Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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Roumanie-France, une tradition d’amitié renouvelée

Par M. Traian Basescu, Président de la République de Roumanie  

En tout premier lieu, je souhaite remercier le collège éditorial de « La Lettre Diplomatique » de consacrer ce dossier à la Roumanie et pour l’opportunité qui m’est ainsi offerte de m’adresser aux lecteurs de cette prestigieuse publication.
L’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne le 1er janvier 2007 a constitué pour les citoyens roumains un événement capital. Cette étape relève désormais du passé, compte tenu de la rapidité des évolutions dans la politique européenne. La France a contribué à ce processus de manière particulièrement significative. Je pense à cet égard qu’il faut toujours rappeler quel a été son soutien et celui des Français, l’amitié constituant une marque constante des liens historiques qui unissent nos deux pays et nos deux nations. La Roumanie continuera à faire honneur à cette tradition de liens privilégiés que nous partageons, au travers d’une politique renforcée de rapprochement avec la France, tant sur le plan des relations bilatérales que sur le plan européen et international, mais également par la consolidation de l’identité francophone qui nous caractérise et dont nous sommes fiers.
Les progrès accomplis sur le plan des rapports politiques entre nos deux Etats se mesurent, en règle générale, par les décisions ou les initiatives communes adoptées dans le cadre de notre dialogue bilatéral. La visite en Roumanie, en février 2008, du Président de la République française, M. Nicolas Sarkozy, s’est conclue ainsi par la signature d’une déclaration commune en faveur d’un partenariat stratégique. Ce partenariat aspire à stimuler la coopération inter-gouvernementale et apporter une valeur ajoutée au dialogue au sein de l’UE. Nous avons également convenu de développer nos échanges bilatéraux sur toutes les questions d’intérêt commun et, plus particulièrement, en ce qui concerne la Politique externe et de sécurité commune (PESC) et la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). De même, nous continuerons à consolider la coopération économique entre nos deux pays dans des domaines tels que l’énergie, l’agriculture, les transports et le développement urbain, la protection de l’environnement, l’aménagement du territoire et les relations commerciales. Les autres objectifs définis par cette déclaration de partenariat stratégique portent sur la mobilité universitaire et la recherche, la libre-circulation des citoyens roumains et la coopération dans le domaine des affaires intérieures, ainsi que dans le domaine de la défense et de la sécurité. Nous avons ainsi créé une architecture institutionnelle d’envergure. Il nous incombe désormais de développer des programmes communs pour mettre en valeur cet édifice.
La présence française dans l’économie roumaine est aujourd’hui hautement significative. Nous tirons une légitime fierté du dynamisme de cette coopération économique qui reflète notre ouverture sur le plan politique au cours de ces vingt dernières années. Nos relations commerciales ont en effet progressé année après année, le volume prévisionnel des échanges pour 2008 atteignant 6 milliards d’euros. Les investisseurs français ont été parmi les premiers à saisir les opportunités d’affaires offertes par la Roumanie. Aujourd’hui, la France est le quatrième investisseur étranger en Roumanie. Elle contribue à sa croissance économique par le biais des 6 000 sociétés à capitaux français présentes sur le marché roumain et d’un volume d’investissements directs de plus de 2 milliards d’euros.
Depuis le 1er juillet 2008, la France assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Elle doit à ce titre relever de nombreux défis. L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la valorisation de l’immigration légale parallèlement à la protection des frontières de l’UE et l’identification de solutions à long terme face à l’épineux problème de l’énergie et du changement climatique, figurent parmi les priorités de la présidence française que la Roumanie partage et soutient.
La Roumanie se situe à l’extrémité orientale de l’UE. Elle est responsable à ce titre de la gestion d’une frontière que dépasse en longueur seulement celle qui sépare la Finlande de la Fédération de Russie. Il s’agit d’un défi pour la sécurité que nous prenons très à cœur, mais également d’une opportunité économique majeure, à même de soutenir la politique de croissance prévue par les ambitieux objectifs de la Stratégie de Lisbonne.
Avec l’adhésion de la Roumanie, la frontière avec l’espace extra-communautaire s’est élargie vers l’Est pour se fixer sur la Mer Noire ; une région qui foisonne d’opportunités multiples, doublées toutefois de considérables défis. Je tiens d’ailleurs à saluer l’effort de concertation entrepris au sein de la Commission européenne et qui a permis d’aboutir à la communication concernant « La synergie de la Mer Noire – une nouvelle initiative de coopération régionale ». Dans sa démarche visant à passer du stade de projet à celui d’action, la Roumanie compte également sur l’amitié traditionnelle de la France. La région de la Mer Noire constitue en effet la source ou la zone de transit de 50% des ressources énergétiques nécessaires aux Etats membres de l’UE, proportion qui devrait atteindre 70% dans les dix à vingt prochaines années. De notre point de vue, il est essentiel pour la diversification des sources d’approvisionnement et la sécurisation des routes de transport que l’UE accorde une attention accrue à la coopération dans l’espace de la Mer Noire.
Le voisinage oriental de l’UE comprend aussi la République de Moldavie, pour laquelle une perspective claire d’adhésion à l’UE représente, à nos yeux, l’option à privilégier afin d’ouvrir les citoyens de cet Etat à la prospérité économique et au développement. Je garde d’ailleurs à ce propos un très agréable souvenir d’un passage du discours de M. Nicolas Sarkozy devant le Parlement roumain, qui témoigne d’une communauté de vues sur cette question.
La Roumanie reste en outre profondément attachée à l’objectif d’une sécurisation des Balkans occidentaux et de l’intégration de cette région à la coopération européenne. Nous apporterons pleinement notre appui à la présidence française du Conseil de l’UE pour répondre aux aspirations légitimes des habitants de cette région, dont la sécurité est liée à celle du Kosovo, mais aussi de la Serbie, du Monténégro, de la Bosnie-Herzégovine, de l’Albanie ou de l’ancienne République Yougoslave de Macédoine. Nous pensons que la Serbie est en droit de faire l’objet d’une attention particulière, puisque les forces politiques démocratiques serbes ont besoin de soutien et de garanties de la part de l’UE.
La coopération franco-roumaine doit également se décliner au travers d’une politique de promotion du français. Que 6 000 jeunes roumains fassent leurs études dans les plus prestigieuses universités françaises, que la demande d’enseignement du français dans le système pré-universitaire roumain ne cesse de progresser, constituent autant de raisons de satisfaction pour nous ! La Roumanie cèdera sous peu la présidence de la Francophonie qu’elle a assumée durant deux ans. Bien que l’on ait assumé pour la première fois cette charge prestigieuse, je suis persuadé que le travail accompli ne manquera pas de susciter l’appréciation de nos partenaires francophones, et en particulier celle de la France.

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