Par M. Abdou Diouf, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
En cette période d’une grave crise économique et financière à l’échelle planétaire et à l’heure de la mondialisation de tous les périls et de l’uniformisation autour d’un modèle unique, il est particulièrement rassurant de voir une puissance économique bâtie sur l’abondance financière tirée du pétrole se tourner résolument vers la culture pour en faire le marqueur de sa nouvelle identité. La culture est au début et à la fin de tout processus de développement. Cette vérité, Léopold Sédar Senghor, poète et homme d’État, père de la Francophonie, homme de profonde culture et de vaste intelligence des choses du monde, l’avait toujours proclamée comme pour mieux appeler notre attention sur le rôle moteur et la place centrale de la culture dans la vie des peuples. Il était convaincu, et nous avec lui, que la culture est le meilleur moyen de surmonter les crises économiques, qui sont, avant tout, des crises de civilisations. Et voici qu’au cœur du Golfe, l’Émirat d’Abou Dhabi, puissance pétrolière par excellence, fait le choix de l’ouverture à la culture pour mieux asseoir et consolider les bases de son développement. Si la civilisation est l’ensemble de valeurs morales et techniques et la manière de s’en servir, la culture quant à elle, demeure l’esprit de cette manière d’être et d’être au monde. Elle est ce double rapport d’intégration de l’homme à la nature et de la nature à l’homme. L’homme, pour vivre et évoluer dans la nature, a, depuis toujours et continuellement, ce besoin de s’adapter à son milieu qui, à son tour, détermine et conditionne les structures économiques et sociales dans lesquelles il évolue. Si Abou Dhabi a choisi de se tourner vers la culture, c’est bien parce qu’il a compris que la culture apporte ce surcroît d’éclairage qui fait si souvent défaut dans la perception du futur. Pour ma part, je suis heureux de constater que notre belle langue française, ce merveilleux véhicule de valeurs universelles, est bien chez elle à Abou Dhabi, en bonne intelligence et dans un merveilleux voisinage avec d’autres cultures et civilisations qui est un facteur de progrès et de paix durable. La grande famille francophone est particulièrement heureuse de voir Abou Dhabi, composante dynamique des Émirats Arabes Unis, État membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie, s’atteler si activement à renforcer le rayonnement de la langue française et le dialogue des cultures. Par ses choix éducationnels et artistiques en relation avec l’Université de Paris-Sorbonne et en coopération avec le Musée du Louvre, pour ne citer que ces deux-là, Abou Dhabi a choisi la voie sûre et prometteuse de la culture pour l’avènement d’un monde où la diversité culturelle bâtie sur le respect réciproque et la confiance mutuelle s’épanouit à travers une éthique et des valeurs universellement partagées. |