Approfondir les champs de la coopération franco-azerbaïdjanaise
Par M. Ambroise Dupont, Sénateur du Calvados, Président du groupe interparlementaire France-Caucase et Président délégué pour l’Azerbaïdjan
Le groupe sénatorial France-Caucase que j’ai l’honneur et le grand plaisir de présider depuis octobre 2001, est composé de sénateurs qui ont volontairement choisi d’y adhérer, animés par l’intérêt qu’ils portent à ce pays et à la région qui l’entoure.
Créé au Sénat en 1993 soit à peine deux ans après l’indépendance de l’Azerbaïdjan, ce groupe (qui s’articule en deux présidences déléguées, l’une pour l’Azerbaïdjan, l’autre pour la Géorgie) s’est attaché dès l’origine à développer et approfondir la connaissance en France de cette jeune république caucasienne et les relations entre les deux pays.
Il s’efforce, tout d’abord, en permanence de conforter les relations interparlementaires – sa vocation première – par des échanges réguliers entre le Sénat et le Milli Mejlis. Les visites que les délégations ont effectuées à Bakou leur ont permis, par des contacts nombreux, et au plus haut niveau de l’Etat, telles les audiences accordées par l’ancien Président de la République M. Heydar Aliev, de percevoir au fil des missions l’évolution du pays. En 2002, ces rencontres officielles ont été également l’occasion pour les sénateurs français de participer à la cérémonie de lancement des travaux de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Parallèlement, le groupe a accueilli à Paris des députés azerbaïdjanais en 1999, 2000 et 2003.
En janvier 2003, le nouveau Président azerbaïdjanais, M. Ilham Aliev, nous a fait l’honneur et l’amitié de se rendre en France pour sa première visite officielle dans ses nouvelles fonctions. Il a naturellement été reçu au Sénat.
Ces contacts politiques sont amplifiés par la tradition d’accueil du groupe qui organise des rencontres avec les personnalités azerbaïdjanaises de passage à Paris, autant d’occasions supplémentaires de nouer des liens et de recueillir des informations.
Mais nous avons toujours souhaité dépasser ce seul niveau politique pour mieux faire découvrir en France ce merveilleux pays, aujourd’hui encore trop méconnu de nos concitoyens, et contribuer à renforcer la coopération bilatérale.
Tout d’abord en matière économique, clé du développement et de l’élévation du niveau de vie de la population. A deux reprises déjà, en 1999 puis en 2002, le Sénat a organisé, en partenariat avec le Centre français du commerce extérieur (CFCE), un colloque destiné à permettre aux entrepreneurs français de mieux percevoir les atouts économiques et humains de l’Azerbaïdjan et les transformations de son environnement juridique, financier et fiscal. La France est aujourd’hui parmi les principaux partenaires commerciaux de l’Azerbaïdjan. En décembre 2002, le Ministre azerbaïdjanais du Développement économique, M. Farkhad Aliev, nous avait fait l’honneur de venir lui-même présenter son pays. Avec l’aide de la Direction régionale du commerce extérieur de Normandie, nous avons organisé en novembre 2003 une rencontre sur l’Azerbaïdjan à la CCI de Caen à laquelle ont participé des entreprises locales. J’ai également présidé une table ronde sur les perspectives économiques en Azerbaïdjan en mars 2004 au CFCE.
Le second grand sujet de nos préoccupations est la culture. C’est un vecteur de compréhension et de dialogue entre les peuples ; la richesse artistique de l’Azerbaïdjan mérite, de plus, d’être mieux connue des Français. Mon prédécesseur, M. Jean Boyer, ancien Sénateur de l’Isère, a invité à de nombreuses reprises des musiciens azerbaïdjanais dans le cadre du Festival Berlioz qu’il préside : en présence du Ministre de la Culture, M. Polad Bulbuloglu, l’Orchestre symphonique d’Azerbaïdjan, sous la direction de M. Raouf Abdoullayev, s’est ainsi produit en août 2001 avec en soliste le pianiste Farkhad Badalbeyli.
Pour ma part, j’ai impulsé avec le soutien de la Présidence du Sénat l’organisation d’une exposition de peintres azerbaïdjanais contemporains qui se déroulera du 28 août au 18 septembre 2004, à l’Orangerie du Palais du Luxembourg. En effet, lors de mes précédents séjours à Bakou, j’ai rencontré quelques-uns de ces artistes et découvert avec grand intérêt leurs œuvres. Un autre sujet de satisfaction est pour moi l’ouverture à l’automne d’un centre culturel français à Bakou pour lequel je me suis beaucoup investi. Grâce à l’implication du Président Christian Poncelet, d’importantes subventions du Sénat ont pu être attribuées à la réalisation de ce projet.
Nous nous préoccupons également d’un domaine fondamental pour le développement des sociétés modernes et le mieux-être des peuples : la préservation de l’environnement. Ce sujet a été étudié par le groupe, au cours de son dernier déplacement qui lui a permis de recueillir de nombreux éléments d’information en même temps qu’il lui a offert l’occasion, grâce et avec M. Husseingoulou Baguirov, Ministre de l’Environnement, de découvrir les magnifiques réserves naturelles du sud du pays. En 2003, la délégation sénatoriale s’est aussi intéressée à la question du développement touristique avec notamment M. Aboulfaz Garaev, Ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme.
Dans le même esprit, grâce aux efforts conjoints de mes nombreux interlocuteurs, une jeune étudiante en pharmacie de l’Université de médecine de Bakou a pu accomplir durant plusieurs mois un stage technique de haut niveau sur le traitement de l’eau au laboratoire départemental du Calvados. Un étudiant en économie a été accueilli dans une grande banque française pour un stage sur les marchés financiers. La formation de la jeunesse représente à mon sens un enjeu fondamental. C’est elle qui façonnera le monde de demain. Chaque fois que je le peux, je m’attache à faciliter l’obtention de stages en France pour des jeunes, étudiants ou professionnels, dont la formation sera déterminante pour le développement de l’Azerbaïdjan. Le groupe France-Caucase a également encouragé les étudiants azerbaïdjanais de Paris à se constituer en association déclarée afin de promouvoir leur pays et l’amitié entre nos deux peuples.
Nous avons donc devant nous de vastes champs de coopération avec notre partenaire. Je me réjouit d’ailleurs du projet de site Internet du groupe France-Caucase du Sénat – hébergé par le site du Sénat – qui va trouver son aboutissement prochainement. Il servira, notamment, à faire connaître nos activités et offrira des informations sur les pays du sud Caucase aux personnes intéressées par ces régions.
Je ne saurais conclure mon propos sans mentionner le soutien apporté par le groupe à l’action du Président du Sénat en faveur de la paix dans le Caucase. Attaché à la création d’un climat de concorde entre les Etats du Caucase méridional et à leur stabilité politique, conditions indispensables à leur développement économique et social, le Président Christian Poncelet a initié en 1999 un dispositif de coopération entre les Parlements d’Arménie, d’Azerbaïdjan et de Géorgie, et réunit à intervalles sous son égide ses trois homologues caucasiens.
D’autre part, nous suivons avec une particulière attention les efforts du « Groupe de Minsk », constitué en 1992 au sein de l’OSCE, afin de trouver une solution négociée au conflit territorial du Haut-Karabakh. Le groupe France-Caucase a d’ailleurs reçu au Sénat le co-président français du « Groupe de Minsk ».
Le groupe sénatorial France-Caucase a le souci constant de se mettre au service de cette œuvre de paix pour que les peuples de cette magnifique région retrouvent le goût et la capacité de vivre et travailler en bonne entente.