Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
  Éditorial
Entretien exclusif
Coopération
Diplomatie & Défense
Innovation
Culture
 
La lettre diplometque
La lettre diplomatique Haut
     Ethiopie
 

« L’Ethiopie est à une période charnière de son histoire »

Par M. Jacques Desallangre, Député de l’Aisne, Secrétaire de l’Assemblée nationale, Président du Groupe d’amitié France-Ethiopie

J’ai le privilège d’animer à l’Assemblée nationale le groupe d’amitié France-Ethiopie. Je conçois cette mission comme devant permettre de tisser des liens entre nos parlements et nos peuples. Sans céder à une vision anthropomorphique des relations étatiques, je crois que les Etats comme les hommes se libèrent grâce à la multitude et à la qualité des liens qu’ils savent entretenir. C’est grâce à la qualité des alliances avec les Etats d’Afrique du Moyen et Proche-Orient que la France a depuis fort longtemps élargi le champ de sa perception diplomatique. Dans une humble mesure et grâce au remarquable appui de l’Ambassadeur de France en Ethiopie, S.E.M. Stéphane Gompertz, c’est l’objectif de ce groupe d’amitié parlementaire que de nourrir des relations privilégiées entre les représentants des peuples et de favoriser une meilleure connaissance de l’autre.
Pour des raisons historiques les Français connaissent assez mal l’Ethiopie alors que c’est l’un des Etats les plus peuplés d’Afrique, berceau de l’humanité, riche de sa diversité ethnique, de ses cultures et d’une histoire multi-millénaire.
Après les années sombres du Derg, l’Ethiopie se relève et suscite de grands espoirs économiques, sociaux et politiques. Avec une croissance du PIB de près de 12% depuis quatre ans, l’économie s’est dynamisée et les ressources énergétiques non exploitées sont encore importantes. Il s’agit évidemment du gaz de l’Ogaden mais aussi, voire surtout, du potentiel hydroélectrique si les investissements nécessaires, éthiopiens et étrangers, sont consentis. Cette énergie d’avenir pourrait permettre à l’Ethiopie d’alléger sa facture pétrolière qui à elle seule représente la totalité de ses exportations mais aussi de canaliser une eau qui fait parfois cruellement défaut. Nous ne pouvons qu’espérer la poursuite d’une telle croissance en portant néanmoins attention aux risques de surchauffe économique et d’inflation (plus de 15%) qui pénalise directement le pouvoir d’achat et hypothèque les conditions de subsistance d’une grande partie de la population (le teff – une variété de céréale – a augmenté de plus de 50% en moins d’un an).
Les évolutions du régime impulsées par le Premier Ministre Meles Zenawi sont également de bon augure. Les gestes en direction de l’opposition
laissent entrevoir une poursuite de la transition démocratique qui devrait, je l’espère, permettre de parvenir à des élections sereines et transparentes. Cependant l’Ethiopie ne peut s’extraire du contexte géopolitique particulièrement mouvementé de la Corne de l’Afrique. Le gouvernement devra gérer le retrait des troupes de Somalie tout en préservant l’intangibilité de sa frontière et le rétablissement de relations diplomatiques. La paix demeure également incertaine avec l’Erythrée. Son président, M. Issayas Afeworki, consolide son pouvoir par la terreur à l’intérieur et la provocation à l’extérieur. Cette politique autoritaire représente un facteur de déstabilisation régionale et provoque un afflux de réfugiés en Ethiopie que l’Etat et les organisations humanitaires ont des difficultés à gérer.
L’Ethiopie est à une période charnière de son histoire ; ses dirigeants peuvent de façon clairvoyante poursuivre sur le chemin de l’ouverture au monde, de la démocratie et du développement économique et social. Considérant que les élections sont l’un des moyens pacifiques d’expression des tensions qui animent toutes les sociétés nous formons le vœu que les échéances de 2010 répondent aux aspirations du peuple éthiopien. La qualité du climat dans lequel se dérouleront ces opérations électorales renforcera la légitimité du gouvernement pour mener les réformes et conserver l’unité de la nation malgré la diversité ethnique et religieuse. Je forme également le vœu que nos peuples, nos parlements, nos Etats, nos collectivités locales apprennent à mieux se connaître et développent de véritables partenariats car l’Ethiopie est à mes yeux l’un des acteurs majeurs du continent africain.

Retour en haut de page
 
 

 
La lettre diplomatique Bas
  Présentation - Derniers Numéros - Archives - Nos Liens - Contacts - Mentions Légales