Par M. Michel Dreyfus-Schmidt, Sénateur du Territoire de Belfort, Vice-Président Honoraire du Sénat, Président du Groupe Interparlementaire d’amitié France-Caraïbes
Le Groupe d’amitié
Traditionnellement existait au Sénat un groupe d’amitié France-Cuba, membre d’un inter-Groupe France-Amérique du Sud qui a été réorganisé en 1996 en trois nouveaux groupes équilibrés : France-Amérique Latine stricto sensu, France-Amérique Centrale, France-Caraïbes.
Le Groupe Interparlementaire France–Caraïbes compte cinquante-quatre sénateurs, membres de tous les groupes représentés au Sénat, représentants de nombre de départements de métropole et d’Outre-Mer ainsi que des Français établis hors de France.
Le rôle des groupes d’amitié interparlementaires, dans les deux Assemblées, est de favoriser les rencontres entre les parlementaires français et ceux d’un pays étranger ou d’une région du monde, dans un but de meilleure connaissance réciproque des problèmes et d’amélioration ou d’approfondissement des relations entre les peuples.
La création d’un groupe d’amitié spécifiquement dédié aux pays des Caraïbes, propre au Sénat, couvre les pays des grandes et des petites Antilles : Cuba, Haïti, la République Dominicaine, la Jamaïque, Porto-Rico, les Iles Vierges, Antigua et Barbuda, la Dominique, Trinité et Tobago, les Bahamas, Saint Vincent et les Grenadines, la Grenade, Sainte-Lucie, Aruba, Saint Christophe et Nevis, la Barbade, pays où l’on parle l’espagnol, l’anglais et … le français.
Activités, rencontres : un resserrement des liens et une meilleure connaissance mutuelle
Les relations du Groupe sont denses avec Cuba.
Trois délégations du groupe d’amitié se sont, depuis 1996, rendues dans ce pays : le premier voyage, en février 1997, nous a conduits à Cuba (ainsi qu’en Jamaïque et en Haïti) où nous avons eu des entretiens avec plusieurs membres du Gouvernement, des parlementaires cubains, diverses personnalités et, « last but not least », le Président Fidel Castro.
Le deuxième déplacement, en octobre 2000, a permis à la délégation d’approfondir ses relations avec le Comité Cuba-France de l’Assemblée nationale du Pouvoir Populaire. Puis, à La Havane, un protocole d’accord sur la coopération interparlementaire entre les deux pays a été signé, au nom du Sénat, le 12 décembre 2000 par le Président Christian Poncelet, qui avait bien voulu m’inviter à l’accompagner.
Le troisième voyage a permis à une nouvelle délégation du groupe, en février 2002, de participer à la Foire du Livre de La Havane qui mettait à l’honneur le Président du Comité Cuba-France, M. Miguel Barnet, lui-même écrivain, grand amateur et connaisseur de la littérature française. La suite de ce voyage nous a conduits à Puerto-Rico, si proche de Cuba par beaucoup d’aspects et si différent dans ses choix d’organisation politique, économique et sociale.
De nombreuses rencontres ont eu lieu à Paris.
Parmi les autorités cubaines en visite en France, le groupe d’amitié a accueilli M. Carlos Lage Davila, Vice–Président du Conseil d’Etat, en septembre 1998, S.E.M. Felipe Perez Roque, Ministre des Relations Extérieures de la République de Cuba, en janvier 2000 et le Président de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire de la République de Cuba, M. Ricardo Alarcon de Quesada, en septembre 2001.
Il a reçu à plusieurs reprises des ministres cubains, notamment ceux chargés des affaires économiques, du tourisme ou du commerce extérieur.
Il a eu des contacts avec des autorités locales : en particulier l’ancien maire de La Havane, M. Conrado Martinez Corona, en mars 1999.
Depuis 1998, ces très nombreuses et fréquentes occasions de contact ont été organisées avec l’aide, ô combien ! active, dynamique, efficace, imaginative et conviviale, de l’ambassadeur de Cuba à Paris, Son Excellence M. Eumelio Caballero Rodriguez : elles ont fortement contribué à l’amitié traditionnelle entre nos deux peuples, au-delà des divergences politiques toujours analysées avec la plus grande franchise, et à la connaissance des atouts et des handicaps des uns et des autres.
Des réunions de travail au Sénat ont permis d’écouter le point de vue des personnalités politiques cubaines de passage à Paris et d’examiner en commun des problèmes particuliers, parfois délicats.
Sur le plan culturel, pour la récente manifestation de la commémoration de la naissance de José Marti, un concert a été donné, en décembre 2003, par le pianiste cubain Victor Rodriguez dans les salons de la Présidence du Sénat, sous l’égide du Groupe d’amitié.
A deux reprises, en novembre 1999 puis en juin 2001, de hauts fonctionnaires du Parlement cubain sont venus en stage en France, en application des accords de coopération signés entre les deux Assemblées. Ces stages ont comporté, outre la découverte du fonctionnement du Sénat, celle de collectivités territoriales provinciales : d’une part, dans le Territoire de Belfort, que j’ai l’honneur de représenter au Sénat, d’autre part, dans la Drôme.
Bilan et perspectives
La grande écoute réciproque au cours de ces rencontres fréquentes s’est poursuivie lors de la tournure récente prise par les évènements, notamment à la suite du durcissement des autorités cubaines à l’égard des opposants et de la position prise au niveau européen à l’égard de Cuba.
Dans ce cadre, le rôle que le groupe d’amitié est appelé à jouer est certainement celui de maintenir au niveau interparlementaire des relations nécessaires aux jours meilleurs que nous espérons.
Une autre voie prometteuse est l’intérêt porté par le groupe d’amitié aux activités de plusieurs associations qui travaillent de longue date avec Cuba, telles « Cuba coopération » ou « Cités Unies » (qui fédère les initiatives prises en matière de coopération décentralisée). De ce point de vue également, le cadre régional du groupe d’amitié, intégrant l’ensemble des Caraïbes, est un atout.
Les échanges, denses et confiants, qui caractérisent les activités du Groupe d’amitié avec Cuba, doivent permettre, nous l’espérons, de faire connaître à nos interlocuteurs, les valeurs auxquelles nous sommes attachés, dans le respect des opinions de chacun, ce qui constitue la meilleure des bases pour l’avenir des relations entre les deux pays.
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