Par M. Pascal Maccioni, Chef de la Mission économique française de Caracas
Neuvième producteur et sixième exportateur mondial de pétrole, le Venezuela, avec un PIB par tête de 5 500 dollars, constitue un important partenaire économique et commercial pour la France. De surcroît, la familiarité culturelle et la très bonne image réciproque que nous cultivons depuis de nombreuses années entre nos deux pays facilitent grandement la fluidité et la facilité des contacts entre communautés d’affaires française et vénézuélienne. Les rencontres officielles bilatérales, y compris au niveau de nos deux Présidents en 2005 et 2006, témoignent également d’une volonté politique en faveur du renforcement de ce dialogue. Et le fait est que le champ de notre relation reste encore très largement ouvert.
De fait, la structure de notre situation économique et commerciale avec le Venezuela est traditionnellement très contrastée entre une relative faiblesse de notre commerce courant et une incontestable force de nos investissements.
Malgré la très forte croissance (+64%) du volume total de nos échanges bilatéraux en 2006 (1milliard €) nous ne sommes toujours que le 9ème fournisseur du Venezuela avec une part de marché d’à peine plus de 1,5%, très loin derrière les Etats-Unis, premier partenaire commercial de ce pays, dont la position reste solidement établie à plus de 30%. Et en dépit d’une forte progression de nos ventes (+61%), notre déficit se creuse encore davantage cette année pour atteindre près de 170 millions d’euros contre un déficit qui atteignait déjà près de 90 millions d’euros en 2005 et 6 milliards d’euros en 2004.
Nos principaux postes d’exportations (440 millions d’euros) pour l’année 2006 se sont concentrés dans les secteurs des équipements ferroviaires (23% du total) – qui représente également le poste ayant enregistré la plus forte progression annuelle -, des produits pharmaceutiques et cosmétiques (17%), des équipements électriques et électroniques (13,5%), des produits métalliques (11%) et des produits chimiques (9%).
Sur les 608 millions d’euros d’importations en provenance du Venezuela 517 millions d’euros concernent les produits pétroliers.
Si nous avons encore beaucoup de progrès à réaliser pour renforcer et rééquilibrer notre situation en termes de commerce courant, nous pouvons en revanche tirer une légitime fierté de notre présence au Venezuela en termes d’investissements. L’investissement direct constitue en effet la forme de présence la plus pérenne et surtout la plus bénéfique sur un marché étranger, dans la mesure où il crée des emplois locaux et favorise le développement technologiques et des savoir-faire.
De ce point de vue, il est important de souligner que la France est le troisième investisseur étranger au Venezuela, loin derrière les Etats-Unis (qui représentent à eux seuls plus d’un cinquième du stock d’IDE au Venezuela) mais à peu près au même niveau que l’Espagne. On estime en effet à environ 5 milliards de dollars le montant du stock investi par les entreprises françaises au Venezuela (1,5 milliard directement depuis les maisons mères en France et 3,5 milliards via des filiales dans des pays tiers). Et si le groupe Total représente l’essentiel de ce stock (Total est d’ailleurs la première entreprise étrangère en tant qu’investisseur dans ce pays), il n’en demeure pas moins que la présence des entreprises françaises est très active dans une gamme très variée d’autres activités : BTP, santé, distribution, biens de consommation, services…
Pour l’avenir, la France entend bien développer et étendre ses relations économiques et commerciales avec le Venezuela. Dans cette optique, l’attention de nos entreprises se porte surtout aujourd’hui sur l’impact du processus de révolution bolivarienne auquel le Président Chavez veut donner un nouvel élan à la suite de sa réélection du mois de décembre dernier. Les modalités d’octroie de devises pour les opérations commerciales bilatérales entre nos deux pays, dans le cadre du contrôle des changes, constituent notamment un sujet de préoccupation. D’une façon plus générale, dans un contexte de mondialisation des marchés de plus en plus rapide et instable, les entreprises désireuses de se développer à l’international accordent une très grande importance à l’environnement politico-juridique de leur marché cible. Et ce, notamment sous l’angle de trois sécurités fondamentales : sécurité des biens et des personnes, sécurité des contrats et sécurité de la propriété. Nul doute que les rapports étroits que les autorités publiques de nos deux pays entretiennent à tous les niveaux constituent un facteur favorable à cet égard.
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