Par Mme Vessela Gospodinova, Vice-Ministre des Transports de la République de Bulgarie
Dans le cadre des travaux préparatoires pour l’adhésion de la Bulgarie à l’Union européenne (UE) et l’intégration de notre système de transport au système européen, nous avons fait d’énormes efforts au cours de ces dernières années pour introduire et ratifier les normes européennes d’un réseau de transport moderne, écologique et sûr. Nous avons entrepris un travail intense en vue d’harmoniser la législation bulgare avec la législation européenne et nous avons créé les conditions nécessaires pour transformer le secteur des transports et favoriser l’entrée d’un grand nombre de compagnies privées. Ces mesures contribueront également à élever la qualité des services offerts grâce à de nouveaux rapports de concurrence dans ce secteur.
L’accomplissement de l’objectif fondamental de la Bulgarie que représente l’adhésion à l’UE constitue déjà une réalité, mais la réussite de l’intégration de notre pays demeure encore à parfaire dans certains domaines comme l’adaptation du système national de transport au système européen.
La Bulgarie est située au carrefour des Balkans, entre l’Europe et et l’Asie d’une part, et l’Europe du Sud et l’Europe du Nord, d’autre part. Cette situation géographique centrale définit l’enjeu majeur que représente l’intégration de notre système de transport à celui de l’UE et, plus globalement le développement économique de notre pays. Les corridors passant par la Bulgarie sont des routes dont l’utilisation historique est prouvée. Au cours des siècles, la circulation des marchandises et des personnes entre l’Europe et l’Asie s’est traditionnellement effectuée, et s’effectue encore, à travers les cinq corridors paneuropéens qui traversent le territoire bulgare.
Ceux-ci s’inscrivent dans le Réseau transeuropéen de transport, dont le processus de développement est essentiel pour déterminer la prolongation des principaux axes transeuropéens vers les pays et les régions du voisinage de l’UE ainsi que pour définir les projets prioritaires.
L’axe principal Sud-Est reliera, en passant par le territoire bulgare, les Balkans et la Turquie, l’UE au Caucase et à la Mer Caspienne d’une part, et l’Egypte et la Mer Rouge, d’autre part. Des connexions sont également prévues avec l’Albanie et la Macédoine, l’Iran, l’Irak et le Golfe persique. Les principales connexions multi-modales passant par notre territoire sont :
– le Corridor paneuropéen de transport X, embranchement C, reliant Belgrade-Nis-Sofia et à partir de là le tracé du Corridor paneuropéen de transport IV Istanbul-TRACECA
– le Corridor paneuropéen de transport VIII : Bari/Brindisi-Tirana-Skopje-Sofia-Bourgas/Varna
– fleuve Danube-rivière Sava
Les principales autoroutes maritimes sont celles qui conduisent vers la Mer Noire et sa connexion avec la Mer Méditerranée. Elles incluent les connexions des ports de Varna et de Bourgas avec des ports en Ukraine, Russie, Géorgie et Turquie.
La Bulgarie s’engage dans cette perspective à améliorer et à développer les connexions internationales de transport passant par son territoire. Les axes ainsi mis en place et les nombreuses connexions stratégiques qu’accueillent notre pays représentent un très grand atout pour le développement de notre système de transport et confirment encore une fois le rôle de poids de la Bulgarie aussi bien dans le développement du Réseau transeuropéen de transport que pour son extension vers les pays et les régions de notre voisinage. De plus, cet énorme projet suscite un environnement favorable et stimulant, en raison des moyens considérables qu’il requiert.
Le Programme opérationnel sectoriel 2007-2013
Dans ce contexte, un Programme opérationnel sectoriel pour la période 2007-2013 a été adopté pour financer, préparer et mettre en œuvre de grands projets d’infrastructures de transport, qui apparaissent cruciaux pour augmenter la qualité des services de transport et transformer notre système de transport, désormais indissociable du système transeuropéen. C’est le programme opérationnel doté du plus vaste budget en Bulgarie. Il sera cofinancé par le Fonds européen de développement régional et par le Fonds de cohésion de l’UE. Représentant plus de 2,3 milliards d’euros – dont 1,624 milliards d’euros au titre de l’aide des fonds européens -, il illustre bien la place centrale que notre gouvernement accorde au développement des infrastructures de transport.
