Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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     Monténégro
 

« La France soutient le Monténégro dans sa marche vers l’UE et l’OTAN »

Par S.E.Mme Dominique Gazuy,
Ambassadeur de France au Monténégro

Pays attachant que le Monténégro qui aspire tant à la modernité et à son ancrage à l’Union européenne et à l’OTAN, tout en veillant scrupuleusement sur ses racines. Ici, l’histoire, vivante, se lit dans la mosaïque des peuples qui compose le pays. La spécificité monténégrine est multiple : les communautés y vivent en harmonie et 2010 a marqué l’unité retrouvée à travers la commémoration du centenaire du royaume. Le Chef actuel de la maison royale, Nikola Petrovic Njegos, Français vivant à Paris a, en 2011, été rétabli dans son statut.
Indépendant de 1878 à 1918, le Monténégro a pris sa revanche en 2006 en votant son indépendance par 55,6 % des suffrages. Autre spécificité, c’était la première fois qu’un État de l’ex-Yougoslavie parvenait à faire sécession sans les armes.
En décembre 2010, la majorité au pouvoir – DPS (parti démocratique des socialistes) et SDP (parti social démocratique)   – se dote du plus jeune premier ministre au niveau international, M. Igor Luksic, qui représente parfaitement la personnalité dynamique et compétente du Monténégro d’aujourd’hui. Dans ce pays de 620 000 habitants, la formation des jeunes cadres est une priorité gouvernementale.
Tout est allé très vite s’agissant du rapprochement avec l’UE et on peut parler jusque-là de « success story » :
– décembre 2008 : dépôt de la candidature à l’adhésion à l’Union européenne sous Présidence française de l’UE ;
– décembre 2009 : libéralisation des visas Schengen dont la mise en œuvre ne pose strictement aucun problème ;
– décembre 2010 : statut de candidat reconnu par le Conseil européen assorti de priorités, posées par la Commission à mettre en œuvre par le pays pour qu’il puisse obtenir une recommandation favorable à l’ouverture des négociations ;
– octobre 2011 : avis positif de la Commission pour l’ouverture des négociations et le Conseil européen du 9 décembre 2011 a décidé de se prononcer en 2012.
Avec l’OTAN, tout se passe également pour le mieux : le Monténégro s’attache, malgré sa petite taille, à être présent sur tous les théâtres d’opérations extérieurs (Afghanistan, opération Atalante, Libye).
La France soutient le Monténégro dans sa marche vers l’UE et l’OTAN.
Ce simple déroulé de l’histoire récente du Monténégro est la preuve de sa volonté d’aller de l’avant et de se doter d’institutions et d’instruments politiques conformes aux standards européens. Ce n’est pas facile.
Au plan régional, le Monténégro assume un rôle de stabilisateur tout à fait remarquable. Il a signé des accords de coopération juridique et policière avec tous ses voisins, ce qui donne d’incontestables résultats dans la lutte contre la criminalité organisée.
Au total, le Monténégro a fait de l’adhésion à l’UE et à l’OTAN et de sa contribution à la stabilité régionale les objectifs principaux de sa politique extérieure que la France encourage.
Nos relations politiques bilatérales sont excellentes : au moment charnière des années 2008/2009, les contacts avec la classe politique se sont multipliés. Le Premier Ministre Milo Djukanovic s’est rendu en France le 15 décembre 2008 pour remettre à M. Nicolas Sarkozy, Président de la République Française, la candidature de son pays à l’UE et participer au lancement de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Il s’agissait de la première rencontre à ce niveau depuis l’indépendance, deux ans plus tôt. Quant à M. Milan Rocen, Ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration européenne, il a été reçu trois fois à Paris : juillet 2008, décembre 2009 et octobre 2011. S’agissant du Président du Parlement monténégrin, il a rencontré en France ses homologues du Sénat (2008) et de l’Assemblée nationale (2009).
En sens inverse, une délégation de haut niveau du Sénat s’est rendue à Podgorica en avril 2010, le Ministre Eric Besson a signé dans la capitale monténégrine un accord sur la mobilité des jeunes le 1er décembre 2009, puis a participé en 2010 à Budva, à un séminaire des pays de la Méditerranée sur l’Office méditerranéen de la Jeunesse. En outre, des hauts fonctionnaires et des Centres de réflexion français (Fondation Schuman par exemple) viennent régulièrement au Monténégro pour organiser des forums ou séminaires avec des ONG locales.
L’action de la France au Monténégro vise prioritairement à accompagner le processus d’intégration européenne du pays par le biais d’une action de soutien au renforcement de ses capacités administratives, la mise en œuvre de réformes structurelles, la formation des cadres.
Notre coopération a été formalisée dans le cadre d’une « feuille de route » bilatérale, unique en son genre, signée le 18 décembre 2009 par les deux ministres des Affaires étrangères. La réunion du comité de suivi de cette feuille de route s’est tenue à Paris le 21 mars 2012 sous la présidence de M. Nebojsa Kaludjerovic, Secrétaire d’État aux Affaires politiques côté monténégrin, et de M. Eric Fournier, Directeur d’Europe continentale côté français.
Par ailleurs, l’adhésion du Monténégro comme membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à l’issue du Sommet de Montreux en octobre 2010, est venue renforcer les perspectives de l’usage du français au sein de la diplomatie et de l’administration monténégrine. L’OIF et le Monténégro ont signé le 12 mai 2011 un mémorandum pour mettre en œuvre un programme de formation des fonctionnaires. 150 d’entre eux suivent des cours. C’est un succès, surtout dans la perspective de l’adhésion puisque le français est langue officielle de l’Union.
Enfin, l’inauguration de l’Institut français le 4 juillet 2011 est venue conforter la nouvelle impulsion de notre action dans ce pays.
Au plan économique, après l’implantation de la Société générale en 2005, la création d’un club d’affaires franco-monténégrin, avancée importante, a été lancée en décembre 2011 pour stimuler les échanges, insuffisants. Après la journée du Monténégro et de la Serbie, tenue à Paris en 2005, il est désormais envisagé d’organiser à Paris une journée du seul Monténégro en 2013, sous la houlette d’Ubifrance.
Enfin, on ne peut parler du Monténégro sans faire référence à la beauté stupéfiante de ses paysages et à la variété de son patrimoine culturel. Certes, le pays n’est pas vaste (14 000 km2) mais à aucun moment, on ne se sent à l’étroit : les montagnes (plus de 150 pics dépassent 2 000 m), les forêts, les immenses parcs nationaux, la mer, le lac de Skadar, l’ancienne capitale royale, Cetinje, les villes vénitiennes du sud, les monastères, la gastronomie attirent chaque année beaucoup de touristes, dont de nombreux Français ( 20 000 personnes l’an dernier). Des liaisons aériennes directes et fréquentes n’y sont pas étrangères.   

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