Par S.E.M. Michael Worbs, Ambassadeur, Délégué permanent de l’Allemagne auprès de l’UNESCO
Depuis le mois d’août 2012, j’occupe les fonctions d’ambassadeur et chef de la Délégation permanente de la République fédérale d’Allemagne auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris. Sur le large spectre des missions de l’UNESCO, la Délégation permanente constitue un trait d’union entre le gouvernement allemand et le secrétariat de l’UNESCO, ainsi que les 194 autres délégations de l’UNESCO. Parmi les principales missions de la Délégation permanente figure tout d’abord la représentation de l’Allemagne lors des réunions périodiques des organes directeurs de l’UNESCO : la Conférence générale, qui a lieu tous les deux ans, et le Conseil exécutif, qui se réunit deux fois par an. Membre du Conseil exécutif de 2007 à 2011, l’Allemagne a pu concourir activement à l’élaboration des programmes de l’UNESCO. Lors de la prochaine Conférence générale en novembre 2013, l’Allemagne se portera à nouveau candidate à un siège au sein du Conseil exécutif. La Délégation permanente participe en outre aux nombreux débats et conférences internationaux consacrés aux multiples thèmes de travail de l’UNESCO, qui vont de la lutte contre l’analphabétisme au débat sur les grandes questions de bioéthique. La Délégation permanente bénéficie fréquemment du soutien d’experts allemands issus des ministères fédéraux, de la Commission allemande pour l’UNESCO ou encore d’établissements universitaires ou de recherche. Parallèlement aux réunions et conférences, la Délégation permanente s’implique également dans le travail de l’UNESCO en programmant ses propres événements. À l’occasion de la Journée internationale de la femme le 8 mars 2012, elle a organisé aux côtés de l’UNESCO et de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) un colloque consacré à la lutte contre la traite des femmes et des filles. Le 27 avril 2012, elle a promu la Journée internationale du jazz, célébrée pour la première fois par l’UNESCO, en invitant le célèbre musicien de jazz allemand Klaus Doldinger, et en proposant une table ronde sur le rôle du jazz dans la transition pacifique en Europe de l’Est. La Délégation permanente continuera de soutenir le travail de l’UNESCO en 2013, grâce à une nouvelle série de manifestations. En février 2013, elle présentera une exposition sur la vie et l’œuvre de l’écrivain allemand et prix Nobel de littérature Hermann Hesse à l’occasion du 50ème anniversaire de sa mort. Aux côtés du ministère fédéral de l’Intérieur, la Délégation permanente prépare également la Conférence internationale des ministres et hauts fonctionnaires responsables de l’éducation physique et du sport, qui se tiendra en mars 2013 à Berlin et réunira plus de 500 ministres et spécialistes du sport qui débattront du rôle du sport pour tous et de l’éducation physique.
L’engagement de l’Allemagne au sein de l’UNESCO Sous-organisation autonome des Nations unies, l’UNESCO s’est fixée pour objectif de contribuer à préserver la paix et la sécurité en promouvant la coopération entre les peuples dans les domaines de l’éducation, de la science, de la culture et de la communication. Troisième contributeur de l’UNESCO (et même deuxième depuis que les États-Unis ont suspendu leurs contributions suite à l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO en 2011), l’Allemagne y prend une part active. Dans son action concrète, l’Allemagne accorde une importance prioritaire à l’éducation, la science et la culture. Elle accueille à Hambourg le siège de l’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) ainsi que le Centre international pour l’enseignement et la formation techniques et professionnels (UNEVOC), implanté à Bonn. C’est également à Bonn que s’est tenue en 2009, à l’occasion de l’examen à mi-parcours de la Décennie des Nations unies pour l’éducation en vue du développement durable, une grande conférence internationale qui, dans un contexte de nouveaux défis tels que le changement climatique et les catastrophes écologiques mondiales, a permis de mettre en évidence l’importance de l’éducation pour le développement durable. Je suis heureux que cette contribution de l’UNESCO ait été explicitement reconnue lors de la Conférence mondiale des Nations unies sur le développement durable à Rio en juin 2012. Par ailleurs, l’Allemagne s’implique dans les réseaux internationaux de l’UNESCO avec ses quelque 200 écoles associées de l’UNESCO, ses six Comités nationaux et ses neuf chaires UNESCO. Ces réseaux œuvrent remarquablement en faveur du transfert mondial des savoirs. Dans le domaine des sciences, l’Allemagne porte un vif intérêt au programme de l’UNESCO sur l’Homme et la biosphère (MAB). Ce projet, dont le 40ème anniversaire a été célébré à Dresde en juin 2011, incarne de manière exemplaire l’idée d’une exploitation économe et durable des ressources environnementales ainsi que des habitats particulièrement sensibles. L’Allemagne compte actuellement 15 réserves de biosphère au sein du réseau mondial de l’UNESCO. Depuis 2011, l’Allemagne est membre du comité intergouvernemental de la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel visant à sauvegarder, pour les prochaines générations, les monuments, villes et paysages d’exception. Avec ses 37 sites classés au Patrimoine mondial, l’Allemagne témoigne de son fort engagement en faveur de la conservation des sites culturels et naturels de grande valeur. Comptant parmi les États les mieux représentés sur la liste du Patrimoine mondial, qui recense à ce jour 936 sites, l’Allemagne se consacre en priorité, au sein du comité, à la protection des sites déjà inscrits sur la liste. Disposant de deux chaires UNESCO dédiées au patrimoine mondial aux universités de Cottbus et d’Aix-la-Chapelle, l’Allemagne joue également un rôle de relais dans la coopération scientifique internationale sur le patrimoine mondial. Une autre convention culturelle de l’UNESCO a fait l’objet d’une action de soutien franco-allemande, inscrite dans la déclaration commune effectuée à l’occasion du 40ème anniversaire du Traité de l’Élysée le 22 janvier 2003 : la France et l’Allemagne ont en effet exprimé le souhait qu’une Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles voie le jour cette année-là. La Conférence générale de l’UNESCO l’a de fait adoptée dès le 20 octobre 2005. L’Allemagne y a adhéré le 12 mars 2007 et la France, dès le 18 décembre 2006.
Ma vision de l’UNESCO Le 10 octobre 2012, la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, a remis au Ministre allemand des Affaires étrangères, M. Guido Westerwelle, l’acte d’inscription au registre de l’UNESCO « Mémoire du monde » de quinze documents sur la construction et la chute du Mur de Berlin. La cérémonie officielle qui s’est déroulée à Berlin a réuni d’importants témoins historiques tels l’ancien Ministre fédéral des Affaires étrangères, M. Hans-Dietrich Genscher, ainsi que le dernier Premier Ministre de la RDA, M. Lothar de Maizière. Cet événement symbolise pour moi pleinement la vocation universelle de l’UNESCO, qui reste inchangée depuis sa création il y a plus de 65 ans. Garantir la paix, la liberté et la démocratie : tel était le sens de la réunification allemande. Mais cette mission figure également dans le préambule de la constitution de l’UNESCO : « La dignité de l’homme exigeant la diffusion de la culture et l’éducation de tous en vue de la justice, de la liberté et de la paix, il y a là, pour toutes les nations, des devoirs sacrés à remplir dans un esprit de mutuelle assistance. » Telle est à mes yeux la vocation de l’UNESCO. |