Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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Entre Russie et Chine, la Mongolie développe ses tiers partenariats

Enclavée entre la Russie, avec laquelle elle partage 3 005 km de frontières communes, et la Chine qui l’enserre à l’est, au sud et à l’ouest, et dont la frontière commune s’étire sur 4 673 km, la Mongolie s’efforce de maintenir constamment la balance égale avec ses deux grands voisins, par ailleurs ses principaux partenaires commerciaux. La diplomatie mongole a su avec habileté déployer ses relations vers une série de « troisièmes partenaires » au premier rang desquels figurent les Etats-Unis, suivis du Japon, de l’Union européenne, de la Corée du Sud, l’Inde étant sur le point de rejoindre ce cercle des principaux partenaires.
Traditionnellement très proche de la Russie, la Mongolie a su préserver ses bonnes relations avec son voisin du nord avec lequel elle avait apuré sa dette en 2003. La Russie, bien que cédant peu à peu sa place de premier partenaire commercial à la Chine, reste très présente dans l’exploitation minière. Elle fournit l’essentiel de l’énergie du pays – hydrocarbures et électricité – qui proviennent de Sibérie. En décembre 2007, s’est tenu un important symposium russo-mongol portant sur les questions minières au cours duquel les investisseurs russes ont confirmé l’intérêt qu’ils portaient à certains projets jugés prioritaires (mine d’argent d’Asgat, gisement d’Oyu Tolgoi, ainsi que les gisements d’uranium). Quelques divergences mineures opposent incidemment les deux partenaires, comme les coûts du transit ferroviaire et des produits pétroliers, ou encore la gestion des co-entreprises héritées de l’époque soviétique, mais elles semblent s’aplanir du fait du regain d’intérêt que porte la Russie à l’Asie depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin.
Les contacts sont devenus très fréquents avec la Chine, quasi annuels, et ce au plus haut niveau. Le Président Nambar Enkhbayar a effectué un voyage de six jours en Chine en 2006 et s’est entretenu à nouveau avec le Président chinois Hu Jintao en août 2007 en marge du sommet annuel de l’Organisation de Coopération de Shangai (OCS). La Chine compte désormais parmi les principaux donneurs d’aide de la Mongolie à laquelle elle a octroyé en 2006, un crédit acheteur de 300 millions de dollars qui devrait financer la construction de routes et de chemin de fer, la moitié des équipements devant provenir de Chine. En contrepartie, la Chine s’est vue ouvrir l’accès au gisement de cuivre et d’or d’Oyu Tolgoi, et celui de charbon de Tavaan Tolgoi. La Chine, devenue le premier investisseur, le premier client et le deuxième fournisseur, est intéressée par le développement d’une zone franche en Mongolie ainsi qu’à l’exploration pétrolière. C’est afin d’associer Oulan-Bator à son approche de la sécurité régionale que Pékin a soutenu l’accession de la Mongolie au titre d’observateur de l’OCS en janvier 2004. Mais la Mongolie ne cherche pas à pousser trop avant ses relations avec la Chine et entend préserver un traitement équilibré entre ses deux voisins.
Les relations qu’entretient la Mongolie avec les Etats-Unis, et qu’elle considère comme le garant de sa sécurité et de son indépendance, ont continué à se développer au moyen de contacts réguliers ainsi que de manœuvres militaires communes comme celles qui se sont déroulées en août 2007. Pour Washington, la Mongolie est considérée comme « une jeune démocratie exemplaire ». De fait, les Etats-Unis sont devenus le premier partenaire politique et militaire de la Mongolie qui a envoyé un détachement de 131 soldats en Irak et une douzaine de conseillers en Afghanistan. La Mongolie a été placée au premier rang des 16 pays éligibles au « Millenium challenge account ». Les Etats-Unis sont ainsi le troisième donateur bilatéral après le Japon et l’Allemagne.
Le Japon est le troisième fournisseur (8%) de la Mongolie, son deuxième investisseur (10% des investissements étrangers), derrière la Chine (30%), mais le premier donateur avec un flux annuel de 100 millions de dollars par an suivi de la Corée (45 millions de dollars) et de l’UE, Etats membres et Commission pour un montant annuel de 20 millions de dollars chacun. Depuis 1991, la Mongolie a reçu 1,5 milliard de dollars d’aide du Japon, soit 70% de l’assistance qu’elle a reçue en quinze ans. Quant à l’Union européenne, elle figure au quatrième rang des partenaires commerciaux de la Mongolie, tout en devenant un bailleur de fonds important. Dans le cadre de sa recherche de « troisièmes partenaires », la Mongolie a renforcé ses relations avec le Kazakhstan. En août 2007, les présidents des deux pays ont eu des entretiens approfondis en marge du sommet de l’OCS. Ceux-ci ont abouti à la signature d’une série d’accords de coopération, la Mongolie étant désireuse d’augmenter le volume de ses importations de pétrole et de blé en provenance du Kazakhstan.
A cette série de liens bilatéraux, les uns traditionnels, les autres plus récents et prometteurs, s’est ajoutée la participation grandissante de la Mongolie aux diverses organisations mondiales ou régionales. Elle a ainsi rejoint le Mouvement des non alignés en 1991. Elle est devenue l’un des douze « partenaires du dialogue » de l’ARF (Forum régional de l’ASEAN) en 1998. Après son accession en janvier 2004 au titre d’observateur de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et, en décembre 2004, au titre de partenaire asiatique de l’OSCE, elle a fait acte de candidature au Partenariat pour la Paix de l’OTAN en janvier 2005, mais d’ores et déjà elle a entamé une coopération avec l’OTAN dans le cadre des relations de l’Alliance avec les « pays contacts ».

