La Pologne dans l’Alliance Atlantique : pour une défense des valeurs communes
Par S.E.M. Boguslaw WINID, Ambassadeur, Représentant permanent de Pologne auprès de l’OTAN et de l’UEO
Cela fait déjà presque dix ans que la Pologne fait partie de l’Alliance atlantique. L’année 1999 a marqué la première vague de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est de l’Europe, ce qui a facilité la sortie de mon pays de « la zone grise de sécurité ». L’intégration au sein de l’OTAN nous a offert les garanties indispensables pour notre sécurité et nous a permis de mieux nous ancrer au sein des structures de coopération euro-atlantiques.
Au cours de la dernière décennie au sein de l’Alliance, nous avons eu la possibilité d’appréhender le fonctionnement de l’OTAN ainsi que l’ampleur et la densité des tâches et des défis qui nous attendent. Durant cette période, la Pologne a prouvé à plusieurs reprises sa valeur en tant qu’allié loyal et solidaire, prêt à contribuer à la sécurité commune. Elle s’est dès le début profondément engagée dans les efforts de l’Alliance pour maintenir la paix et la sécurité dans les Balkans. C’est aussi le cas en Afghanistan qui, depuis des années, est perçu comme la principale priorité de l’Alliance sur le plan des opérations de stabilisation.
Depuis son intégration au sein de l’OTAN, la Pologne a mis l’accent sur l’importance qu’elle attache à maintenir la crédibilité des liens entre les alliés et qui fait de l’OTAN une organisation unique permettant aux pays membres de jouir de garanties de sécurité fiables. Bien que les origines et les sources des menaces contemporaines sur la sécurité ne sont plus celles qui prévalaient du temps de la guerre froide, la défense collective qui est inscrite au sein de l’article 5 du Traité de Washington, n’a pas cessé de notre point de vue d’être la vocation principale de l’Alliance. Pour autant, nous sommes conscients que les enjeux contemporains de la sécurité exigent que l’OTAN se dote des capacités nécessaires et s’engage dans des missions qui nous permettront de faire face aux nouvelles menaces et aux nouveaux défis. C’est en fait la recherche d’un équilibre appropriée entre la défense collective d’un côté et les nouvelles missions de l’autre, qui dessine les principaux contours de la vision polonaise concernant l’avenir de l’Alliance atlantique.
Sur le plan opérationnel, c’est la mission de l’OTAN en Afghanistan (FIAS) qui figure actuellement parmi les grandes priorités de la Pologne dans l’Alliance. Comme la plupart des Alliés, nous sommes convaincus que beaucoup dépend du succès de la mission de la FIAS. C’est là, en Afghanistan, que se joue la solidarité entre les Alliés. C’est pour cette raison, compte tenu des carences qui persistent au sein de la FIAS en termes d’effectifs et de matériel, que le gouvernement polonais a récemment décidé d’augmenter sa contribution à la force internationale et d’envoyer 400 troupes additionnelles. Dès cet été, 1 600 soldats polonais serviront ainsi en Afghanistan, aux côtés des contingents des autres pays membres de l’OTAN et des pays partenaires.
La Pologne s’est exprimée à plusieurs reprises en faveur d’une « politique de la porte ouverte » de l’OTAN. Nous sommes toujours convaincus que l’élargissement de l’OTAN contribue à l’augmentation de l’espace de sécurité et de prospérité en Europe. Chaque pays candidat doit cependant remplir certains critères avant qu’une place puisse lui être faite au sein de l’Alliance. C’est pourquoi, nous sommes convaincus qu’il est temps d’envoyer un signal clair à l’Ukraine et à la Georgie, que ces pays ont une perspective euro-atlantique et qu’ils peuvent intégrer l’Alliance dans un proche avenir, après avoir satisfait les critères politico-militaires requis. Selon nous, il aurait été souhaitable de leur accorder un Plan d’action d’adhésion lors du sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Bucarest en avril dernier.
Au nombre de nos priorités dans l’Alliance, figurent également la sécurité énergétique et la création d’un système antimissile de l’OTAN qui pourrait compléter le système antimissile américain. Pour ce qui est de la sécurité énergétique, nous sommes convaincus qu’à partir du moment où l’énergie et la sûreté de l’approvisionnement des ressources pétrolières deviennent un instrument d’influence concernant les pays de l’OTAN, il est nécessaire d’inclure ces questions dans l’agenda des discussions politiques au sein de l’Alliance. A cet égard, la politique de l’Alliance pourrait également intégrer la sécurité des infrastructures essentielles au secteur de l’énergie. La Pologne est par ailleurs intéressée par la finalisation des efforts visant à la création du système antimissile de l’Alliance qui pourrait garantir la sécurité des pays membres contre la menace d’une attaque de missiles provenant de pays « voyous ».
La stabilisation des Balkans n’est pas encore achevée, quoique plusieurs pays de cette région aient beaucoup évolué vers les standards euro-atlantiques, en développant des relations approfondies avec l’Alliance. Il reste néanmoins la question de l’avenir du Kosovo où l’OTAN a toujours un rôle important à jouer pour assurer la sécurité de tous les habitants pendant la période transitoire et au-delà.
La Pologne attache aussi une grande importance au succès du processus de transformation de l’Alliance qui lui permettra de se doter de nouvelles capacités à l’échelle des défis et des menaces contemporaines qui pèsent sur la sécurité, notamment avec la création des forces de réaction rapide. Nous espérons aussi qu’une bonne coopération pourra se développer dans ce domaine avec l’Union européenne. Le partenariat stratégique entre l’OTAN et l’UE dans la gestion des crises représente en effet une valeur en soi, à laquelle nous attachons beaucoup d’importance.
Pour conclure, notre appartenance depuis près d’une décennie à l’Alliance atlantique constitue une expérience positive pour mon pays. Depuis 1999, la Pologne jouit de garanties fiables pour sa sécurité et elle est, pour sa part, prête à contribuer à la sécurité commune. Nous sommes aussi prêts et déterminés à faire en sorte que la vision polonaise de l’Alliance soit reconnue. Nous allons donc œuvrer pour que cette vision se réalise.