Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Arabie Saoudite
 

L’ouverture politique de l’Arabie saoudite

La tenue d’élections municipales partielles prévues à l’automne prochain en Arabie saoudite, marquera la première initiative du processus de réformes politiques et sociales que le Roi Fahd s’est engagé à mettre en œuvre devant le Conseil consultatif saoudien, le Maijlis al-Choura, en mai 2003. A l’invitation de l’Assemblée nationale, une délégation de quatre représentants de cette assemblée consultative conduite par M. Mussad al-Angari, ancien maire de Riyad, s’est rendue à Paris du 17 au 19 mai dernier pour expliquer aux parlementaires français les perspectives du profond mouvement de réforme que s’efforce de mettre en œuvre le royaume.
Ces élections, les premières organisées dans le royaume, portent sur l’ensemble des conseillers municipaux, mais n’en soulèvent pas moins un certain nombre de questions sur les aspects de l’organisation sociale du royaume, comme la place de la femme dans la société saoudienne ou celle des minorités religieuses. Pour la première fois, des représentants chiites et des femmes ont ainsi été invités à participer au « dialogue national » institué à l’été 2003 par le Prince Héritier Abdallah pour confronter les visons des conservateurs et des progressistes saoudiens sur les réformes à introduire dans le royaume et dont le but sur le plan politique, consiste à élargir la vie politique à la société civile. Ces élections constituent surtout un premier cap à franchir pour l’élection du Maijlis al-Choura, dont les membres sont jusqu’à présent tous désignés.
Réminiscence du conseil consultatif accordé par Ibn Saoud en 1926 aux habitants du Hedjaz, le Maijlis al-Choura a été réhabilité en 1992 par le Roi Fadh après les tentatives avortées du Prince Tala Ibn Abdelaziz à la fin des années 50 et du Prince Fayçal en 1962. Sous l’impulsion du Prince Héritier Abdallah, le nombre de ses membres a été doublé en 2001, passant de 60 à 120, et ses prérogatives accrues dans le domaine économique et social. S’il ne dispose d’aucun pouvoir législatif, celui-ci contrôle l’action du gouvernement et ses avis sont en général entendu. En janvier 2003, le Maijlis al-Choura a ainsi rejeté par 73 voix un projet de loi sur la création d’un impôt sur le revenu concernant les travailleurs étrangers. C’est également à son initiative que le débat sur la réforme de l’éducation a été engagé. Depuis peu, l’Arabie développe également à travers celui-ci des relations avec les autres parlements du monde, comme en a témoigné la visite à Riyad en février 2003 d’une délégation de l’Assemblée nationale française conduite par le Président du Groupe d’Amitié France-Arabie saoudite, Jean-Louis Bernard. Dans la perspective d’un accroissement de ses attributions, le Maijlis al-Choura constitue donc l’embryon d’un parlement saoudien.
Dans un contexte relativement instable marqué par l’apparition brutale de la menace terroriste dans le royaume en mai et en novembre 2003, par les appels pressant à la réforme et par la crise irakienne, le Prince  Héritier Abdallah s’est néanmoins prononcé en janvier dernier, en faveur d’un processus graduel et modéré, dans le respect de la loi islamique, la Charia, qui demeure le fondement du système politique et social saoudien. Sa principale préoccupation est en effet de préserver la stabilité du tissu social saoudien. Pour l’heure, la formation récente d’un Comité national pour les Droits de l’Homme et d’un Comité pour la Femme témoigne de la réelle volonté de réforme qui anime aujourd’hui le gouvernement saoudien mais dont la complexité et les divisions sur la méthode à suivre, le contraignent à procéder par étape. C.H.
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