Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Bulgarie
 

Les corvettes Gowind appelées à renforcer la coopération de défense franco-bulgare

Les discussions étaient déjà bien avancées depuis 2005 entre les autorités bulgares et la société française DCNS pour la fourniture à la marine bulgare de bâtiments aptes à lui permettre de moderniser durablement son équipement et remplir avec un maximum d’efficacité les missions pouvant lui être confiées sous couvert international de l’OTAN, de l’UE ou de l’ONU. Celles-ci peuvent en effet concerner des opérations d’imposition, de maintien ou de restauration de la paix, de contrôle des frontières et des eaux territoriales, de lutte contre le terrorisme et les trafics en tous genres, missions auxquelles prend déjà activement part la Bulgarie. S’ajoutent également les mesures induites au plan régional par le renforcement de la coopération avec les pays riverains de la Mer Noire.
C’est à l’occasion de la visite effectuée par le Président Nicolas Sarkozy en Bulgarie que le Premier ministre bulgare Sergeï Stanishev a annoncé son engagement pour la concrétisation, avant la fin de l’année 2007, d’un contrat d’acquisition auprès de la France de corvettes de type Gowind conçues par DCNS. Idéalement, la proposition française porterait sur 4 bâtiments, sans que ce nombre n’ait été pour le moment confirmé par la partie bulgare. Un groupe de travail franco-bulgare a d’ailleurs été constitué peu après cette déclaration dans le but de finaliser un contrat dans les meilleurs délais. Il convient bien entendu de faire un rapprochement entre l’accélération du processus d’acquisition de ces bâtiments par les autorités bulgares et l’incontestable succès diplomatique obtenu par le Président français dans la délicate affaire des « infirmières bulgares ».
En outre, cette décision ne manquera pas de satisfaire les deux parties, au premier rang desquelles, l’Etat-major de la marine bulgare qui souhaitait pouvoir, sans tarder, être doté d’un équipement répondant à la fois aux critères d’interopérabilité qu’exige son appartenance à l’OTAN et désormais l’UE. Poussé par ses autorités de tutelle, il s’agissait probablement aussi pour l’institution militaire bulgare de pouvoir garantir l’obtention de retombées économiques suffisamment conséquentes et à court terme. Des conditions que seul un contexte politique particulièrement favorable pouvait générer en mettant sur la table des discussions d’importantes compensations industrielles à prévoir, tenant compte des capacités dont dispose la Bulgarie dans les domaines concernés.
Bénéficiant directement des acquis technologiques du programme européen de Frégates Multimissions FREMM développé par la France et l’Italie en vue de constituer le fer de lance des futurs navires de combat des marines des deux pays, les corvettes Gowind de dernière génération sont des navires spécialisés polyvalents conçus pour remplir des missions de défense du littoral, de luttes anti-surface, de prévention, de surveillance maritime avec une capacité renforcée de lutte anti-sous-marine pour la version Gowind 200 la plus élaborée.
D’une longueur de 80 à 103 mètres et d’une largeur de 12 à 14,2 mètres suivant le type (120, 170, 200), la corvette Gowind, servie par un équipage de 52 à 70 personnels est un navire à grande vitesse pouvant naviguer à plus de 30 nœuds. Sa signature radar, thermique et acoustique est très réduite, lui conférant un niveau de furtivité optimal. Le système de combat d’une grande autonomie est construit autour du produit SETIS développé par DCNS avec un système d’autodéfense intégrant des missiles Aster 15 ou Mica-VL conçus par le missilier européen MBDA, filiale d’EADS. Un mât intégré unique abrite un radar multifonctions et supporte l’ensemble des autres capteurs et antennes. La passerelle de navigation offre une vision à 360 degrés grâce à l’échappement des moteurs sous le tableau arrière qui l’affranchissent de cheminées. Le système de propulsion se distingue par une forte puissance et l’usage de water-jets.
Si elle devait se confirmer, la vente à la Bulgarie par DCNS de corvettes Gowind constituerait un premier succès à l’exportation pour ce type de bâtiment ultra-sophistiqué et ouvrirait naturellement la voie à une coopération accrue au plan industriel. Il semble que cette coopération et les accords qui l’accompagneraient bénéficieraient en premier lieu au chantier naval Bulyard Shipbuilding Industry (BSI) situé à Varna, au nord-est de la Bulgarie, sur les bords de la Mer Noire. Il y a en effet de fortes chances pour qu’une grande part des travaux lui soit confiée. Les milieux proches du dossier évoquent d’ailleurs, sans donner plus de précisions à ce stade, un important programme de transfert de technologie. La  répartition de la charge de travail envisagée ferait que la construction de la première corvette serait assurée par la partie française sur le site des chantiers navals de Lorient, tandis que la construction des suivantes  serait en principe effectuée par les chantiers navals bulgares.
Au demeurant, les nouvelles perspectives commerciales qu’ouvre la finalisation à venir de ce contrat se doivent d’être appréciées tant en matière d’exportations que de modernisation de marines, marché porteur et en plein essor au moment où nombre de pays sont en phase de renouvellement de leur flotte, y compris en Europe de l’Est et ailleurs dans le monde. La Bulgarie qui avait déjà signé début 2005 un contrat d’acquisition pour ses forces armées de 12 hélicoptères AS 532 AL Cougar et de 6 AS 565 MB Panther auprès d’Eurocopter pour un montant estimé à 360 millions d’euros, accompagné d’un important programme de formation, confirme en quelque sorte son engagement pour l’Europe de la Défense dont l’Europe de l’Armement constitue aussi le vecteur incontournable. Sans aller jusqu’à évoquer la notion de « préférence communautaire », les choix européen et français de la Bulgarie en matière d’équipement de défense peuvent être considérés comme exemplaires et de nature à grandement l’honorer parmi ses pairs de l’UE. F.B.
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