Par M. Roland du Luart, Sénateur de la Sarthe, Président du Groupe d’amitié sénatorial France-Amérique du Sud
Comme les 78 groupes interparlementaires d’amitié que compte le Sénat, le groupe France-Amérique du Sud s’est progressivement imposé comme un acteur majeur de la diplomatie parlementaire. Créé à l’origine pour faire naître et entretenir des liens amicaux et personnels avec les parlementaires et les autorités publiques des pays sud-américains, notre groupe, qui regroupe aujourd’hui près de 80 membres, a investi des secteurs nouveaux de l’activité internationale du Sénat. Tantôt moteur, tantôt relais, il se pose en vecteur privilégié des échanges d’informations et des contacts avec chacun des pays du sous-continent, aussi bien sur le plan politique et institutionnel, que culturel, social ou économique. Il est, ainsi, le « bras armé » du Sénat pour le suivi des relations bilatérales, et représente, parmi d’autres, un des instruments par lesquels la Haute Assemblée concourt à la promotion de la présence française dans le monde.
S’agissant plus singulièrement de l’Argentine, nos relations politiques sont traditionnellement très bonnes. Les visites sont régulières et se déroulent au plus haut niveau (Rencontre avec le Président Dualde en 2002. Visite de la Sénatrice Cristina Fernandez de Kirchner en 2004). Au-delà des contacts personnels noués avec les autorités gouvernementales et les membres des assemblées, ces visites sont l’occasion de dresser un bilan de la situation argentine dans les domaines politiques, économiques et culturels, grâce aux entretiens accordés par de nombreuses personnalités.
Dans notre relation, ce dialogue politique est indispensable et ces visites sont autant d’occasions d’aller jusqu’au bout des choses et de voir comment l’on peut ensemble avancer.
La France a joué, en effet, en Argentine un rôle important pour des raisons historiques (plus de 200 000 Français en Argentine au début du siècle), et plus récemment pour des raisons économiques. Avec un stock d’investissements supérieur à 10 milliards de dollars, elle est au troisième rang des investisseurs étrangers. Les entreprises françaises ont largement contribué à la modernisation du pays. Elles sont au premier rang des services publics privatisés (gaz, eau, distribution d’électricité), et occupent une place importante dans les secteurs industriels tels que l’automobile (40% de parts de marché pour Renault et PSA) ou les services : banques, assurance et grande distribution (50% du marché). Total est implanté dans la production de pétrole, de gaz et d’électricité.
Mais la crise les frappe durement. De manière générale, ces investissements ont été décidés dans un cadre monétaire stable, celui de la parité avec le dollar, et leur rentabilité à long terme a été calculée sur cette base. La dévaluation constitue donc une modification profonde de l’équilibre économique de ces activités. Les entreprises de services publics, souvent endettées en dollars, sont particulièrement touchées par la désindexation et le gel des tarifs.
De même la coopération française dispose en Argentine d’un savoir-faire reconnu dans des domaines essentiels pour la modernisation et le développement du pays : réforme de l’Etat, recherche et développement technologique, industrie agro-alimentaire, tourisme, santé. Au titre de l’année 2005, les crédits de coopération s’élèveront à 1,531 millions d’euros, auxquels il convient d’ajouter le coût de notre réseau culturel et éducatif. Ainsi, deux lycées à Buenos Aires scolarisent près de 1 800 élèves. |