Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Kazakhstan
 

Une palette de défis

Dès la proclamation de son indépendance, le nouvel État s'est trouvé confronté à un grand nombre de défis parmi lesquels, il s'agissait en premier lieu de résorber rapidement les effets du lourd héritage stratégique et économique qui constituait son nouveau cadre d'action : négocier avec la Russie dans tous les domaines et trouver le ton juste pour le faire, se débarrasser des armes nucléaires entreposées sur son territoire, consolider sa sécurité stratégique par un partenariat avec la CEI et le groupe de Shanghai (avec la Chine, la Russie et les États d’Asie centrale, sauf le Turkménistan), des accords bilatéraux, notamment avec la Fédération de Russie, des accords régionaux avec ses voisins, etc….
Dans le même temps, il a entrepris de réformer le système politique, administratif et juridique, redécouper quelques régions pour une meilleure efficacité de développement, changer de capitale pour la sécuriser au centre du pays, favoriser l'esprit d'entreprise tout en absorbant le contrecoup social d'une forte différenciation économique qui, comme partout en ex-URSS, a généré une classe d'entrepreneurs très aisés au détriment d'une population largement appauvrie.
Tout ceci a dû se faire en quelques années et sans mettre en danger la stabilité d'un corps social essentiellement bipolaire, incarné par les Kazakhs et les Slaves, ces derniers ayant montré dès avant 1991 une forte tendance à l'émigration vers la Russie. Il a fallu inventer un nouveau mode de fonctionnement après les grandes ruptures telles que la dévaluation majeure qui a suivi la disparition de l'URSS, la création d’une nouvelle monnaie imposée par la sortie de la zone rouble, les crises économiques asiatiques, puis russe, les pressions exercées par les grandes institutions financières internationales, la nécessité d’attirer les investissements étrangers pour exploiter les immenses richesses fossiles du pays sans se laisser déposséder.
Au niveau intérieur, le nouvel État a dû, comme ailleurs dans l’espace post-soviétique, trouver les arguments de sa légitimité, reconstruire un discours historique et culturel qui se réappropriait le passé, sans en exclure la totalité des acteurs, dans un climat politique vif et extrêmement réactif.
Outre ses contingences historiques, géographiques et culturelles, le Kazakhstan possède donc des atouts économiques considérables qui en font un pays à forte perspective de développement. Après plus d'une décennie d'indépendance, il est parmi les pays d'Asie centrale celui qui possède le PIB le plus élevé, le revenu par habitant le plus conséquent, même si les disparités sont fortes entre urbains et ruraux, jeunes et retraités. Par ses richesses avérées en hydrocarbures et autres matières premières à forte demande mondiale, il peut espérer un avenir économique sous les meilleures auspices, surtout s'il parvient à opérer la nécessaire redistribution que la société réclame.
Il n'est donc pas étonnant que le Kazakhstan cherche à valoriser son aptitude à conjuguer le contrastes, les différences, les paradoxes. Il se présente aujourd'hui comme le "pont" entre l'Europe et l'Asie dans sa stratégie d'ouverture au monde, abritant en son sein des Kazakhs musulmans, des Russes orthodoxes et d’autres minorités ethniques et religieuses. Après plus d’une décennie de transformations, il est sans conteste le pays émergent le plus prometteur de la région. Certes, il lui reste de nombreux problèmes à régler dont celui du renouvellement inéluctable des élites au pouvoir, les élections législatives qui s’annoncent en constituant une des réponses.  

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