Le développement des relations entre la Mongolie et la France

Les relations entre la Mongolie et la France se sont surtout développées à compter de la visite du Président Otchirbart en France en avril 1996, suivie de la nomination d’un Ambassadeur itinérant accrédité en Mongolie en octobre de la même année. La visite officielle de M. Renaud Muselier, alors Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, en juin 2003, a donné une forte impulsion aux relations franco-mongoles. La transformation de l’Ambassade en poste permanent le même mois, a marqué la volonté du gouvernement français d’intensifier les relations franco-mongoles, également symbolisée par la décision des chefs d’Etat de coparrainer la Mission archéologique française en Mongolie. La nomination d’un Attaché de défense en avril 2004 a élargi le cadre du dialogue bilatéral. Certes les échanges économiques et commerciaux entre les deux pays sont marginaux (près de 1% du commerce mongol) et structurellement excédentaires en faveur de la France, mais ils sont appelés à s’accroître et se diversifier, la part du marché français ayant doublé depuis 2002. Pour le moment, les investissements français en Mongolie se concentrent largement dans le secteur tertiaire (Alcatel est la plus importante entreprise française installée), mais d’autres ouvertures ou marchés sont susceptibles de se réaliser ou de se développer. Les entreprises françaises mènent également des activités dans l’agroalimentaire (France Tech, GNIS), les équipements pneumatiques pour l’industrie minière (Michelin), les produits pharmaceutiques (Beaufour Ipsen) et les services financiers. Enfin, Areva présente dans le pays depuis dix ans et qui a triplé son budget qui atteint les 21 millions d’euros, est désireuse de contribuer au développement du secteur uranifère.
Une quinzaine de commissions mixtes se sont réunies pour mettre en œuvre l’accord culturel intergouvernemental signé en janvier 1968, qui a été remplacé en janvier 2005 par un nouvel accord de coopération culturelle, linguistique et scientifique. L’inauguration en janvier 2005 de l’Alliance française de Mongolie, premier établissement culturel européen en Mongolie, témoigne de la vitalité de la coopération française. Outre cette coopération culturelle et scientifique, ainsi que l’aide alimentaire octroyée par la France, il y a lieu de mentionner l’activité des ONG françaises (Action contre la faim, Vétérinaires sans frontières) présentes en Mongolie. La santé publique reste le secteur principal d’intervention des opérateurs présents dans le pays (Avlom Santé, Santé Sud, APAU, Actions Mongolie, le CHU d’Amiens). L’action de coopération de la France porte également sur l’environnement avec l’activité de la société Seureca, filiale de Veolia Water, la formation des élites administratives et le développement du tourisme durable qui offre de grandes perspectives à la Mongolie. P.B.
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