Par M. Aymeri de Montesquiou, Sénateur du Gers, Président délégué du Groupe interparlementaire France-Kazakhstan
Le Kazakhstan évoque une terre de conquête et d’aventure, des steppes immenses et des montagnes escarpées sur la mythique Route de la Soie. Mais le Kazakhstan est plus que cela. C’est un pays qui doit être placé au centre de notre réflexion géographique et économique car, en plus de l’enchantement qu’il procure au voyageur, son sous-sol regorge de matières premières riches de promesses pour l’entrepreneur, d’autant plus que sa population a démontré sa capacité à affronter la rude compétition de la mondialisation.
Cet État indépendant depuis 1991, possède des ressources dont l’ampleur se précise au cours des années. Les réserves de pétrole et de gaz naturel dans la région de la Caspienne sont les plus importantes découvertes ces trente dernières années, et le placent dans les trois principaux pays du monde pour les réserves d’hydrocar-bures. Par sa situation géographique au cœur de l’Asie centrale, son potentiel économique et ses ambitions politiques, ce pays sera un grand pays et la France devrait s’y intéresser davantage.
Depuis 1993, date de la première visite officielle du Président Mitterrand, je me suis rendu une trentaine de fois au Kazakhstan et j’ai rédigé le premier rapport parlementaire sur l’Asie Centrale en 19941. Chacune de mes visites conforte mon opinion sur le rôle économique et politique que le Kazakhstan est appelé à jouer.
Sa situation géographique entre Orient et Occident incarne le concept d’Eurasie cher au Président Nazarbayev. En effet, quel autre pays mieux que le Kazakhstan2 peut s’affirmer comme le trait d’union entre l’Europe et l’Asie ? Plus de cent nationalités et cinquante religions y cohabitent sereinement. C’est un véritable espace de paix et de stabilité dans une région géopolitiquement déterminante pour la paix et la sécurité du monde. En effet, héritier de la puissance nucléaire à la chute de l’URSS, le Président Nazarbayev a fait le choix de renoncer à cette arme dans un environnement régional de course à la technologie nucléaire. Cette décision courageuse atteste de sa confiance en l’avenir.
Les choix économiques du Kazakhstan respectent le développement durable (création d’un fonds pour les générations futures) et inspirent la confiance des institutions financières internationales (indice Baa3). Les gisements géants de Tenguiz, Karachaganak ou Kourmangazi promettent de faire du Kazakhstan le 5e producteur mondial de pétrole dans 10 ans. Actuellement, les hydrocarbures représentent 58% des exportations du pays, la production augmente régulièrement : de 40 millions de tonnes en 2001 à 52 millions en 2003, les projections à l’horizon 2015 sont de 150 à 200 millions de tonnes. L’évolution des moyens de production est dynamique grâce aux investissements nationaux et internationaux, et le choix des voies d’évacuation est un élément majeur de la géopolitique régionale.
L’intérêt des Occidentaux pour les steppes centre-asiatiques n’est pas récent : André de Longjumeau ou Guillaume de Rubrouck, envoyés du pape Innocent IV et de Saint-Louis ont ouvert la voie à des générations de voyageurs et de commerçants. Les Français, pionniers au Moyen-Âge, devraient montrer la même audace aujourd’hui. En effet, la part de marché de notre pays est inférieure à 2,5% au 1er semestre 2003 et nous place loin derrière les Allemands (9,1%), les Britanniques (3,2%) ou les Italiens (2,8%). C’est dommage, d’autant plus qu’il y a une forte demande kazakhe de coopération institutionnelle et économique avec la France.
Président délégué du Groupe interparlementaire France-Kazakhstan au Sénat, je suis convaincu que ce pays aura, dans les années qui viennent, un rôle à la mesure de sa puissance économique, aux côtés de ses puissants voisins : la Russie, la Chine, l’Inde ou l’Iran. Dans cette perspective, je souhaite que notre pays soit plus présent au Kazakhstan et, dans le cadre de mes fonctions, je m’y emploie de toutes mes forces.
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