Secrétaire général de la Commission internationale des grands barrages (CIGB)
Depuis 1928, la Commission internationale des grands barrages (CIGB) est le principal lieu du partage des connaissances sur les barrages. Elle rassemble des ingénieurs du monde entier, auxquels sont venus progressivement se joindre des économistes, des écologues ou des membres de l’administration publique. La CIGB est une société savante pleinement engagée dans le combat pour le développement durable.
En effet, après avoir joué un rôle essentiel pour le développement de l’Europe et de l’Occident en général durant le XXème siècle, les barrages participent aujourd’hui au décollage des pays émergents. Au début constituée surtout de pays occidentaux, la CIGB est, avec près de 90 pays membres, représentative de l’ensemble de la planète.
La CIGB s’est donnée pour mission d’être la principale organisation professionnelle « visant à améliorer la connaissance technique des barrages et à soutenir le développement et la gestion écologiquement responsables des ressources hydrologiques, afin de faire face à la demande mondiale ». Elle remplit cette mission en disséminant l’information technique au travers de ses publications et de ses congrès internationaux.
80 années de connaissances techniques au service du développement durable
Pour la CIGB, les grands barrages peuvent apporter une aide indispensable à la réalisation des Objectifs du millénaire définis par l’ONU pour lutter contre la pauvreté. En assurant l’approvisionnement en eau potable dont sont privés 1,6 milliards de personnes, en assurant l’irrigation de millions d’hectares de terres arables, mais non cultivées faute d’eau, et en permettant de répondre aux besoins croissants d’électricité produite sans générer de gaz à effet de serre. La CIGB prépare, en collaboration avec d’autres organisations internationales, une déclaration mondiale pour démontrer l’importance des barrages et de l’hydroélectricité pour le développement durable et urgent de l’Afrique. La CIGB a récemment pris la décision d’adhérer aux dix principes du Global Compact. Elle manifeste ainsi son engagement pour le développement durable, auquel les barrages contribuent non seulement par leur rôle crucial pour l’alimentation en eau et en énergie des populations, mais aussi comme instrument de lutte contre le changement climatique qu’ils représentent.
Forum d’échanges de savoir et d’expérience, la CIGB organise tous les ans un symposium dans un pays chaque fois différent, ainsi qu’un Congrès, tous les trois ans. C’est près d’un siècle de connaissance que la CIGB recueille, à la recherche permanente du progrès avec ses 23 comités techniques et ses 500 experts qui planchent sur des thèmes précis.
Saint Petersbourg au centre du monde des barrages
Le dernier symposium de la CIGB a eu lieu en juin 2007 à Saint-Pétersbourg, en Russie. Outre les échanges de ses comités techniques et la traditionnelle réunion exécutive, qui réunit les représentants officiels de 88 pays, un atelier international a fait le point sur les barrages et l’hydroélectricité en Russie et dans les pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Les plus grands experts de Russie et de l’ex-Union soviétique ont participé à la discussion, qui avait pour but de partager l’expérience du développement récent du potentiel hydroélectrique de la Russie et de ses proches voisins, ainsi que d’en dresser le potentiel d’évolution. En 2005, les centrales hydroélectriques de la CEI ont généré 238 TWh, ce qui correspond à 17% du total de l’électricité produite. Il s’agit d’une moyenne sachant que dans trois pays (Géorgie, Kirghizstan et Tadjikistan), les barrages produisant la quasi-totalité de l’électricité. Il reste toutefois un important potentiel économiquement rentable à développer : on estime que les équipements actuels de la CEI ne représentent que 21% du potentiel de production. Les autorités russes et celles des pays voisins ont fait du développement de ce potentiel une priorité. La stratégie consiste à augmenter massivement la production d’électricité par l’hydroélectricité et le nucléaire, afin de réserver le gaz et le pétrole à l’exportation.
La réunion de la CIGB a également été le siège d’un symposium international, consacré à la gestion de la sécurité des barrages et aux rôles respectifs de l’Etat, des compagnies privées et de la société civile dans l’ingénierie, la construction et l’exploitation de grands barrages.
Parmi les nombreuses personnalités présentes, il faut noter le ministre de l’Industrie et de l’Energie, Viktor Krishtenko, le gouverneur de Saint-Pétersbourg Valentina Matvienko et le Président de RAO UES, monopole de l’électricité russe, Anatoly Chubaïs (ancien vice-Premier ministre de Boris Eltsine).
Protéger contre les inondations
Les membres de la CIGB ont pu, durant la semaine, aller visiter le gigantesque ouvrage de protection contre les inondations qui est en train d’être construit dans le Golfe de Finlande. Saint-Pétersbourg subit en effet régulièrement de graves inondations, consécutives à la conjonction exceptionnelle de vents et marées dans la Mer Baltique. Récemment encore, en 1999 et en 2005, le niveau de la mer a augmenté brutalement d’environ 2,5 mètres, envahissant la plupart des rues de la ville, sur plus de 50 km2.
Les Russes ont donc entamé la construction d’une barrière contre les inondations en 1979, mais les travaux se sont interrompus à la fin des années 80, du fait de craintes sur l’impact écologique potentiel de cette barrière. En 1990, après une année de travaux sur les données hydrologiques et écologiques disponibles, une commission internationale d’experts indépendants concluait sans ambiguïté que les structures de protection n’auraient pas d’impact négatif sur l’environnement. Grâce à l’aide de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), les travaux ont repris en 2003 et devraient être finis pour 2012.
L’Europe de l’Est est très active dans le développement des barrages, ce qui explique que le prochain symposium de la CIGB se tiendra de nouveau dans cette région, à Sofia, en Bulgarie, en juin 2008. Suivront la célébration du 80ème anniversaire de la CIGB, qui aura lieu à Paris en novembre 2008 et le 23ème Congrès, qui se déroulera à Brasilia en juin 2009.