Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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     Pologne
 

La Bourse de Varsovie, facteur de la puissance régionale d’un pays émergent

Par M. Philippe-Henri Latimier, Ph.D., Président de Montserrat Economic Development Advisory Services (MEDAS) et Professeur d’Ingénierie financière

L’histoire de la Pologne a prouvé en l’espace d’une génération à peine, à quel point l’existence d’un marché boursier dynamique peut peser avantageusement sur l’avenir d’un pays émergent et donner une envergure exceptionnelle au développement économique d’un pays ébranlé par la désillusion de l’expérience de l’autoritarisme socialiste.
Si la globalisation a diffusé la puissance économique et technologique à la planète toute entière, la création d’un véritable marché financier en Pologne aura apporté au pays une prospérité qu’aucune génération précédente n’aurait pu imaginer, corroborant ici que la bourse est le nerf de la force et de la vitalité d’une société et que, sans elle, tous les autres types de puissance, sont condamnés à s’étioler.
Si, en Pologne les traces d’un marché des capitaux remontent dès 1817, avec la création à Varsovie de la « First Mercantile Exchange », la bourse des valeurs mobilières dans sa configuration électronique actuelle n’existe seulement que depuis 1991.
La Bourse de Varsovie a été créée sous la forme d’une société par actions à l’initiative du « State Public » et son capital est détenu aujourd’hui par quelque 35 actionnaires, l’Etat polonais restant toutefois l’actionnaire majoritaire avec une participation supérieure à 98%.
Longtemps soumis à de fortes contraintes réglementaires pour préserver la sécurité des mouvements de capitaux et protéger l’épargne, mais aussi pour donner aux pouvoirs publics polonais la maîtrise des taux de change et de la politique monétaire, l’adhésion à l’Union européenne de la Pologne, la croissance des besoins de financement et l’influence des économistes néo-libéraux ont entraîné une profonde transformation des systèmes financiers en Pologne où s’échangent désormais outre les actions et obligations de 300 entreprises environ, des droits de souscriptions, des certificats d’investissement de sociétés locales ou étrangères, ainsi que des dérivés d’actions et autres produits structurés, à l’instar de ce qui se négocie quotidiennement sur n’importe laquelle des bourses européennes parmi les plus sophistiquées.
A regarder de plus près l’évolution des indices d’actions sur la période récente, la lune de miel et la mutation de cette économie socialiste vers une économie plus libérale, s’inscrit désormais dans la durée et démontre une fois encore que le libéralisme économique reste l’instrument le plus efficace et, à ce jour, le seul dont on ait vraiment prouvé l’aptitude à maintenir la croissance économique et à élever le niveau de vie.
Pour dire les choses plus simplement, même si aujourd’hui encore, le secteur financier dans l’économie polonaise dispose d’un poids limité avec une prédominance du secteur bancaire moins marquée que dans les autres nouveaux Etats membres de l’Union européenne, il y a fort à parier qu’avec une capitalisation boursière de près de 300 milliards d’euros, la Pologne ne manquera pas de revendiquer un rôle économique à la mesure de la puissance croissante de ses marchés boursiers, mais aussi de celle du rôle que jouent les fonds d’investissement et les fonds de pension dans un marché en forte croissance.
Nombreux sont ceux qui pensent à juste titre, que la Pologne jouit aujourd’hui d’une croissance à la fois soutenue et harmonieusement équilibrée, dopée à cet égard par la performance de la bourse de Varsovie très active sur les marchés d’actions et les contrats à terme sur indices.
Et que la croissance de l’économie polonaise devrait perdurer dès lors qu’au plan macro-économique, l’exécutif du pays s’assure encore davantage de la viabilité des finances publiques et s’impose plus que jamais de mener une politique budgétaire et monétaire conforme aux conditions requises pour l’adoption de l’euro, dernière étape à une pleine appartenance à l’Union européenne.
Il n’est donc pas déraisonnable de prétendre que les perspectives s’agissant de l’évolution des marchés financiers polonais sont résolument prometteuses, d’autant que la Pologne devrait rapidement s’imposer comme carrefour de prédilection en Europe centrale et orientale dans le domaine des fusions-acquisitions, au regard notamment de la permissivité accrue s’agissant des modalités liées à l’investissement direct dans le pays.
Au demeurant, il suffit pour s’en convaincre d’observer que le gotha des cabinets d’avocats internationaux est d’ores et déjà présent à Varsovie, prélude symptomatique à l’adhésion sans doute prochaine du pays à la zone euro qui mettra naturellement un terme au risque de taux de change et aiguisera, dans le même temps, l’appétit des investisseurs du monde entier à l’égard du courant de privatisations dans tous les secteurs d’activités de l’économie que l’on peut raisonnablement, à ce stade, supputer !
Ajoutons qu’avec le lancement par la bourse de Varsovie, à l’été 2007, de « New Connect », un nouveau système de gestion des titres dématérialisés dédié au compartiment des PME et des entreprises de taille moyenne, à forte capacité innovatrice, compartiment qui s’est vu assorti de contraintes d’encadrement allégées par rapport à celles prévalant sur celui du marché régulé, nous nous trouvons au seuil de transformations économiques et financières qui risquent d’être bien plus remarquables encore que celles qu’a entraînées l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne.
Dans la même veine, l’adoption concomitante par le Comité de tutelle de la bourse de Varsovie, d’un nouveau cahier des charges en matière de gouvernance d’entreprise mis en place dès le 1er janvier 2008, ne peut qu’éclairer sur l’aptitude des autorités de surveillance des marchés de cette place financière à prévoir l’avenir, à conjurer tout risque de retournement en favorisant sa liquidité et donc à en maîtriser le développement !
Qui pourrait prétendre que Varsovie serait encore peu outillée pour gérer les conséquences financières de son adhésion à l’Union européenne et à la zone euro au regard de sa capacité – désormais démontrée – à faire coïncider les flux de capitaux avec les propres besoins du pays à long terme ?
A Varsovie comme à Paris, la modernisation a remplacé l’économie d’endettement par une économie financière mixte. Et dès lors que la confiance s’installe, la bourse devient un formidable accélérateur de la capitalisation, un élément de fierté nationale et de dynamique sociale !
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