Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Slovaquie
 

Strasbourg, une place privilégiée de notre rayonnement au sein de l’Union européenne

Par S.E.Mme Anna Lamperova, Ambassadeur, Représentant permanent de Slovaquie auprès du Conseil de l’Europe

Depuis sa création le 5 mai 1949, le Conseil de l’Europe a joué un rôle central en Europe pour la promotion des valeurs historiques ancrées dans le patrimoine commun de notre continent, que sont les droits de l'Homme et la démocratie. La chute du mur de Berlin en 1989 a offert au Conseil de l’Europe une occasion de prendre un nouveau souffle et de revêtir une nouvelle dimension politique. Ce bouleversement a fait sombrer le rideau de fer et toutes sortes de clivages, balayant l’Europe centrale et orientale de fond en comble. S’il a mis fin à l'ordre bipolaire hérité de Yalta, il a également provoqué de nombreux « remus-ménages », des implosions, des « divorces » mais aussi de nouveaux « mariages » entre les pays européens. Ces pays se sont alors mis en quête des éléments qui formeraient le socle fondamental de leur futur Etat de droit, démocratique et tourné vers la paix. Le Conseil de l’Europe a ouvert ses portes et offert un accueil privilégié à ces nouvelles démocraties européennes. Il abrite aujourd’hui les 46 pays européens. Cette organisation quasi paneuropéenne offre en outre son aide aux pays qui en ont besoin. Elle incarne, de fait, l'engagement commun de quelque 800 millions d'Européens au service des droits de l'Homme, de la démocratie et de l'Etat de droit.
Après la Hongrie, l’ancienne République fédérative tchécoslovaque a été le deuxième pays de l’ancien bloc de l’Est à adhérer au Conseil de l’Europe en mai 1991. Après le « divorce de velours », unique et exemplaire, qui a provoqué la constitution de deux Etats indépendants, la République slovaque et la République tchèque ont rejoint son enceinte en juin 1993. Ils se sont séparés pour s’unir à nouveau au sein d’une maison européenne commune, dans un premier temps sous le toit du Conseil de l’Europe, puis, onze années plus tard au sein de l’Union européenne, afin qu’ils puissent poursuivre le chemin qu’ils ont eux-même choisi et conçu.
La Mission permanente de la République slovaque auprès du Conseil de l‘Europe à Strasbourg constitue aujourd’hui une véritable représentation slovaque dans cette région. Aux côtés de Paris, qui est une plate-forme diplomatique majeure, Strasbourg est devenue – grâce à ces institutions européennes – une capitale et un carrefour européen. Nous accueillons, en effet, de nombreuses visites officielles d’hommes politiques de tous niveaux, d’experts et de représentants de différents secteurs d’activité. Notre Mission étant la seule représentation slovaque dans la région (certains pays ont même installé ici leur consulat, voire leur consulat général), notre bureau – mes collaborateurs et moi-même – remplit très souvent des tâches qui dépassent nos compétences officielles. Elle a ainsi organisé de nombreuses présentations de la Slovaquie au cours de l’année qui a précédé l’élargissement de l’Union européenne aux dix nouveaux pays-membres. Les sollicitations affluaient alors de tous côtés, des écoles, collèges et lycées, de multiples institutions de formation, de culture et de loisirs, de différentes associations, centres d’informations et d’autres horizons encore. Cette intense activité nous a permis de nouer beaucoup de relations, mais aussi de faire connaître notre pays. A l’occasion des journées portes ouvertes du Parlement européen, nous avons aménagé un dixième de nos locaux à la présentation des dix pays candidats, puis, l’année suivante, des dix nouveaux pays de l’UE. Lors de la première session parlementaire à laquelle les députés des pays-candidats ont été conviés en tant qu’observateurs, nous avons réalisé de nos propres mains et avec un grand succès, la présentation de l’art culinaire slovaque. Nous avons également organisé de nombreuses manifestations pour illustrer l’histoire, l’art, le patrimoine culturel, la philatélie, et bien d’autres caractéristiques de la société slovaque, afin d’assouvir la soif de connaissance des plus passionnés. Le groupe folklorique de Slovaquie de l’Est Sarisan a rencontré un succès inoubliable lors des deux représentations de la culture musicale de notre peuple qu’il a donné à Strasbourg, dont l’une à l’occasion de la visite officielle que l’ancien Président de la République slovaque Rudolf Schuster a effectué au Conseil de l’Europe dans le cadre des célébrations du 10ème anniversaire de l’adhésion de la Slovaquie à cette institution. Quant au groupe folklorique de Slovaquie de l’Ouest, Vistucanka, qui s’était vu confié l’encadrement musical du Festival international du Folklore à Haguenau, sa prestation n’a eu qu’un seul défaut : le manque de place pour combler l’envie de danser qu’il a suscité ! Notre participation à l’émission 12/14 de la chaîne de la télévision régionale France 3 Alsace a constitué pour nous une autre expérience peu banale. Elle nous a donné l’occasion de faire une brève comparaison de la Slovaquie avec l’Alsace, de rappeler les points communs qu’elles partagent et qui vont bien au-delà de la choucroute, du foie gras et des vignes. Nous avons également présenté notre pays et ses objets artisanaux, ses produits typiques, comme les fromages – notamment les fromages fumés -, le bryndza, le pain d’épice et bien d’autres. Un intérêt tout spécial a été consacré au vin mousseux slovaque qui porte le nom de son créateur, le soldat napoléonien Hubert, Français originaire de Champagne, qui après avoir épousé une belle Slovaque, s’est installé au pied des collines des Carpates et a mis en place une fabrique qui produit jusqu’à nos jours le vin mousseux Hubert. Dans l’ambiance très conviviale qu’offrait cette émission, nous avons dévoilé une autre surprise, la divine liqueur dorée, de haute qualité, nommée Tokay, provenant de la région de Sud-Est de la Slovaquie et dont l’appellation est reconnue par l’Union européenne. De nombreuses expositions ont par ailleurs fait connaître les églises en bois construites en Slovaquie durant des siècles, l’héritage mondial culturel de la Slovaquie reconnu par l’UNESCO, les illustrations de livres d’enfants, les timbres et autres objets philatéliques, les personnalités et l’histoire de notre pays. Elles ont donné la preuve que notre pays est digne de sa place en Europe, dont elle n’a jamais été séparée, mais que seuls les puissants de ce monde l’ont empêché d’en exprimer son appartenance.
Voilà, quelques mots sur notre présence à Strasbourg, cette capitale de l’Europe. Je suis heureuse que le destin m’ait donné cette occasion de pouvoir contribuer à construire le chemin de notre avenir. Comme ce proverbe de pèlerinage le dit: « Arrête-toi, pèlerin, il n’y a pas de chemin tout fait, il faut les frayer. » Avançons, donc, et frayons ces chemins, ceux qui nous mèneront vers un monde meilleur, ensoleillé et surtout pacifique.

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