Plus globalement, l’objectif principal de ce programme est de favoriser la mise en place d’un système de transport durable, qui, pour nous, est la condition préalable à une croissance économique équilibrée et de long terme. Sa réalisation dépend de l’accomplissement de deux objectifs spécifiques : l’intégration du système national de transport dans le Réseau de transport de l’UE et l’équilibre entre les différents modes de transport. Le développement du Réseau transeuropéen de transport permettra ainsi d’accroître les flux de passagers et de marchandises, tandis que la création d’une infrastructure écologique et la construction de chemins de ronde contribueront à l’équilibre environnemental et à l’amélioration de la qualité de vie dans les villes et dans les régions.
Le projet détaillé du Programme opérationnel sectoriel de transport a été officiellement transmis à la Commission européenne au début du mois de mars 2007. Alors que des négociations actives sont actuellement menées avec la Commission, je table désormais sur une approbation du programme très prochainement. Parallèlement, le Ministère bulgare du Transport travaille activement avec les bénéficiaires de ce programme pour préparer les modalités de financement des projets. Conformément aux règlements européens, les bénéficiaires sont responsables de l’exécution des procédures relatives aux appels d’offre et au choix du maître d’œuvre des projets. La législation bulgare dans le domaine des marchés publics est désormais en harmonie avec la législation européenne. Tous les appels d’offre seront ainsi organisés conformément à la Loi relative aux marchés publics et la documentation sera préparée en bulgare. Les annonces du lancement des procédures de sélection seront publiées aussi bien au Journal Officiel bulgare qu’au Journal officiel de l'UE.
Au cours de la période du programme 2007-2013, un certain nombre de projets seront ainsi financés par le Programme opérationnel sectoriel du transport autour d’axes considérés comme prioritaires :
– le développement de l’infrastructure ferroviaire sur les axes transeuropéens et sur les principaux axes nationaux de transport (modernisation du chemin de fer Vidin-Sofia, Sofia-Plovdiv et Sofia-Pernik-Radomir ; électrification et reconstruction de la voie ferroviaire Svilengrad-frontière turque)
– le développement de l’infrastructure routière sur les axes transeuropéens et sur les principaux axes de transport nationaux (E 79 : Vidin – Montana, Kardzhali – Podkova, E 79 : Vratsa – Botevgrad, Autoroute « Struma », Connexion de l’Autoroute « Hémus » avec la dérivation de Sofia)
– l’amélioration de l’intermodalité des transports de passagers et de marchandises (extension du métro de l’hôtel Hémus à la gare centrale et à la gare d’autocars centrale et du complexe résidentiel Druzhba jusqu’au nouvel aéroport de Sofia)
– l’amélioration des conditions de navigation sur les voies maritimes et sur les voies d’eau internes (notamment de la navigation dans la section bulgaro-roumaine du fleuve Danube ; création d’un système fluvial d’information dans la section bulgare du fleuve Danube ; amélioration du système d’information de gestion du trafic de bâtiments navigables).
Les progrès réalisés dans l’exécution d’importants projets d’infrastructure
Le projet de reconstruction, de développement et d’extension de l’aéroport de Sofia compte parmi les projets les plus importants du Ministère bulgare du Transport, dont le financement s’inscrit dans le programme ISPA de l’UE. Il est composé de deux lots – B1 « Nouveau terminal passagers et infrastructure contiguë » et B2 « Nouveau système de piste et travaux qui l’accompagnent ». Ce lot est le premier projet a avoir été achevé avec succès, quelques jours avant l’adhésion à part entière de la Bulgarie à l’UE. L’achèvement de ce projet en 2006 témoigne des progrès réalisés et offre une garantie sur les succès à venir dans la gestion d’autres grands projets d’investissement dans le secteur des transports.
Le nouveau terminal passagers a été quant à lui inauguré lors d’une cérémonie officielle le 27 décembre 2006. Il est doté d’une capacité de 2,6 millions de passagers par an et de 26 000 tonnes de fret par an. Il sert toutes les classes d’avions. Autres atouts significatifs, son degré élevé de sûreté et de sécurité pour les vols de passagers et de marchandises, ainsi que la réduction de l’influence néfaste sur l’environnement. Le bâtiment du nouveau terminal passager est d’une superficie de 50 000 mètres carrés avec un parking d’une capacité de 820 véhicules. Il se caractérise par un grand degré de confort (y compris pour les passagers non autonomes comme les personnes âgées, les mères avec enfants et les personnes handicapées) pour attirer le trafic transitaire et permettre un intervalle de connexion minime entre les différents vols. A l’été 2006, la nouvelle piste de l’aéroport de Sofia a par ailleurs été mise en exploitation. Elle a également été construite avec des moyens publics et par le recours à l’emprunt. Longue de 3 600 mètres et large de 45 mètres, sans compter les bandes latérales de sécurité, elle permet de servir tous les types d’avions. Nous avons ainsi atteint le principal objectif du projet qui est d’augmenter la capacité de l’aéroport de Sofia afin de pouvoir répondre au trafic croissant de passagers et de fret, tout en maintenant des normes satisfaisantes de sécurité et de confort.
