Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Pologne
 

Un partenariat étroit et dynamique avec l’OCDE

Par S.E.M. Jan Woroniecki, Ambassadeur, Représentant permanent de Pologne auprès de l’OCDE

La Pologne est devenue membre de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) en novembre 1996, près de deux ans après le lancement des négociations d’adhésion, bien qu’elle aurait dû en être l’un des membres -fondateurs. En effet, une place lui était belle et bien réservée dans le cadre du Plan Marshall, sans lequel l’ancêtre de l’OCDE, – l’OECE – par la même l’OCDE n’existeraient pas. Hélas, la victoire des alliés à l’issue de la Deuxième guerre mondiale s’est avérée amère pour notre pays… Mais regardons surtout vers le présent et l’avenir pour ce qui concerne notre appartenance à cette organisation prestigieuse qui a su entrer avec dynamisme dans le XXIème siècle.
L’OCDE n’a pas fait exception au tournant du siècle : comme les autres organisations intergouvernementales, elle cherchait son chemin dans le contexte nouveau de la mondialisation. Et c’est bien dans ce cadre qu’elle a identifié sa mission actuelle. Selon son organe dirigeant, le Conseil de l’OCDE – qui se réunit chaque mois au niveau des ambassadeurs et une fois par an au niveau ministériel – sa vocation dans les années à venir consiste, non sans ambition, à s’affirmer comme un « hub » de la mondialisation, c’est-à-dire de se concentrer sur tous les aspects de ce phénomène à la fois enthousiasmant – et troublant. Il faut admettre que l’OCDE s’est affirmée, notamment depuis l’arrivée du nouveau Secrétaire Général, comme une organisation dynamique et en plein essor. Son évolution récente semble confirmer la thèse que dans la diplomatie du XXIème siècle, le multilatéralisme est appelé à jouer un rôle croissant : bien que personne ne croit ni ne désire l’émergence d’un gouvernement mondial, l’idée d’une gouvernance internationale se trouve, en revanche, à l’ordre du jour. Les organisations internationales, que ce soient des groupements formels ou non des pays (par exemple le G8 et d’autres encore) ou des coalitions ad hoc (comme le « Quartet » au Moyen – Orient), illustrent à mon avis cette tendance. Il en est de même avec l’émergence des nouveaux problèmes globaux comme la menace inquiétante que représente le changement climatique ou encore des crises comme celle des finances internationales qui est survenue il y a quelques mois. Il est presque impossible d’appréhender ces problèmes et encore moins de les résoudre autrement que par une action collective, justement dans un cadre multilatéral.
L’essor de l’Organisation se manifeste aussi au travers de son nouveau Centre de Conférences ultramoderne qui a récemment été inauguré dans le XVIème arrondissement de Paris. Il se traduit également par la décision qui a été prise, lors de la session ministérielle de 2007, de lancer l’élargissement de l’OCDE et par le processus d’engagement renforcé avec cinq grandes économies émergentes. Ces éléments forment un témoignage convaincant de la pertinence de l’action de l’Organisation auprès de ses Etats-membres et de plusieurs autres pays qui coopèrent avec elle, y compris des pays en développement, par le biais de son Comité d’aide au développement et son Centre de développement. La Pologne vient d’ailleurs d’adhérer à ce dernier organisme, faisant preuve ainsi de son intérêt grandissant pour la collaboration avec ces pays. Fort de la préoccupation qu’elle accorde à sa sécurité énergétique et à celle de l’Europe, elle va ainsi adhérer prochainement à l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), après y avoir été invitée en octobre 2007.
On peut toutefois s’interroger sur la perception de la Pologne, à l’égard de l’évolution de l’OCDE. Pays européen et membre de l’UE, elle achève actuellement un processus de transition qui a été difficile et parfois douloureux vers un système social et économique promu dès ses début par l’OCDE et par la Convention de Paris. Selon les dirigeants polonais, notre appui à l’Organisation ne faiblit pas et nous observons avec satisfaction les progrès obtenus grâce aux efforts et à une volonté politique de compromis concernant même des problèmes controversés comme, entre autres, la répartition des coûts de fonctionnement de l’OCDE entre les Etats membres (barèmes des contributions).
