Par M. Patrice Gélard,
Sénateur de la Seine Maritime, Président du groupe interparlementaire France-Russie du Sénat
La place essentielle et singulière de la Russie sur la scène internationale, les liens étroits qui l’unissent à la France et le vif intérêt que lui portent les Sénateurs font du groupe France-Russie l’un des plus prestigieux, des plus anciens et des plus importants groupes d’amitié du Sénat français.
Fort de 40 membres, issus de toutes les sensibilités, le groupe interparlementaire France-Russie du Sénat répond à sa vocation première, définie au lendemain de la Seconde guerre mondiale, de resserrer les liens avec les parlementaires des pays amis et de contribuer ainsi au renforcement des relations politiques entre les deux pays.
Depuis quelques années, il s’est également assigné pour mission de promouvoir le bicamérisme, de développer la coopération décentralisée, de contribuer au renforcement de la présence économique de la France en Russie et de favoriser les échanges culturels et la coopération universitaire entre les deux pays.
Des liens interparlementaires d’amitié dynamiques
Comme le suggère sa dénomination, le groupe sénatorial a pour mission de développer les liens d’amitié franco-russes, grâce à des contacts personnels noués à l’occasion de déplacements à l’étranger ou de la réception en France de délégations étrangères. Ces rencontres constituent autant d’occasions d’information et de dialogue qui favorisent un rapprochement des points de vue, une meilleure compréhension mutuelle.
Le groupe entretient ainsi des contacts réguliers avec les parlementaires de la Douma et du Conseil de la Fédération de Russie. De nombreuses délégations sont accueillies chaque année au Palais du Luxembourg. Une délégation du Conseil de la Fédération, conduite par son Vice-Président, M. Dimitri Mezentzev, a ainsi été reçue à Paris et au Havre à la fin 2006, de même qu’une autre délégation venue discuter de l’évolution de l’énergie nucléaire en France et en Russie.
Si les sénateurs ont pour interlocuteurs privilégiés les parlementaires, ils s’entretiennent régulièrement avec d’autres acteurs essentiels de la vie politique, économique, sociale et culturelle de la Russie : ministres, responsables locaux, entrepreneurs, journalistes, universitaires…
Une participation active au renforcement des relations politiques
Le groupe d’amitié entretient des relations étroites avec l’ambassade de Russie en France et l’Ambassade de France en Russie. Ainsi, l’Ambassadeur de Russie en France se rend régulièrement (au moins une fois par trimestre) devant les sénateurs membres du groupe d’amitié pour évoquer l’évolution de la situation intérieure de la Russie et sa politique étrangère. De même, chaque déplacement du groupe d’amitié en Russie (environ une fois par an) bénéficie du soutien précieux de l’Ambassade de France en Russie. Ces contacts privilégiés peuvent parfois permettre au groupe d’amitié de résoudre de délicats problèmes rencontrés par les citoyens, notamment en matière de visa ou d’adoption.
La coopération décentralisée : espace d’échanges à promouvoir
Conscients du rôle majeur des collectivités territoriales dans l’enracinement de la démocratie, l’aménagement du territoire et le développement économique, les membres du groupe d’amitié France-Russie, qui sont souvent eux-mêmes des élus locaux, portent une attention toute particulière à la promotion de la coopération entre les collectivités françaises et russes. Cette ambition semble partagée par leurs homologues qui, du Gouverneur de la région de Novgorod au Président de l’Assemblée de Toula, expriment à chaque visite leur désir de voir se conclure des jumelages.
Cette volonté s’est concrétisée avec les premières rencontres sur le développement de la coopération décentralisée entre les collectivités territoriales russes et françaises, qui se sont tenues au Sénat le 15 février 2007. Organisées par le groupe d’amitié France-Russie du Sénat, le ministère des Affaires étrangères et l’association Dialogue Franco-Russe, elles ont réuni, sous le haut patronage du Président du Sénat, M. Christian Poncelet, de nombreuses personnalités russes et françaises, notamment le chef de l’administration présidentielle, M. Sergueï Narychkine, le Vice-Président du gouvernement de la Fédération de Russie, M. Dimitri Mezentzev, le Vice-Président exécutif de Dialogue Franco-Russe, M. Sergueï Mndoyants, et, côté français, le Ministre délégué aux Collectivités locales, M. Brice Hortefeux et M. Louis Schweitzer, co-Président de Dialogue Franco-Russe. Ces rencontres ont permis de faire le point sur l’état actuel de la coopération décentralisée entre la Russie et la France et de susciter de nouveaux liens de coopération décentralisée entre les collectivités territoriales mais également avec le monde de l’entreprise.
