Entretien avec M. Peter Guenter, Senior Vice-President Global Operations Europe Sanofi
La Lettre Diplomatique : Se classant parmi les premiers groupes pharmaceutiques mondiaux, le groupe Sanofi est considéré comme l’une des réussites les plus emblématiques des complémentarités économiques de la France et de l’Allemagne. Comment décririez-vous plus précisément la place qu’occupe Sanofi dans l’évolution récente des liens entre les économies des deux pays ?
M. Peter Guenter : Ce lien entre la France et l’Allemagne est une réalité pour notre groupe. Sanofi est le résultat de la fusion, en 2004, du français Sanofi-Synthélabo avec l’allemand Aventis. Il s’agissait, pour Sanofi, de réaliser une opération de croissance externe afin de créer des effets de synergies source d’innovation, de croissance et de compétitivité. Cette stratégie a montré son efficacité et a permis de faire de Sanofi la 1ère entreprise pharmaceutique en Europe. Avec de telles position et capacités, notamment européennes, Sanofi peut jouer un rôle essentiel dans la construction d’une filière d’avenir, souhaité dans le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi présenté par le gouvernement français, sur la base du rapport de Louis Gallois. Dans ce pacte, la France reconnaît que la santé et l’économie du vivant font partie des 5 domaines prioritaires pour lesquels la construction d’une filière est porteuse d’espoir économique. Dans cet objectif, le Premier ministre souhaite réunir en 2013 un nouveau Conseil stratégique des industries de santé, afin de renouer le dialogue avec notre industrie. Le but est de faire de la santé un levier de la relance économique de la France, au bénéfice de l’ensemble des pays européens dans lesquels le groupe est implanté. Notamment en Allemagne qui est la deuxième filiale du groupe en Europe.
L.L.D. : La signature du traité de l’Élysée en 1963 a posé les bases du rapprochement franco-allemand en matière industrielle. Quel regard portez-vous sur les politiques industrielles des deux pays ?
P.G.: Aujourd’hui, la politique industrielle de la France vise à encourager le développement de filières industrielles stratégiques et du « Produire en France ». À travers ses 26 sites industriels français, Sanofi contribue positivement à la balance commerciale nationale et européenne. Aujourd’hui, un médicament sur deux et neuf vaccins sur dix fabriqués dans les usines françaises du groupe sont destinés à l’exportation. Au-delà de préserver son ancrage industriel implanté dans les territoires, Sanofi participe activement à la construction d’une filière de haute technologie. Mais il nous faut anticiper la médecine de demain et préparer les mutations industrielles de notre secteur, notamment à travers les biotechnologies. Ainsi, Sanofi s’engage, aux côtés des sociétés de capital-risque, dans le financement des PME innovantes de ce secteur, à l’instar du fonds InnoBio dont Sanofi est l’un des principaux souscripteurs. Dans le même esprit, Sanofi s’est associé au fonds d’amorçage Inserm Transfert Initiative. Car les partenariats entre le secteur public et le secteur privé sont sources de progrès dans les sciences de la vie. En Allemagne, les parlementaires et le gouvernement ont pris conscience de l’importance de la contribution de l’industrie pharmaceutique à l’économie du pays et son rôle clef en termes de croissance, d’innovation et d’exportations. Qu’il s’agisse d’emplois, de savoir-faire ou de taxes, Sanofi est un contributeur majeur à l’économie nationale. À titre d’exemple, le premier médicament du groupe Sanofi, dont les ventes s’élèvent à plus de 3 milliards d’euros à l’échelle mondiale, est produit en Allemagne.
L.L.D. : L’industrie pharmaceutique est l’un des secteurs d’innovation les plus dynamiques en Europe. Comment les programmes de recherche & développement de Sanofi contribuent à la prospérité de l’Europe et, plus particulièrement, de son secteur de la santé ? Dans quels domaines votre groupe prévoit-il de concentrer ses efforts d’innovation à l’avenir ?
P.G.: L’innovation médicale et le progrès thérapeutique sont les garants d’une population en bonne santé et donc active. Cela constitue un facteur économique et social essentiel, tous les chiffres l’attestent, qui s’inscrit au cœur du socle de la croissance européenne. Il est, dès lors, décisif d’assurer le soutien et la reconnaissance de l’innovation par les autorités afin que les entreprises de santé continuent à contribuer à répondre aux besoins médicaux et aux évolutions de la société. Ainsi, notre recherche est avant tout tournée vers le patient en vue de répondre à ses attentes soit en proposant de nouvelles thérapies, soit en contribuant à l’amélioration de sa qualité de vie au regard des solutions existantes. La recherche évolue et pour faire face aux nouveaux défis qui se présentent à nous, nous accentuons nos collaborations avec les écosystèmes scientifiques au sein desquels nous sommes implantés. Cela est tout particulièrement le cas en France et en Allemagne, territoires-clefs dans notre dispositif scientifique international. Le développement de partenariats public-privé joue à cet égard un rôle majeur. Notre engagement, à l’échelle européenne, dans l’Initiative Médicaments Innovants (IMI), dans le projet contre les résistances aux antibiotiques, notre contribution effective au Partenariat européen d’innovation pour un vieillissement actif et en bonne santé ou encore notre participation à l’alliance Aviesan constituent quelques-unes des illustrations de cette démarche. En termes de domaines d’intervention, nous restons extrêmement impliqués dans la recherche en cancérologie, dans le diabète, dans la sclérose en plaques, enjeux de santé publique de tout premier ordre pour l’Europe et ses citoyens. |