Frappant les Etats-Unis de l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire, les attentats perpétrés par Al-Qaïda le 11 septembre 2001 ont bouleversé l’Arabie saoudite. 15 Saoudiens parmi les 19 terroristes étaient impliqués dans l’opération. Le royaume est depuis lors devenu la bête noire des médias occidentaux qui l’accusent d’avoir créé les Talibans, d’être lié à Al-Qaïda et de favoriser la propagation de l’idéologie meurtrière de cette organisation, le « wahabisme ». Devant les étudiants de l’Université de Westminster, le docteur Ghazi Al Gosaibi, alors Ambassadeur d’Arabie saoudite en Grande-Bretagne, actuel Ministre du Travail, soulignait en juillet 2002 les dangers de ces « mythes » qui ne font qu’accroître le fossé entre l’Occident et le monde musulman.
La plus récurrente de ces accusations attribue l’extrémisme des terroristes au « wahhabisme », qui serait le courant de l’Islam pratiqué et enseigné en Arabie saoudite. Or, les Saoudiens rejettent ce terme, l’Islam sunnite ne comptant que quatre écoles qui se reconnaissent de la Sunna (la tradition) mais qui diffèrent sur l’interprétation juridique et la place du jugement humain dans l’application de la loi islamique : les écoles malikite, chaféite, hanafite et hanbalite. C’est de cette dernière que Mohammed Ibn Abdel Wahab s’est inspiré au début du XVIIIème siècle pour professer une doctrine, aujourd’hui associée au terrorisme islamique, mais qui n’a pourtant aucune valeur dans le spectre des courants de pensée de l’Islam sunnite.
Déjà partie prenante dans les efforts de la communauté internationale contre la prolifération du terrorisme, l’Arabie saoudite a engagé un véritable bras de fer contre cette menace d’autant plus intense que les attentats du 18 mai et 8 novembre 2003 à Riyad ont fait du royaume une des cibles de l’organisation dirigée par Oussama Ben Laden. Lors de la réunion du Conseil des ministres à Djeddah le 16 juin 2003, le Roi Fahd et le Prince Héritier Abdallah ont évoqué la « guerre » terroriste qu’il faut affronter « pour défendre l’unité et la stabilité » du royaume. Les autorités saoudiennes multiplient en effet les opérations pour démanteler les réseaux terroristes présents dans le royaume. Depuis le 11 septembre, de nombreux individus suspectés d’être liés au terrorisme ont été arrêtés. En mars dernier, Khaled Ali Haj, suspecté d’être le chef d’Al Qaida pour la péninsule arabique, a notamment été éliminé.
D’importantes mesures ont également été prises pour démasquer et éradiquer les sources de financement des réseaux terroristes et qui ont conduit à saisir plus de 5 millions de dollars. Preuve de la forte coopération entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis dans cette lutte, les deux pays ont soumis depuis 2002 au Comité des sanctions des Nations unies une liste de 10 personnalités impliquées dans des activités de soutien financier aux groupes terroristes. En mars 2002, les comptes de Wa’el Hamza Julaidan, un associé d’Oussama Ben Laden ont été bloqués ainsi que ceux des branches bosniaques et somaliennes de la Haramain Islamic Foundation, basée à Riyad. En janvier dernier, les deux pays ont conjointement interrompu les sources de financement de quatre autres branches de cette organisation en Indonésie, au Kenya, en Tanzanie et au Pakistan. Surtout, à l’automne 2003, ils ont créé une Force commune de lutte contre le financement du terrorisme, permettant à des agents du FBI et de l’IRS d’avoir un accès sans précédent à des comptes saoudiens et à d’autres informations.
L’Arabie saoudite a en outre adopté des mesures pour palier aux vulnérabilités de la zakat, tradition et devoir de charité des musulmans aux pauvres, comme l’obligation d’ouvrir des compte pour les activités caritatives en Riyals, un contrôle renforcé de l’identité des dépositaires de ces comptes ou l’interdiction de transférer les fonds de ces derniers en dehors du royaume. Les contributions en espèces dans les mosquées locales ainsi que les urnes pour la collection de dons dans les petits centres commerciaux ont également été interdites.
La lutte contre le terrorisme passe également pour Riyad par l’association des intellectuels, des imams et de l’ensemble de la société saoudienne dans la lutte contre l’extrémisme. Cette œuvre, si elle est déjà pleinement engagée, se promet d’être ardue et de longue haleine à en juger par les attentats visant le 21 avril dernier le quartier général de la police de Riyad et fin mai 2004, celui de la prise d’otages meurtrière d’Al-Khobar dont le dénouement ne s’est produit qu’après intervention des forces spéciales saoudiennes. C.H.
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