Par M. Yves Laurin, Président du Comité Français pour l’Afrique du Sud, Avocat au Barreau de Paris
La fin de l’apartheid, il y a dix ans, a provoqué une grande onde de choc. Elle est apparue comme une délivrance, non seulement pour l’Afrique du Sud, mais aussi pour la Communauté internationale toute entière. La nouvelle Afrique du Sud issue des premières élections libres au suffrage universel d’avril 1994 suscitera un immense espoir à travers le monde.
Le XXème siècle meurtri s’achevait en donnant naissance, sur le continent africain, à une démocratie pluriculturelle, sans exemple dans l’histoire récente, inspirée par l’une des constitutions les plus protectrices des droits fondamentaux jamais établie.
Il était nécessaire de faire connaître les mécanismes à l’origine de cette transformation, montrée en exemple, où la Commission Vérité et Réconciliation a joué un rôle essentiel avec la Cour constitutionnelle compétente pour statuer sur des recours individuels. Un tel modèle, très novateur, était, en effet, étranger au système institutionnel français.
Par ailleurs, l’ouverture de l’économie, longtemps bridée par des mesures autarciques et une réglementation discriminatoire au préjudice des Noirs, offrait de fortes possibilités de développement pour l’avenir.
C’est aux fins d’informer sur cette évolution et ses défis que le Comité Français pour l'Afrique du Sud a été fondé en 1997.
Il a conduit sa première action en soutenant le choix de la ville du Cap en vue des Jeux olympiques de 2004.
Cette candidature ne nourrit pas de regrets, car elle préparera le succès obtenu cette année par l’Afrique du Sud pour organiser, en 2010, la coupe du monde de football.
Sport populaire en Afrique du Sud, né, en grande partie, dans les ghettos de l’apartheid, le football va participer de manière active au développement économique, social et culturel du pays par les réalisations qu’induit la mise en place d’une coupe du monde, dans de nombreux domaines (travaux publics, transports, infrastructures touristiques, etc).
Précisément, la première rencontre internationale organisée par le Comité a eu lieu, le 12 juin 1998, à Marseille, à l’occasion du match Bafana-Bafana-France de la coupe du monde de football dont la France était l’hôte.
Ce colloque a été ouvert par M. Justice Arthur Chaskalson, Président de la Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud et M. Jean-Michel Vauzelle, ancien ministre, Président de la Région. De nombreux représentants du monde de l’entreprise l’ont animé, avec le concours des Chambres de commerce locales.
Un deuxième colloque a eu lieu, à Paris, le 27 octobre 1999, à l’Assemblée nationale, introduit par M. le Professeur Kader Asmal, alors Ministre de l’Education d’Afrique du Sud. Le Ministre français de l’Agriculture, Jean Glavany y exposera les accords arrêtés dans le domaine agricole par le traité de coopération économique conclu entre l’Union européenne et l’Afrique du Sud.
Le 11 décembre 2000, le Comité prendra part, à la visite de Nelson Mandela, à l’Ecole Nationale d’Administration dont la promotion sortante avait choisi le nom.
Un troisième colloque présidé par M. Robert Badinter, ancien Président du conseil constitutionnel, a été mis en place par le Comité, à Paris, au Sénat, le 15 mai 2002, sur le rôle de la Commission Vérité et Réconciliation.
M. Denzil Potgieter, Président du Comité d’Amnistie fera le bilan de cette expérience unique conduite par Mgr Desmond Tutu et des témoignages seront présentés par le Legal Resources Centre d’Afrique du Sud et les écrivains Gillian Slovo et André Brink.
Le Comité, par ailleurs, a participé, en août 2001, à la conférence de Durban contre le racisme, où il soumettra un texte visant à la création d’un Fonds international d’indemnisation des victimes du racisme. En outre, un document a été diffusé, dans le courant de l’année 2001, pour susciter une large coopération entre les deux pays dans la lutte contre le SIDA. Notre organisation sera également présente, à Johannesburg en août 2002, à la conférence sur le développement durable.
Enfin, le Comité Français pour l'Afrique du Sud a été à l’initiative de la conférence sur le 10ème anniversaire de la liberté en Afrique du Sud qui s’est tenue au Centre des conférences internationales, à Paris, le 18 juin 2004.
A cet effet, il a reçu le concours de l’Ambassade d’Afrique du Sud, co-organisateur, et le parrainage du Ministère des Affaires étrangères français.
Les relations entre les deux pays, illustrées par la visite d’Etat du Président Thabo Mbeki, au mois de novembre 2003 et par la venue, le 18 juin 2004, de Mme Nkosazama Dlamini Zuma, Ministre des Affaires étrangères et de Mme Brigitte Mabandla, Ministre de la Justice et du Développement constitutionnel, révèlent une entente étroite que concrétisent des coopérations menées, sur le continent africain, pour le maintien de la paix.
Cependant, la nouvelle Afrique du Sud peut apparaître encore insuffisamment connue en France. La culture sud-africaine admirée, notamment, pour sa littérature et sa musique ainsi que le passé de cette terre australe considérée comme l’un des berceaux de l’humanité, doivent susciter davantage d’échanges.
Aussi, un institut, lieu permanent de rencontres, pourrait être créé, en France, pour organiser des manifestations culturelles et artistiques.
Il y serait adjoint un pôle de documentation, mettant en liaison les universités sud-africaines et celles de l’Afrique francophone.
Ce projet pourrait se construire selon une formule de partenariat entre la France et l’Afrique du Sud.
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