Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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Commerzbank veut consolider son implantation en France

Entretien avec M. David Arlettaz,
Directeur Général de Commerzbank France

La Lettre Diplomatique : Monsieur le Directeur Général, l’implantation de Commerzbank en France en 1976 s’est accomplie dans le sillage de la volonté des gouvernements allemand et français d’institutionnaliser la réconciliation entre les deux pays avec la signature du Traité de l’Elysée. Pourriez-vous nous rappeler les grandes étapes du développement de la présence de Commerzbank en France ? Quel sentiment vous inspirent les accomplissements de la coopération franco-allemande, notamment dans le domaine économique et financier ?

M. David Arlettaz : La Commerzbank, contrairement à certaines de ses consœurs allemandes, a bénéficié d’une présence ininterrompue depuis 1976. La stratégie de départ de la banque était d’accompagner les entreprises allemandes en France. Il est intéressant de noter que, 35 ans après, cette stratégie est toujours d’actualité, comme en témoignent les volumes d’échanges commerciaux des deux pays.
Entre-temps, la Commerzbank a aussi développé des relations fortes avec les grands groupes français, et ces relations sont la deuxième « jambe » de notre stratégie en France. En revanche, les financements dits structurés (par exemple le financement de projets), très consommateurs de capital, ne sont plus recherchés. Notons enfin le positionnement unique de Commerzbank sur le financement des exportations grâce à son réseau très étendu de banques correspondantes dans les pays émergents  ; pensé au départ pour aider au financement des exportations du « Mittelstand » allemand, ce réseau sert aussi à notre clientèle exportatrice française, qui trouve chez nous un réseau à l’étranger plus profond que celui même des grandes banques françaises.
La fusion avec la Dresdner Bank en 2009 a marqué un tournant stratégique décisif, permettant à la fois une expansion de la base de clientèle, française comme allemande, mais aussi, grâce à l’intégration des équipes de Banques d’Investissement de Dresdner Kleinwort, un développement de l’offre de produits de banque d’investissement, notamment les financements obligataires publics et privés.

L.L.D. : Deuxième banque allemande, Commerzbank fournit aux entreprises françaises en tant que banque commerciale. Quelles sont ses spécificités ? Comment analysez-vous l’évolution du marché français ?

D.A. : Le marché des entreprises françaises est assez différent de celui des entreprises allemandes car les grandes entreprises françaises sont plus nombreuses, plus grosses et plus diversifiées géographiquement, même si l’Allemagne a aussi ses champions comme BMW ou Siemens. Cependant, la France n’a pas de secteur de très grosses PME – les fameuses entreprises du Mittelstand – qui sont la source du succès des exportations allemandes. Notons aussi la très forte présence de grands groupes français en Allemagne, si importante que certaines filiales de grands groupes français sont de grandes entreprises en leur nom propre en Allemagne (par exemple Alstom). Malgré la volonté politique de développer un tissu de grosses PME « à l’allemande », force est de constater que le marché n’évolue pas vraiment : les grosses entreprises sont toujours plus grosses et les PME françaises restent de petites PME.

L.L.D. : La branche française de Commerzbank s’est fixée pour objectif de doubler ses revenus auprès de ses clients français d’ici 2014. Quelles initiatives sont-elles envisagées dans cette perspective ? Quels vos projets en vue d’accroître votre présence en France ?

D.A. : Nous pensons que le marché français des entreprises faisant affaire en Allemagne et, au-delà, dans les pays de l’Est qui sont aussi la force de la Commerzbank, n’est pas encore totalement mis en valeur. Ces entreprises, souvent installées en province, certaines à actionnariat privé ou familial, ont en général une ou plusieurs banques françaises mais peuvent avoir besoin en plus d’une banque allemande qui puisse servir de « relais » avec leurs activités « à l’Est ». Il s’agit pour nous de démarcher ces entreprises et, pour cela, nous développerons notre force commerciale au fur et à mesure que notre base de clientèle augmentera.

L.L.D. :Mise en difficulté par la crise financière internationale,  Commerzbank multiplie les efforts depuis 2009 pour renforcer ses fonds propres. Quel regard portez-vous sur l’impact de la crise de la dette grecque et du ralentissement de la zone euro sur ses activités ?

D.A. : Commerzbank a renforcé ses fonds propres grâce à une augmentation de capital importante en 2012, ainsi qu’à la réduction de son bilan et, en particulier, la décision stratégique de sortir des financements immobiliers (jusqu’ici développée par le biais de sa filiale Eurohypo). Il y a indéniablement eu un effet « crise grecque », et les incertitudes demeurent quant au redressement de certains pays dits « du Sud ». Néanmoins, les clients français de la Commerzbank sont présents partout et en particulier hors zone Euro, par exemple en Asie. En choisissant de travailler avec des groupes français d’envergure internationale, nous réduisons le risque systémique lié à un défaut de tel ou tel pays.   

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