Renforcer la présence économique française en Russie
Le groupe France-Russie entend contribuer au développement des relations économiques franco-russes. Les sénateurs, qui exercent fréquemment des responsabilités locales, jouent un rôle précieux d’intermédiation, de relais entre les entreprises, les collectivités territoriales et les autorités nationales des deux pays. Actuellement l’investissement direct étranger se porte sur un nombre limité de régions, grandes métropoles et zones de production pétrolière essentiellement, et en particulier Moscou et ses environs. Or, les régions de Russie constituent des acteurs majeurs du développement économique du pays et semblent désireuses d’accueillir les capitaux étrangers.
Chaque rencontre avec des personnalités russes est donc mise à profit pour s’enquérir des possibilités d’investissement des entreprises françaises et les favoriser. Le souci de promouvoir la présence française en Russie, commun à l’ensemble des sénateurs, se traduit également par une participation active aux colloques, forums et séminaires économiques qui se tiennent en France ou en Russie. Le Sénat organise ainsi régulièrement, en collaboration avec Ubifrance, qui joue un rôle de premier plan dans ce domaine, des colloques afin de mettre en contact les responsables économiques et politiques des deux pays.
La coopération culturelle et universitaire : un atout à valoriser
Enfin, le groupe interparlementaire France-Russie encourage, dans la mesure de ses possibilités, les initiatives destinées à rapprocher les cultures française et russe, qu’il s’agisse d’expositions d’œuvres d’art ou de la réalisation de films. Il a ainsi apporté son soutien au projet de tournage d’un documentaire consacré à l’histoire de l’escadrille Normandie-Niémen, à travers l’opération de sauvetage d’un « yak » soviétique englouti depuis 1943 dans un marécage de la région de Smolensk. Grâce à cet appui, le réalisateur a obtenu un bon accueil en Russie et a pu mener à bien son projet.
La coopération culturelle entre la France et la Russie est très dynamique. Le tricentenaire de Saint-Pétersbourg en mai 2003 a été l’occasion de rappeler les liens culturels forts unissant la France et la Russie, liens dont Saint-Pétersbourg, ancienne capitale, fût longtemps le témoin. En 2004, l’accent a été mis sur la politique du livre avec la participation de la Russie aux manifestations « Belles étrangères » en novembre et son invitation au Salon du Livre de mars 2005. La France a été à son tour invitée d’honneur du Salon international du Livre de Moscou en 2006. Enfin, le Musée d’Orsay a accueilli une exposition sur l’art russe de la seconde moitié du XIXème siècle tandis qu’une présentation d’œuvres du Musée d’Orsay a eu lieu à Moscou et Saint-Pétersbourg cette année.
On peut cependant regretter la mauvaise situation actuelle concernant l’apprentissage réciproque des langues russe et française. Actuellement, seuls 5,5 % des élèves russes choisissent le français, tandis que l’apprentissage du russe est en recul en France. La nouvelle loi russe sur l’Education qui prévoit l’apprentissage d’une seconde langue devrait toutefois bénéficier au français.
La coopération universitaire et les échanges d’étudiants mériteraient également d’être fortement développés. Alors que la Russie fait partie du processus de Bologne et qu’elle a réformé son système d’enseignement supérieur autour du cursus Licence Master Doctorat, la France accueille aujourd’hui environ 2 300 étudiants russes, ce qui paraît nettement insuffisant. C’est la raison pour laquelle il me paraît indispensable de renforcer les échanges d’étudiants et la coopération universitaire afin de créer un véritable « espace européen d’enseignement supérieur ».
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