japon sont deux pays de haute technologie. Nous assistons à un fort développement de projets conjoints entre centres de recherche, universités et entreprises, dans des domaines aussi variés que la robotique, les nanotechnologies, l’informatique ou le photovoltaïque. L’énergie et la santé sont des domaines prioritaires.
Je voudrais terminer par la culture qui est une composante essentielle de notre histoire commune et alimente cette curiosité si particulière de l’un pour l’autre, ce que Paul Claudel appelait « une sympathie instinctive », qui s’est exprimée avec tant de force après le séisme du 11 mars 2011. 2014 marquera les 90 ans des relations culturelles qui ont débuté avec l’établissement de la Maison franco-japonaise à Tokyo. Nous avons créé cette année l’Institut français du Japon, qui permet de rénover et de mutualiser notre action sur l’ensemble du territoire japonais, et la Ministre déléguée aux Français de l’étranger vient d’inaugurer le nouveau lycée français international de Tokyo. Tout cela montre que la France, plus que jamais, fait le pari du Japon.   

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