L’économie et l’éducation au cœur des relations franco-arméniennes
Par M. Bernard Piras, Sénateur de la Drôme, Président du groupe interparlementaire d’amitié France-Arménie au Sénat
Après l’éclatement de l’URSS, le Sénat a voulu très rapidement nouer des relations avec les nouveaux Etats indépendants. C’est ainsi que dès 1993, il a jeté un pont avec les trois pays du Caucase méridional à travers un groupe régional d’amitié. En 1996, à l’initiative de quelques sénateurs, a été créé un groupe sénatorial spécifique pour l’Arménie en raison des liens tout particuliers qui nous lient depuis si longtemps avec son peuple.
Depuis, les rapports avec l’Assemblée nationale d’Arménie n’ont cessé de s’enrichir et chaque nouvelle rencontre est une occasion de mieux se connaître, de mieux comprendre les problèmes rencontrés par Erevan, de mieux cerner les actions que le groupe peut initier ou soutenir.
Cette jeune République aux marches orientales de l’Europe était, avant sa renaissance, déjà familière aux Français par sa diaspora pleinement intégrée dans notre société. Mais, au sortir de soixante-dix ans d’annexion à l’empire soviétique, c’est dans sa réalité d’aujourd’hui, en particulier par ses difficultés sociales et économiques mais aussi ses atouts, que ce pays doit être abordé et mieux connu.
Les rencontres du groupe avec des personnalités et responsables arméniens, tant à Paris qu’à Erevan, sont une des voies pour recueillir des informations et suivre les évolutions connues par l’Arménie.
Nos contacts politiques, particulièrement avec nos homologues, nous permettent notamment de noter les développements de l’Etat de droit et la place de la société civile avec qui le dialogue doit être continu pour en connaître les préoccupations, les aspirations mais également pour lui expliquer les problèmes rencontrés par l’Etat, leurs enjeux et les décisions à prendre. Les relations interparlementaires prennent dans ce cadre toute leur importance.
L’économie, clé du développement, soucie également le groupe sénatorial. Grâce à sa forte croissance, le pays s’est développé mais la pauvreté qui a provoqué l’exil de nombreux Arméniens, est encore trop présente ; l’attractivité s’est améliorée même si tous les chantiers ne sont pas encore achevés. En 1998, lors d’une mission en Arménie, la délégation sénatoriale était accompagnée de chefs d’entreprises désireux de développer leurs activités dans ce pays. Ensuite, à deux reprises déjà, en 1999 puis en 2005, le Sénat a organisé, en partenariat avec UbiFrance, un colloque destiné à mieux faire connaître ce pays aux entrepreneurs français, en particulier les potentialités que représente son marché pour les entreprises françaises et permettre à celles-ci de nouer des contacts avec des responsables arméniens.
L’éducation est une autre de nos préoccupations. La formation de la jeunesse est un enjeu vital pour l’avenir du pays : c’est sur elle que, demain, reposera son développement. C’est pourquoi le Sénat a soutenu financièrement l’Université française en Arménie dont j’ai visité le nouveau site lors d’un de mes séjours, en 2005 : elle est aujourd’hui, par la qualité de sa pédagogie, les conditions de délivrance de ses diplômes, une référence dans toute la région. Les échanges avec des jeunes d’autres pays m’apparaissent très enrichissants et facteurs d’enseignements : ainsi, à titre d’exemple, la ville de Bourg-lès-Valence, à travers son comité de jumelage, œuvre inlassablement dans ce sens : par l’envoi de bus qui serviront au ramassage scolaire, par le financement de cours de français (de la maternelle au lycée), par l’offre de mobilier et de jeux d’éveil pour les écoles maternelles, par l’accueil de collégiens arméniens dans les écoles de la ville… Ces projets sont aussi la preuve de l’importance de la coopération décentralisée, remarquable par sa conduite, au plus près du terrain, d’actions concrètes au service de la population.
Nos rapports sont portés par la chaleur de l’accueil qui nous est réservé et l’intérêt manifesté à l’égard de la France. L’Année de l’Arménie, si opportunément dénommée « Arménie mon amie » l’a pleinement démontré. Pour ma part, j’ai connu le bonheur d’assister à l’ouverture solennelle par le Président de la République en septembre 2006 à Erevan, dans un climat de sympathie et de curiosité mutuelles. Le Sénat a marqué cette manifestation en organisant une exposition d'art contemporain arménien à l'Orangerie du Luxembourg,
Je voudrais terminer mon propos en insistant sur notre souci de voir l’entente présider aux relations entre les Etats du Caucase méridional et leur stabilité politique assurée. C’est, en effet, le gage de leur développement économique et social et donc de la prospérité de leurs peuples qui ont déjà tant souffert. En partenariat avec son homologue France-Caucase (Azerbaïdjan et Géorgie), le groupe France-Arménie soutient l’action du Président du Sénat, M. Christian Poncelet, qui a initié en 1999 un dispositif de coopération entre les parlements d’Arménie, d’Azerbaïdjan et de Géorgie : il réunit à intervalles réguliers, sous son égide, ses trois homologues caucasiens. Lors de la rencontre tenue à Versailles en novembre 2004, à son initiative, tous ont accepté de travailler ensemble sur deux thèmes fédérateurs et interdépendants, aux retombées économiques certaines : le développement du tourisme et la mise en valeur du patrimoine. Pour préparer ce vaste projet, le Sénat a financé un audit des capacités touristiques des trois pays du Caucase méridional et l'établissement d'un plan stratégique de développement régional. La conduite de ce travail ne peut que favoriser l'institution de la concorde.
D’autre part, nous suivons avec une particulière attention les efforts du groupe de Minsk, constitué en 1992 au sein de l’OSCE, afin de trouver une solution négociée au conflit territorial du Haut-Karabakh : à cette fin ; les deux groupes sénatoriaux reçoivent régulièrement le co-président français.
N’oublions pas que le pays souffre de son enclavement qui entrave son développement.
Le groupe interparlementaire d’amitié France-Arménie est disponible pour servir cette œuvre de paix afin de rendre aux peuples de cette région si riche d’atouts le goût et la capacité de vivre et travailler ensemble.