Notre appui à l’Organisation s’est manifesté dernièrement par la décision annoncée par le Premier ministre Donald Tusk, de rejoindre fin novembre 2007 le consensus sur les feuilles de route pour les pays candidats à l’adhésion ainsi que sur le lancement des négociations qui doivent permettre d’atteindre ce but. Plus récemment, le Vice-Premier ministre et Ministre de l’Economie, Waldemar Pawlak a rencontré le 7 mars 2008 à Paris le Secrétaire Général Angel Gurría pour discuter avec lui des grandes lignes de la coopération entre la Pologne et l’Organisation.
L’OCDE ne s’ouvre pas souvent et facilement aux nouveaux venus. L’ouverture actuelle résulte de l’analyse qui a été faite de la nécessité que ressent l’OCDE de renforcer son poids en tant qu’organisation internationale. Il existe deux voies pour atteindre ce but. La première est connue : il s’agit d’accepter davantage de pays comme membres ; l’autre consiste à établir des liens plus étroits au moyen d’un engagement renforcé avec les grands pays émergents : l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Indonésie. La Pologne soutient le caractère ouvert de l’OCDE. Chaque pays a en effet le droit de solliciter l’adhésion au sein de l’Organisation. En revanche, les conditions légales et les exigences politiques à remplir par les candidats sont assez élevées, ce dont nous pouvons témoigner au regard de notre propre expérience. Ces conditions doivent être maintenues et rester identiques pour tous les candidats.
Lors de la session ministérielle du Conseil de l’OCDE en mai 2007 les membres de l’Organisation  ont pris la décision de suivre les deux voies mentionnées plus haut. En tant que pays européen et membre de l’UE, la Pologne a soutenu les aspirations de six autres pays de l’Union qui ne font pas partie de l’OCDE, bien que le  compromis définitif n’a permis d’inclure que deux d’entre eux, l’Estonie et la Slovénie, auxquels s’ajoutent les candidatures du Chili et d’Israël. La Fédération russe constitue un cas spécifique. Le Conseil de l’OCDE a en effet promis à la Russie il y a 14 ans que son adhésion serait le but final de l’OCDE, créant ainsi une sorte d’obligation morale envers ce pays. Cependant, la Pologne, comme plusieurs Etats-membres, a exigé comme condition préalable à l’adhésion de la Russie, sa participation comme membre de plein droit à l’OMC dont les autres candidats font déjà partie. Comme tous les membres de l’OCDE, nous attendons désormais le début des négociations avec les cinq candidats et nous souhaitons que chacun d’eux puisse atteindre le niveau d’exigences requis pour intégrer l’Organisation le plus rapidement possible.
La Pologne apporte également son soutien et sa participation active au processus d’examens des pays membres, ainsi que de certains pays non-associés. Portant sur des thématiques bien choisies, ceux-ci sont reconnus comme représentant un instrument majeur consistant à utiliser l’expérience des autres pays selon le principe de « peer pressure ». Actuellement, la Pologne est soumise à deux examens : sur l’économie dans le cadre du forum du Comité des examens économiques (EDRC) et, pour la première fois – sur notre initiative -, sur la politique territoriale / régionale dans le cadre du forum du Comité des politiques de développement territorial (TDPC). Ce dernier examen devrait permettre d’évaluer l’efficacité des structures des collectivités locales dans le domaine de la mise en œuvre de la politique régionale, mais aussi l’efficacité de l’utilisation des fonds structuraux et du fonds de cohésion pour le développement régional, ainsi que leur influence sur la compétitivité des régions.
Les études économiques, quant à elles, présentent la situation économique des pays membres de l’OCDE et constituent la publication phare de l’Organisation. Les rapports reflétant la situation économique polonaise et les recommandations qu’ils contiennent constituent depuis l’adhésion de la Pologne à l’OCDE l’un des éléments clés dans l’essor de l’économie de marché dans notre pays. Ces différentes études analysent avec précision les facteurs qui contribuent au développement de l’économie du pays, mais identifient aussi les défis les plus importants et requérant la poursuite des reformes en vue de garantir une croissance économique longue et durable. Le 23 avril 2008 la Pologne a été soumise au dixième examen de son économie.
