Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Le marché russe l’autre géant à conquérir
 

« Les entreprises françaises sont sans cesse plus nombreuses à venir en Russie »

Par M. Jean-François Collin,
Ministre-Conseiller, Chef de la Mission économique française à Moscou

En Russie, deux missions existent, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, regroupant au total plus de 50 agents. S’agissant de l’appui aux entreprises, la circonscription de la Mission de Saint-Pétersbourg recouvre le District fédéral du Nord-Ouest de la Russie. La Mission de Moscou traite quant à elle les demandes concernant le reste du territoire russe, ainsi que le Belarus. En outre, la Mission de Moscou assume l’ensemble des missions régaliennes pour les 12 pays de la Communauté des Etats indépendants.

La Russie : un des cinq pays pilotes du dispositif « Cap export »
Lancé en octobre 2005, Cap Export, dispositif français d’aide à l’exportation, a pour objectif d’orienter les petites et moyennes entreprises (PME) vers 25 marchés-cibles à fort potentiel de croissance, dont cinq pays pilotes (Inde, Etats-Unis, Japon, Chine, Russie) vers lesquels l’action d’Ubifrance et des Missions économiques a été renforcée. Cap export est orienté en priorité vers les PME qui exportent déjà, mais également celles qui exportent occasionnellement et aussi celles qui ont un potentiel à l’export mais qui n’ont pas encore franchi le pas à l’international. Il vise trois objectifs : favoriser l’emploi à l’export, en particulier celui des jeunes, gagner des marchés à l’étranger et « jouer collectif » à l’export.
Dans ce cadre, afin de mobiliser les entreprises françaises en les informant des potentialités du marché russe, 31 actions d’information sur le marché russe ont été réalisées en France l’année dernière, avec la participation de plus de 500 entreprises (notamment des réunions d’informations organisées avec des chambres de commerce et d’industrie et des fédérations professionnelles, ainsi que des séminaires d’information sur des marchés spécifiques).
En outre, en 2006, les Missions économiques de Russie (Moscou et Saint-Pétersbourg) ont réalisé 82 missions individuelles de prospection pour des entreprises françaises, 26 tests sur l’offre locale, ainsi que 36 prestations individuelles sur devis.
Elles réalisent par ailleurs des fiches de synthèse et des guides-répertoires sectoriels (offre de 70 fiches et 12 guides au 1er janvier 2007) permettant aux entreprises françaises de découvrir l’offre locale et de comprendre le fonctionnement du marché russe.
La promotion de l’offre française auprès des décideurs économiques russes passe notamment par l’organisation d’évènements. En 2006, 57 opérations « collectives » de promotion ont été réalisées en Russie, rassemblant près de 850 entreprises. Outre cinq opérations entreprises dans les régions russes (dont une en accompagnement d’une visite officielle du ministre délégué au commerce extérieur), sept missions multisectorielles de chambres de commerce et d’industrie ont notamment été accueillies, 21 sections françaises ont été organisées sur des salons professionnels, ainsi que 16 séminaires et colloques sur des savoir-faire français.

Relations économiques bilatérales : un potentiel à exploiter
La Russie est notre 15ème client et notre 10ème fournisseur. Elle est aussi notre 4ème plus gros déficit commercial avec 5 milliards d’euros (5 milliards d’euros d’exportations pour 10 milliards d’importations) après l’Allemagne, la Chine et la Belgique.
La France est le 14ème client et le 8ème fournisseur de la Russie (derrière l’Allemagne, la Chine, l’Ukraine, le Japon, le Belarus, la Corée du Sud, les Etats-Unis). Elle se situe entre le 5ème et 10ème investisseur étranger selon les années. Environ 500 entreprises françaises sont implantées en Russie.
L’activité des entreprises françaises est bien orientée avec une croissance de 40% des exportations françaises en Russie en 2006 qui se poursuit au même rythme en 2007. Après des années d’effritement, notre part de marché s’est stabilisée à 4,3% et la croissance des exportations françaises est en phase avec celle du marché russe.
Il y a peu de grands contrats et nos exportations sont d’abord le fait des parfums et cosmétiques, de la pharmacie et de l’automobile (production d’automobiles Renault et bientôt Peugeot en Russie), parfois confortées par des ventes d’airbus ou de Falcon (qui échappent en grande partie à la comptabilisation des exportations françaises en Russie). Le secteur de la construction et des matériaux de construction est important également (grosses opérations conduites par Bouygues à Ekaterinbourg et Moscou, Vinci à Saint-Petersbourg, présence de nombreux cabinets d’architecte français, développement de Saint Gobain et de Lafarge). En revanche, on peut regretter nos performances insuffisantes dans le domaine agroalimentaire.
Quelques grands dossiers de coopération industrielle réussie, avec une forte implication des Etats, sont à mettre à l’actif de notre relation bilatérale. Dans le domaine spatial, l’implantation du lanceur Soyouz à Kourou, largement financée par la France, permettra d’élargir la gamme de lanceurs à disposition des européens. A terme, un nouveau lanceur pourrait être développé en partenariat. Quant au développement de l’avion régional Superjet-100 par Sukhoï, en partenariat avec Snecma et Thales, il n’a été possible que grâce à une avance remboursable mise en place par le gouvernement français et des subventions russes.
S’agissant des investissements directs en Russie, nous nous situons, selon les années, entre la 5ème et la 10ème place. Dans l’autre sens, les investissements russes en France sont encore négligeables, et nous sommes perçus par la Russie comme un pays fermé aux investissements russes.
Au total, on ne peut pas parler de relations privilégiée entre les deux pays au plan économique. Le potentiel industriel et scientifique de la France est mal connu et sous-estimé par la plupart des dirigeants russes qui connaissent mieux nos vins et notre culture. La place occupée par l’Allemagne et maintenant par la Chine en Russie est sans commune mesure avec la nôtre. Mais nous ne sommes pas résignés, et constatons que les entreprises françaises sont sans cesse plus nombreuses à venir en Russie pour participer à la formidable croissance économique qui transforme le pays.

Les Missions économiques françaises en Russie

Il existe dans le monde 156 Missions économiques implantées dans 113 pays. Rattachée à une Ambassade, la Mission économique regroupe les services de la Direction générale du Trésor et de la politique économique du Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Emploi dans un pays donné. C’est l’une des composantes du réseau international de ce ministère, qui comprend, outre les Missions économiques à l’étranger, les Directions régionales du commerce extérieur (DRCE), et Ubifrance, l'Agence française pour le développement international des entreprises, établissement public industriel et commercial.
Les Missions économiques ont deux types de compétences :
– une compétence « régalienne » : analyser la situation économique et financière du pays considéré, ainsi que les conditions d’accès au marché, au bénéfice de l’administration française et des entreprises, contribuer à la définition des propositions de la France et de l’Union européenne sur les questions financières et commerciales au sein des instances multilatérales, et participer à la mise en place de la coopération financière entre la France et le pays de résidence.
– une compétence « d’appui aux entreprises », qu’elles exercent notamment en lien avec Ubifrance : soutenir les efforts commerciaux des entreprises françaises exportatrices, et de celles qui sont déjà implantées localement, participer à la promotion des investissements français dans le pays de résidence, informer les industriels et les administrations locales sur l’offre française et, en partenariat avec l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII), promouvoir la France comme site d’accueil des investissements directs étrangers.

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