Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
  Éditorial
Entretien exclusif
Coopération
Diplomatie & Défense
Innovation
Culture
 
La lettre diplometque
La lettre diplomatique Haut
     Allemagne
 

France-Allemagne : une amitié sans cesse à renouveler

Par M. André Bord,
ancien Ministre, Président de la Fondation pour l’Entente Franco-allemande

Lorsque l’on regarde les relations franco-allemandes, il convient de se rendre compte que ce que nous pourrons appeler l’actualité franco-allemande a commencé le 1er janvier 1942 à Londres, lorsque le Général de Gaulle a expliqué à un public surpris que l’avenir de notre continent serait européen et nécessitera logiquement une entente franco-allemande et européenne après la guerre. Le Général n’a jamais quitté cet ordre de pensée, même s’il a fallu attendre de longues années avant que le Chancelier Konrad Adenauer change son attitude marquée d’une certaine méfiance vis-à-vis des intentions du Général de Gaulle. On connaît la suite – au mois de janvier 1963, les deux hommes signaient le « Traité de l’Élysée », ouvrant ainsi la voie à un tout nouveau chapitre des relations franco-allemandes.
Les décennies suivantes ont vu le fruit du travail fondamental du Général de Gaulle et de Konrad Adenauer. Les chefs de gouvernement et d’État français et allemands ont toujours réussi à surmonter les clivages politiques pour mener un travail favorisant les échanges franco-allemands qui se sont intensifiés au fil des années.
Qui a oublié cette image touchante de François Mitterrand et de Helmut Kohl qui se tenaient par la main face aux tombes des soldats à Verdun ? Qui a oublié l’action du Chancelier Helmut Schmidt pour la reconnaissance des incorporés de force alsaciens et mosellans ? Qui a oublié que le Président François Mitterrand a fini par surmonter ses objections contre la réunification allemande en 1990 – permettant ainsi à l’Allemagne de fermer le dernier chapitre douloureux de l’histoire du 20ème siècle ? Qui aurait oublié l’action franco-allemande des Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, des Willy Brandt, Helmut Schmidt ou Gerhard Schröder ?
Il est intéressant de noter que ces grands hommes politiques ont toujours fait abstraction de leur sensibilité politique pour favoriser d’abord la réconciliation, ensuite la coopération et finalement l’amitié franco-allemande. Leur travail devrait constituer une mission pour les générations d’hommes et de femmes politiques d’aujourd’hui, ce qui, hélas !, n’est pas le cas.
Ce qui était devenu, dans les années 1980 et 1990, « le moteur européen » et l’entente franco-allemande, manque aujourd’hui terriblement de dynamique. Les changements géopolitiques en Europe n’expliquent pas tout. La génération actuelle des responsables, donc le Président François Hollande et la Chancelière Angela Merkel, native de la RDA et orientée davantage vers les pays de l’Est que vers la France, a des difficultés à harmoniser ses positions politiques.
L’actualité franco-allemande de 2012 est marquée par des faux pas diplomatiques et une reprise difficile des relations. Si l’Allemagne a manqué d’afficher sa solidarité par rapport à la capitale humaniste de l’Europe, la ville-siège du Parlement européen, Strasbourg, en annonçant vouloir y fermer son Consulat Général (le « Auswärtiges Amt » est entre temps revenue sur cette décision malheureuse, face au cri d’indignation unanime de toute la région rhénane), il a fallu attendre le 50ème anniversaire du discours du Général de Gaulle à la jeunesse allemande à Ludwigsburg pour entendre le nouveau président français affirmer publiquement son attachement à l’amitié franco-allemande.
Il ne faut jamais oublier que les deux puissances économiques de l’Europe doivent poursuivre leurs efforts en vue d’une véritable intégration – l’avenir de toute l’Europe dépend de l’entente franco-allemande !
Mais les relations franco-allemandes ne se limitent pas au seul monde politique. Le monde économique, le monde administratif, le monde culturel et la société civile – tous ont un rôle à jouer dans la construction des relations franco-allemandes et européennes, une construction qui contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, est loin d’être achevée.
Dans le cadre de la réforme territoriale annoncée par le Président Hollande, on peut nourrir certains espoirs de voir instaurer une meilleure parité parmi les administrations régionales et locales entre la France et l’Allemagne. L’absence de cette parité demande des compétences communes, car le pouvoir de décision se trouve toujours à Paris, tandis que les autorités allemandes, au niveau régional et local, peuvent prendre leurs décisions de manière assez autonome.
On est en droit d’espérer que cette réforme puisse donner un nouveau « coup de pouce » aux relations franco-allemandes là où elles se manifestent en premier : dans les régions frontalières où il convient maintenant d’abolir les dernières frontières qui existent encore !    

Retour en haut de page
 
 

 
La lettre diplomatique Bas
  Présentation - Derniers Numéros - Archives - Nos Liens - Contacts - Mentions Légales