La construction d’un nouveau pont combiné (routier et ferroviaire) sur le fleuve Danube reliant les villes de Vidin (en Bulgarie) et Calafat (en Roumanie) constitue un autre projet d’infrastructure vaste et complexe, géré par le Ministère bulgare des Transports. Ce pont est d’une importance clé pour le développement futur non seulement du corridor transeuropéen de transport IV, mais aussi de l’ensemble de l’axe de transport Sud-Est, avec les possibilités de transport combiné qui seront ainsi créées. Il représentera le second point de connexion sur le prolongement du fleuve Danube, le long de 430 km de frontière commune entre la Bulgarie et la Roumanie. La construction de ce nouveau pont combiné et de l’infrastructure qui l’accompagne, permet plus largement de renforcer l’ouverture du réseau de transport bulgare et son intégration dans les réseaux européens de transport, tout en éliminant le goulot d’étranglement que représente la connexion routière manquante du corridor IV.
Le budget global de ce projet qui est assuré par la partie bulgare, la Commission européenne et les institutions financières internationales, s’élève à 226 millions d’euros. L’Agence française de Développement (AFD) participe à la construction du pont avec une aide gratuite d’un montant de 5 millions d’euros. Elle a aussi subventionné une partie des activités préparatoires du projet – notamment le financement gratuit des études économiques, financières et sociales préalables et l’actualisation du coût indicatif du projet et des sous-projets alternatifs. Selon les procédures internationales d’appels d’offre, l’entreprise espagnole FCC Construccion a été choisie, le 30 janvier 2007, pour la conception et la construction du pont principal, tandis que le consortium franco-britannique Ingerop/çigh-Point Rendel, s’est vu attribuer la mission de contrôle et de surveillance de l’exécution de ce projet, dans les conditions du Livre jaune de la Fédération internationale des Ingénieurs-Conseils (FIDIC). D’ici la fin 2007, doivent également être conclus les contrats de réalisation et de surveillance de la construction de l’infrastructure routière et ferroviaire sur la côte bulgare, dont les procédures d’appels d’offre ont été lancées le 20 décembre 2006. Huit entreprises qui ont présenté leurs offres le 21 mai 2007, rivalisent dans ce projet, tandis que huit autres entreprises ont présenté des offres pour la surveillance des travaux de construction.
Le Premier ministre Serguei Stanichev a donné le premier coup de bêche du chantier de la partie bulgare, lors d’une cérémonie solennelle à Vidin le 13 mai 2007. Conformément au plan approuvé de l’exécution du projet, le pont sera achevé dans trente-huit mois et l’infrastructure qui l’accompagne d’ici vingt-cinq mois, pour une mise en exploitation au cours de la deuxième moitié de l’année 2010.
Le projet de reconstruction et d’électrification du chemin de fer Plovdiv-Svilengrad-frontières turco-grecque et l’optimisation du tracé pour permettre une vitesse de 160 km/h, constitue le plus grand projet d’infrastructure actuellement géré par le Ministère du Transport. Représentant un montant total de 340 millions d’euros, il englobe approximativement 150 km de chemin de fer. C’est pourquoi, en vue de sa réalisation, il a été divisé en trois phases. Le contrat de construction d’un chemin de fer et d’électrification de la phase I a été lancé en mai 2006. Les appels d’offre de la phase II ont été lancés à la fin de l’année 2006. Ces contrats doivent être conclus à la fin 2007. Le chemin de fer modernisé améliorera l’accès à la Grèce et au port d’Alexandropoulos. Il fait partie des corridors internationaux IV, IX et X et représente la principale connexion ferroviaire entre la Bulgarie, la Turquie et le Proche-Orient. Le projet intègre d’autres investissements dans le réseau ferroviaire sur le corridor IV en Bulgarie et dans les pays voisins. Il constitue une autre initiative importante pour le développement du système ferroviaire paneuropéen.
Enfin, je tiens à souligner que je suis convaincue que le développement de toutes ces infrastructures de transport apporteront des moyens concrets pour surmonter les écarts de développement et de prospérité entre les différentes régions aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’échelle européenne.