Il y a 20 ans déjà, La Lettre Diplomatique consacrait un numéro spécial au 30ème anniversaire du traité de l’Elysée et aux relations d’amitié franco-allemandes. Préfacé par de hautes personnalités françaises et allemandes au nombre desquelles, le Président de la République française François Mitterrand, le Ministre des Affaires étrangères Alain Juppé et son homologue allemand Klaus Kinkel, cette édition soulignait l’importance du lien franco-allemand dans le processus de construction européenne. Le Président François Mitterrand rappelait dans son message : « l’avenir de l’Europe dans son ensemble repose d’abord sur l’entente entre l’Allemagne et la France. Aujourd’hui plus que jamais, ce postulat demeure au cœur de toute politique qui se donne comme fins la sécurité, la prospérité et la réunion des Européens dans un ensemble organisé et solidaire ». Il était plus précis encore en disant « l’expérience montre que certaines des coopérations mises en place par la France et l’Allemagne ont eu un effet de levier dans le domaine de la construction européenne » ou bien « Il n’y aura pas d’Europe occidentale harmonieuse sans une Europe orientale apaisée et, au terme de cette longue renaissance, pas d’identité et de présence de l’Europe sur la scène mondiale sans la participation active de tous ses peuples ». Il déclarait enfin : « Le fait que l’amitié franco-allemande soit aujourd’hui ancrée dans les cœurs constitue sans aucun doute le meilleur gage d’un avenir pacifique pour les jeunes générations européennes ». Alain Juppé, alors Ministre des Affaires étrangères insistait à juste titre sur l’exemple que constitue la relation franco-allemande « L’entente entre la France et l’Allemagne est plus nécessaire que jamais. Elle reste le fondement le plus solide de toute avancée vers l’Union européenne dont la réalisation est devenue notre loi commune. Elle fournit un exemple aux autres peuples à la recherche de la réconciliation et de la solidarité. Elle est ouverte à nos partenaires européens ». Tandis que le Ministre allemand des Affaires étrangères de l’époque, Klaus Kinkel, mettait l’accent sur la profondeur des relations bilatérales et leurs enjeux fondamentaux : « La coopération et l’amitié franco-allemandes sont un appel vivant pour que le nationalisme, la xénophobie et les querelles fratricides soient bannis à tout jamais de l’Europe ! », « L’histoire de l’Allemagne et de la France est l’histoire de deux peuples frères. Ces deux pays puisent leurs origines communes dans l’empire de Charlemagne. De tout temps, ces deux pays et leurs peuples ont entretenu des échanges inépuisables qui ont laissé des traces fructueuses dans chaque pays. Après les conflits armés du passé, le Traité de l’Elysée jetait les bases de la réconciliation franco-allemande. (…) À l’avenir, la France et l’Allemagne doivent rester la force motrice de l’intégration. Nos deux peuples sont appelés à continuer de vouer leur amitié à la cause de l’unification européenne ». Et je réitérerai moi-même mes propos sans en retirer un mot : « Ce qui rend l’Europe européenne, ce sont ses nations. La France et l’Allemagne apportent leur participation à sa construction dans un formidable élan de cohérence propre à favoriser une destinée commune ». Gageons que ce 50ème anniversaire du traité de l’Elysée rappelle à tous et à chacun que c’est assurément de plus d’Europe dont nous avons besoin et non du contraire, certes, mais en gardant à l’esprit cette cohérence d’ensemble qui, seule, pourra lui donner la capacité de poursuivre son idéal de paix et de prospérité partagée. Didier Vidal |