A la tête du bureau parisien du Dubai Department of Tourism & Commerce Marketing (DTCM) depuis 16 ans, Pascal Maigniez est un témoin privilégié de la réussite du modèle économique des Émirats Arabes Unis et plus particulièrement de Dubaï. Son organisme est une structure étatique chargée, au travers de ses 18 bureaux de représentation répartis dans le monde entier – le bureau de Paris couvrant la France et le Bénélux –, de promouvoir le tourisme et le commerce, et d’agir pour l’activité tourisme comme un organisme règlementaire. « En l’espace de quarante ans, explique-t-il, le rôle économique de Dubaï est passé de celui d’un petit marchand à celui d’un hub reconnu au plan régional et international. » Sans la manne pétrolière, Dubaï n’aurait certes pu générer cette croissance phénoménale. Mais loin de s’en contenter, les autorités dubaïotes ont fait le choix de diversifier leur économie dès les premières années de l’indépendance au sein de la fédération. Ce processus, indique Pascal Maigniez, l’a fait évoluer d’une situation de « quasi dépendance à une quasi autonomie par rapport au pétrole. Avec ses dérivés, ce secteur ne compte plus maintenant que pour 5% dans le PIB de Dubaï. » A contrario, le tourisme représente, avec l’ensemble des filières qu’il couvre directement ou indirectement, près de 25% de son PIB. L’essor de ce secteur témoigne du succès de la stratégie de diversification de l’Émirat. En terme de fréquentation, que ce soit des hommes d’affaires ou des touristes, « l’on est passé de 1 million de visiteurs il y a une quinzaine d’années à plus de 9 millions aujourd’hui (9,3 millions en 2009), soit une hausse vertigineuse de 900%. » Pour Pascal Maigniez, Dubaï a su construire un véritable « hub touristique et commercial du Moyen-Orient ». Parmi les grands vecteurs qui ont accompagné son développement, il cite Emirates Airlines qui fait partie des trois premières compagnies aériennes au plan international ; ou le port de Jebel Ali, au troisième rang mondial pour le fret, qui abrite la plus grande zone franche du Moyen Orient. En effet, ajoute-t-il « la force de Dubaï est d’avoir très vite compris ses atouts géopolitiques. La clairvoyance de ses dirigeants a été de tirer profit de la manne pétrolière pour construire des infrastructures d’envergure. » Avec une croissance à deux chiffres depuis une vingtaine d’années, exception faite de la parenthèse maintenant bien refermée due à la crise financière internationale, la mise en valeur de ce positionnement stratégique au cœur du Moyen-Orient, au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique a également permis d’attirer 500 des plus grands groupes internationaux qui ont tout au moins implanté leur antenne dans l’Émirat. Qu’en est-il des Français ? Pour ce qui est du secteur touristique, M. Pascal Maigniez convient que si la France demeure un petit marché d’émission (seulement 25% des Français voyagent), la tendance des visiteurs français a toujours été croissante. Ils ont été 132 000 à faire le déplacement en 2011 contre seulement 30 000 au milieu des années 1990. Quant aux entreprises, « elles sont estimées aujourd’hui à 500, soit 75% des entreprises françaises implantées aux EAU, ce qui est en phase avec le poids de Dubaï au sein de la fédération ». Quels sont les avantages d’investir à Dubaï ? Tout d’abord son accessibilité avec deux vols par jour proposés par Emirates au départ de Paris. Un environnement pro-business, sans contraintes administratives et la possibilité d’enregistrer son entreprise dans les zones franches par internet. Pascal Maigniez fait également valoir les opportunités créées par la forte concentration d’entreprises, « 7 à 8 000 qui travaillent en cross-business. Autre facteur de poids : le tremplin que constitue Dubaï pour pénétrer les marchés de la région. « Il fait ainsi office de guichet unique pour accéder aux marchés du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et du pourtour, comme l’Irak, l’Iran, les pays de la Corne de l’Afrique. Cela représente un marché de 1,2 milliard de consommateurs potentiels. Il faut donc avoir le reflex de hub ouvert sur quelque 60 pays dont certains sont des émergents où tout reste à faire. » Soit autant de secteurs où les entreprises françaises ont leur expertise. Aussi, M. Pascal Maigniez appelle-t-il les investisseurs français à saisir les opportunités qui existent à Dubaï, un endroit où il fait bon vivre, sûr, où peuvent se combiner le plaisir des plages à des perspectives de croissance prometteuses. Certes, il prévient « c’est un eldorado où la concurrence est forte. » Et d’ajouter que si la présence des entreprises françaises a été multipliée par cinq en dix ans, la France est encore dépassée par l’Italie en termes d’échanges. CH |