Nous sommes en outre attachés à coopérer plus particulièrement avec l’OCDE dans l’un des domaines phare de ses travaux, à savoir les migrations, surtout dans le contexte d’une émigration massive de jeunes Polonais en quête d’emploi sur les marchés de l’UE, mais aussi des flux d’immigrés provenant des pays voisins de l’Est (Ukrainiens, Biélorusses, Russes). Notre pays participe ainsi au projet horizontal              « Managing labour migration to support economic growth ». A la mi-février, le ministère polonais du Travail et de la Politique sociale a accueilli la mission du Secrétariat de l’OCDE travaillant sur la gestion des migrations de la main d’œuvre peu qualifiée, incluant les questions des pénuries sur le marché de travail polonais, des programmes encourageants le retour des immigrés polonais au pays, la régularisation du travail clandestin et la gestion des mouvements migratoires à la frontière polonaise, qui est devenue la frontière orientale de l’UE.  
La Pologne suit également avec intérêt les travaux de l’OCDE dans le domaine des politiques environnementales, surtout celles liées à la problématique du changement climatique et ceci d’autant plus que notre pays préside cette année la XIVème Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (UNFCCC) et la IVème Session des Parties du Protocole de Kyoto (à Poznan, du 1er au 12 décembre 2008, COP14). Le but principal de la Conférence climatique est de favoriser le progrès dans quatre domaines primordiaux liés à la limitation des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation aux changements climatiques, la mise en œuvre des nouvelles technologies et des nouvelles sources de financement. La Conférence de Poznan devrait dès lors marquer une étape décisive en vue de trouver un accord en matière de législation internationale sur les engagements des pays dans ce domaine après 2012 et qui devraient être adoptés à Copenhague en 2009.
La nécessité d’augmenter la sécurité énergétique du pays, qui est un facteur primordial pour le développement de l’économie, a poussé le gouvernement polonais à prendre de nombreuses initiatives, dont celle de solliciter l’adhésion l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Nos efforts en ce sens devraient porter leurs fruits dans les plus brefs délais. Le 3 octobre 2007, la Pologne a ainsi reçu du Conseil de direction de l’AIE une invitation formelle d’adhésion. Le processus de ratification de l’Accord relatif au Programme International de l’Energie, dernière étape de la procédure d’adhésion, s’achève en mai 2008. L’adhésion à l’AIE permettra à la Pologne de bénéficier de l’aide des autres pays membres en cas de perturbation de l’approvisionnement en pétrole et, naturellement, d’assister les autres pays membres dans ce domaine. L’Agence a mis en place un mécanisme permettant aux pays-membres qui subissent des problèmes d’approvisionnement d’accéder à une partie des réserves de pétrole des autres membres.
Le gouvernement polonais cherche à créer les meilleures conditions en Europe pour orienter l’activité économique afin de profiter pleinement du potentiel des Polonais qui forment l’une des nations les plus entreprenantes du continent. C’est pourquoi la Pologne suit avec un intérêt particulier les travaux de l’OCDE dans les domaines de la politique sur l’entrepreneuriat et le développement des petites et moyennes entreprises. Le Ministère polonais de l’Economie a d’ailleurs proposé d’organiser en Pologne, en juin 2009, la session du Groupe de travail sur les PME et l’Entrepreneuriat (GTPMEE) de l’OCDE. Cette proposition a été acceptée par le Secrétaire Général, ce qui est d’autant plus significatif que les sessions organisées en dehors de Paris sont très rares et témoignent de l’appréciation qui est faite du rôle du pays-hôte dans l’Organisation. A l’occasion de cette session du GTPMEE, les premiers résultats de l’examen de la Pologne dans les domaines de la politique en matière d’entrepreneuriat et de développement des PME seront communiqués par le Centre de l’Entrepreneuriat de l’OCDE. Ce sera le premier examen de ce genre, dont la nouvelle formule prendra en compte l’analyse sur l’efficacité de cette politique tant à l’échelle nationale, que locale.
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