Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Mongolie
 

Au cœur de l’Arkhangai, à la découverte de la civilisation xiongnu

Par M. Jean-Paul Desroches, Chef de la Mission archéologique française en Mongolie

En 1992, à l’attention des savants et des chercheurs, l’UNESCO organise un vaste projet intitulé « Les routes de la soie, routes de dialogue, itinéraires nomades ». C’est à cette occasion que des archéologues français établirent un premier contact avec leurs homologues mongols. Ainsi, dès 1993, sous l’égide de l’UNESCO et avec le soutien du Ministère des Affaires étrangères et européennes, fut créée la Mission archéologique française en Mongolie (MAFM).
La MAFM travaille depuis lors en étroite collaboration avec l’Académie des Sciences de Mongolie. En 1994, elle s’installe dans la province de Bulgan, le long de la vallée de l’Egiin Gol. Jusqu’en 1999, elle se consacre à l’étude des sépultures en particulier de l’époque xiongnu (IIIème avant notre ère, II e de notre ère). En 2000, elle s’établit à Gol Mod, dans la province de l’Arkhangaï, l’une des six nécropoles princières xiongnu de Mongolie. Gol Mod va sortir progressivement de l’oubli où l’histoire l’avait reléguée. Les travaux archéologiques en 2000-2001 révèlent la monumentalité des architectures. L’enquête topographique en 2002-2003 atteste de l’étendue de l’établissement. Les investigations menées en 2004-2005 mettent en lumière la sophistication des aménagements. Celles conduites lors des deux dernières campagnes illustrent la complexité des rites funéraires au sein de cette société.
Toutefois, l’archéologie de terrain n’épuise pas la richesse des données. De nombreuses sciences annexes, effectuées en laboratoire, se greffent autour. Leurs résultats viennent compléter notablement les enquêtes in situ. La quête de ces outils d’interprétation permit la participation de nombreux instituts français au côté de l’Académie des Sciences de Mongolie. Citons simplement quelques uns de ses partenaires les plus récents : le Commissariat à l’énergie atomique pour l’exploitation d’images satellites et de photographies aériennes, le Service Géologie Géotechnique d’EDF et le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées pour la prospection géophysique, le Centre de recherche et de restauration des Musées de France pour l’analyse des matériaux, l’Institut national de recherches archéologiques préventives pour l’identification de la faune, le Muséum national d’Histoire naturelle pour la caractérisation des vestiges humains.
La MAFM va également s’attacher à faire connaître et partager ses découvertes. En 2003, pour marquer le dixième anniversaire de sa fondation, elle met en place une exposition intitulée « Des Xiongnu à l’Empire de Gengis Khan » au Musée national des Arts asiatiques – Guimet à Paris et au Musée national des Beaux-Arts à Oulan-Bator. En 2005, l’archéologie est à nouveau à l’honneur grâce à l’Ambassade de France qui soutient l’action de la MAFM et organise un colloque international à Oulan-Bator sur le thème
« L’Archéologie européenne en Mongolie, dernières découvertes, nouvelles problématiques ». Du 9 juillet au 3 août 2008 dans les locaux de la Chancellerie de l’Ambassade de France à Oulan-Bator, une nouvelle exposition prenait place. Ces différentes manifestations vont donner lieu à des publications.
Au seuil de huit campagnes de fouilles au sein de cette mission franco-mongole, l’archéologie xiongnu est en passe de devenir une spécialité à part entière, au même titre que les archéologies scythe, han ou romaine. Elle se fonde sur une connaissance approfondie des cultures asiatiques anciennes, doublée de l’expérience durable du terrain, seules capables d’engendrer une vision d’ensemble. La lente imprégnation avec le milieu pour en saisir les lois et le dialogue rapproché avec les populations autochtones constituent des composantes indispensables, nécessaires à tout projet respectueux. Afin de répondre à ce grand dessein, une réflexion est engagée, envisageant le classement du site au Patrimoine mondial de l’humanité. Le chemin sera long, mais les atouts ici sont légion : environnement unique et densité exceptionnelle de monuments. Depuis l’âge du Bronze, près de quatre millénaires d’histoire émiettent encore aujourd’hui la steppe de l’Arkhangai.
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