Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

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Mongolie-France : faire revivre l’Empire des steppes

Mis au banc de l’histoire mongole durant la période communiste (1921-1990), le grand conquérant Gengis Khan  est revenu en force dans les rues d’Oulan Bator ainsi que dans les mentalités mongoles. En mai 2002, la Mongolie a commémoré le 840ème anniversaire de sa naissance en attendant les festivités de 2006 qui célèbreront le 800ème anniversaire de son intronisation. Elevé au statut d’emblème national, Gengis Khan est « devenu une incarnation des vertus populaires […]»*  et le cœur de l’identité nationale.
Au-delà de cette redécouverte, les autorités mongoles s’attachent depuis l’indépendance le 12 janvier 1992, à renouer avec l’histoire de l’Empire des steppes, tâche à laquelle les archéologues français apportent une contribution décisive. Représentant trois fois la superficie de la France pour 2,5 millions d’habitants, la Mongolie est un pays complètement enclavé entre la Russie et la Chine, qui cherche à faire revivre un passé glorieux, capable de fédérer un peuple soucieux d’affirmer sa propre voix.
La France n’étant qu’un partenaire commercial marginal, malgré le récent engagement de Péchiney dans le marché mongol, c’est dans le domaine culturel et scientifique que les relations franco-mongoles ont pris un nouvel élan. La Mission archéologique française, dénommée « Premier empire des steppes », conduite par M. Jean-Paul Desroches, Conservateur au Musée Guimet, est ainsi à l’origine de découvertes capitales pour l’étude et la compréhension de l’histoire mongole et plus précisément de l’Empire xiongnu. Alors que jusqu’à présent, seule la tombe d’un Empereur xiongnu avait été découverte en 1925, à Noïn Ula, les archéologues français ont mis à jour depuis le début des fouilles en juillet 2000 sur le site de Gol Mod, à 500 km à l’ouest d’Oulan-Bator, quelque 400 tombes xiongnu datant du Ier siècle de notre ère. Les premières fouilles effectuées entre 1994 et 1999 sur le site de Egiin Mol, à l’extrême nord de la Mongolie, avaient déjà permis d’approfondire la connaissance du peuple xiongnu. Contrairement à celles-ci, le vaste chantier de Gol Mod couvrant près de 400 hectares – et comparé aux chantiers qui furent ouverts au XIXème siècle en Egypte et en Sibérie- exhume les tombes d’empereurs xiongnu ou tout au moins de hauts dignitaires et de guerriers. Créée sous l’égide de l’Unesco en 1992, la Mission archéologique française apporte donc une contribution importante pour faire revivre l’histoire d’un peuple nomade dont la gloire et le faste existaient déjà bien avant le grand Gengis Khan. L’Empire xiongnu rivalisait en effet avec l’Empire chinois dès le Ier siècle avant notre ère jusqu’à son éclatement au IIIème siècle après notre ère. Il couvrait à son apogée un territoire compris entre la Sibérie au nord, la Mandchourie à l’est, le fleuve Jaune au sud et l’actuel Kazakhstan à l’ouest. Vingt empereurs, les "shan-yü", se sont succédés à la tête de cet empire, dont les incursions en territoire chinois ont fini par contraindre la dynastie des Han à fortifier les remparts qui allaient constituer la "Grande muraille".  
Avec pour objectif de retrouver les empereurs xiongnu, les travaux de la Mission archéologique française devraient se poursuivre pendant au moins cinq ans durant chaque été. L’exposition organisée au Musée Zanabar d’Oulan-Bator, a déjà dévoilé quelques-uns des trésors découverts à Gol Mod. Son inauguration fut l’occasion pour le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères français, M. Renaud Muselier, de se rendre à Oulan-Bator du 17 au 19 juin 2003, où il a pu renouer le dialogue politique avec la Mongolie. Sa rencontre avec le Président Natsagiin Bagandi lui a d’ailleurs permi d’évoquer la volonté mongole de se démarquer de ses deux puissants voisins chinois et russe tout en favorisant des relations de "confiance mutuelle".  Après l’échange de visite des délégations du Groupe d’amitié sénatorial français en Mongolie en juillet 2002 et du Grand Koural en France en octobre de la même année, la nomination d’un nouvel ambassadeur de France en résidence permanente à Oulan Bator, S.E.M. Nicolas Chapuis, est un signe réel de la volonté commune de renforcer les liens entre les nations française et mongole. Il convient d’ailleurs de noter que si la présence commerciale française en Mongolie est faible et même en recul depuis 2000, les Français avec près de 3000 visiteurs constituent le contingent de visiteurs occidentaux  le plus important et répondent ainsi aux vœux du gouvernement mongol qui a déclaré 2003, l’ "année du tourisme en Mongolie".                  

* Le Figaro, Alain Barluet, “Les pistes de Gengis Khan”, 13/08/03.
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