Un nouvel élan pour les relations franco-mexicaines
Par M. Pascal Maccioni, Chef de la Mission économique française à Mexico
La rencontre entre le nouveau Président de la République française le 5 juin dernier, trois semaines après son élection, et le Président mexicain a incontestablement imprimé, par sa qualité, la marque d’une relation d’un nouveau type entre nos deux pays.
Le fait que M. Sarkozy ait, dès son premier discours de politique étrangère le 27 août, spécifiquement proposé que le Mexique rejoigne le cercle très étroit des grandes nations de ce début du XXIème siècle -le G8-, l´annonce de la mission dans ce pays du Secrétaire d’Etat français aux Entreprises et au Commerce extérieur, ainsi que la création d’un groupe de travail France-Mexique de personnalités éminentes du monde des affaires, constituent des manifestations incontestables de la volonté de la France d’apporter une vigueur nouvelle à nos relations économiques et commerciales bilatérales.
Ces initiatives sont d’autant mieux venues qu’il existe dans notre pays un déficit d’image de la dimension économique du Mexique d’aujourd’hui (sans doute trop voisin et trop à l’ombre de la première puissance mondiale) qui offre un contraste surprenant avec la reconnaisance universelle dont ce grand pays jouit dans les domaines culturel et touristique.
Or, ce déficit d’image est d’autant plus immérité que, depuis plusieurs années déjà, le Mexique a réussi à se hisser parmi les quinze premières puissances économiques mondiales en terme de PIB, de commerce extérieur, de niveau d’industrialisation… au point d’avoir le privilège, aussi remarquable qu’envié, d’être, à ce jour, le seul pays d’Amérique latine membre de l’OCDE. Et la politique économique menée par le Président Calderon, dont les effets positifs commencent déjà à se faire sentir, est désormais perçue par la plupart des observateurs comme un gage de pérennité, et même de renforcement, d’une situation déjà très favorable de ce pays face aux nouveaux défis de la mondialisation.
La nouvelle approche des autorités françaises à l’égard du Mexique est d’autant plus réaliste qu’elle s’appuie sur un socle de relations bilatérales économiques et commerciales substantiel.
Ce socle est surtout perceptible dans le domaine des investissements directs. La France a été en 2006 le 3ème investisseur étranger au Mexique.
Nos entreprises comptent en effet près de 400 établissements dans ce pays (300 filiales, succursales et bureaux de représentation et une centaine d’établissements dépendants de ces entreprises) qui représentent 60 000 emplois directs.
De fait, la majorité des grands groupes industriels français sont présents et produisent au Mexique. Certaines de ces entreprises, telles que Pernod-Ricard, Danone, Sanofi-Aventis, Schneider Electric, Saint-Gobain, GDF-Suez, Alcatel-Lucent ou Valeo se situent même dans les trois premières de leur spécialité sur le marché intérieur ou sur celui de l’exportation vers les Etats-Unis.
Les grandes entreprises françaises occupent également des positions fortes dans le secteur des services aux entreprises (Sodexho Alliance, Accor), de la beauté et du luxe (L’Oréal, LVMH), mais demeurent des acteurs ne jouant
toujours pas un rôle majeur dans le domaine financier ou encore la grande distribution.
A un niveau intermédiaire de taille d’entreprise, il convient de noter une présence significative dans le secteur des équipements pour l’automobile et dans celui des technologies de l’information et de la communication. Une montée en puissance s’observe dans l’agro-alimentaire et dans les secteurs à haute technologie, en particulier l’aéronautique, la santé, les TIC…
Pour autant, malgré ce socle de présence économique française très appréciable, nos échanges commerciaux ne montrent pas une vigueur à la hauteur du potentiel qu’offre le marché mexicain pour nos entreprises. La part de marché de la France au Mexique (1,2%) est ainsi significativement en retrait de celles de l’Allemagne (3,9%), de l’Italie (1,6%) et de l’Espagne (1,5%).
Ainsi, en 2006 nos exportations n’ont-elles progressé que de 1,2% (pour atteindre un peu plus de 1,6 milliard d’euros) alors que le taux de croissance du PIB mexicain était de 4,8% pour la même période et que nos importations (770 millions) progressaient de plus de 10%.
Et si parmi nos principaux postes d’exportations au Mexique certains ont enregistré une croissance sensible (équipements mécaniques, produits de la chimie, produits pharmaceutiques et de parfumerie…), d’autres accusent un repli également sensible (produits de l’industrie automobile, métaux et produits métalliques, équipements électriques et électroniques…).
La France a certes réalisé avec le Mexique son 11ème excédent commercial mondial pour l’année 2006 (et le deuxième en Amérique latine) avec un montant de plus de 900 millions d’euros, mais celui-ci s´érode depuis deux ans.
De ce point de vue, la présentation par les autorités mexicaines d’un grand plan de développement des infrastructures pour les années 2007-2012 dans les secteurs transport-communication, eau et énergie constitue pour nos entreprises une opportunité de renforcement de notre présence sur ce marché particulièrement attractif dans la mesure où notre savoir-faire et notre expérience dans ces domaines sont internationalement reconnus.
L’ensemble de ces éléments permettent de mesurer tout l’intérêt qui s’attache à redonner un nouvel élan à notre présence commerciale sur ce grand marché en développement. C’est dans ce contexte que la Mission économique de l’Ambassade de France à Mexico mettra en place un nouveau plan d’action sur trois ans (2008-2010) destiné à accompagner, dans le domaine spécifique de nos relations économiques et commerciales, la nouvelle politique de la France à l’égard de ce marché insuffisamment prospecté.