Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Le partenariat franco-russe
 

41 ans de coopération franco-russe dans le domaine spatial

Par M. Pierre Frisch,
Conseiller au Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) pour les affaires stratégiques Russie et ex-pays CEI

Après la dernière guerre mondiale, le spatial était un emblème important de la puissance de l’URSS sur la scène internationale. Dans ce contexte de rivalité Est-ouest, le Général de Gaulle a affirmé l’indépendance de la France en coopérant de façon équilibrée avec les deux bords. L’initiation de la coopération spatiale franco-soviétique répondait à cette volonté et s’est traduite par la signature d’un premier accord intergouvernemental le 30 juin 1966 par Maurice Couve de Murville et Andreï Gromyko, à l’occasion de la visite à Moscou du Général.
Cet accord intergouvernemental pour l’étude de l’exploration pacifique de l’espace définissait initialement trois domaines : l’étude scientifique de l’espace, la météorologie et l’aéronomie, et les transmissions par télévision.
Dès lors, la communauté scientifique française a pu profiter des missions spatiales scientifiques russes pour réaliser des expériences de premier plan. Cette coopération scientifique bilatérale, à laquelle sont venus se rajouter, dans les années 80, les vols habités sur Mir puis sur l’ISS, s’est montrée remarquablement pérenne quelles que soient les évolutions politiques. C’est notamment grâce à cette coopération sur les vols habités que la France est restée performante dans les domaines de la physique en microgravité et de la médecine spatiale.
L’extension suivante du champ de cette coopération spatiale a été déclenchée par la chute du mur et ses conséquences économiques.
En effet, la profonde mutation économique entraînée par l’effondrement du système soviétique, et la carence de fonds publics qu'il a engendré, a obligé le secteur spatial à trouver des financements pour sa survie. Le secteur des « lanceurs » qui disposait d’un outil militaro-industriel opérationnel, a pu faire une reconversion rapide dans le domaine concurrentiel des vols commerciaux sur le marché mondial. Pour bénéficier de l’expérience commerciale de l’ouest, les acteurs russes ont mis en place des accords avec des opérateurs occidentaux bénéficiant de la confiance des clients. Cela s’est traduit par des alliances internationales pour exploiter les systèmes de lancement russes existants comme par exemple IlS avec Boeing pour le lanceur Proton ou la plateforme off-shore Sealaunch avec Loockheed Martin pour le lanceur Zenith. La France participe à ce mouvement via Aérospatiale par la création de la société Starsem en 1996 pour l’exploitation commune du lanceur Soyouz.
Cette nouvelle étape dans les relations franco-russes fait l’objet, le 26 novembre 1996, d’un accord intergouvernemental qui étend officiellement la coopération spatiale aux secteurs industriel et commercial. Une période de coopération bilatérale fructueuse sur les applications commerciales du lanceur Soyouz s’amorçe donc avec Starsem et les succès commerciaux qui s’ensuivent.
Précurseur, le CNES avait également créé en 1992 la société DERSI (Développement des Relations spatiales industrielles), une filiale destinée alors à promouvoir les échanges avec le secteur spatial russe.
En 2003, l'axe de coopération stratégique sur les lanceurs commerciaux est fortement « boosté » avec d'une part la décision d’implanter le lanceur Soyouz en Guyane dans une version améliorée pour des lancements dés 2008 et, d'autre part, la mise en place d’une coopération sur la conception des lanceurs futurs dans le cadre du programme bilatéral Oural, dénommé ainsi en mémoire de la célèbre formule du Général de Gaulle parlant il y a 40 ans de l’Europe « allant de l’Atlantique à l’Oural ».
Après la science, les vols habités, les lanceurs, la prochaine étape de l’expansion de la coopération se situera sans doute dans le domaine des satellites, c’est un secteur en plein renouveau en Russie après un long hiver. Les sociétés européennes sont très actives dans ce secteur et ont mis en place des partenariats avec leurs homologues russes.    

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