Par S.E.Dr Alejandro Fleming, Ambassadeur du Venezuela auprès de l’Union européenne*
La politique étrangère du Gouvernement de la République Bolivarienne du Venezuela est, sans aucun doute, le reflet de sa politique intérieure. Au niveau national, l’action du Gouvernement bolivarien repose sur deux piliers fondamentaux : l’intégration sociale et la démocratie participative. Ces deux piliers visent a renforcer la participation des Vénézuéliens et des Vénézuéliennes dans le processus de prise de décisions, et dans la construction d’un modèle d’Etat fondé sur la justice sociale, la solidarité, le respect des droits de l’Homme, la prospérité et le bien-être des citoyens. Le gouvernement et le Peuple, protagoniste et souverain, construisent ensemble un pays où les questions sociales ne sont pas subordonnées aux questions économiques. Un pays où les citoyens ne sont donc pas considérés comme de simples agents productifs.
A l’échelle internationale, le Gouvernement vénézuélien centre son action sur la promotion d’un monde multipolaire où chaque pays, grand ou petit, riche ou pauvre, puisse faire entendre sa voix et participer ainsi à la construction de la politique internationale. Il s’agit, par conséquent, de la promotion de l’inclusion et de la participation démocratique à l’échelle planétaire. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’action de la Mission diplomatique vénézuélienne auprès des Communautés européennes.
Le dialogue politique joue un rôle primordial dans les relations entre le Venezuela et l’Union européenne (UE). Ce dialogue, fondé sur le principe d’égalité entre les Etats, la non-intervention dans les affaires intérieures, l’autodétermination et le respect de la souveraineté, facilite l’échange de points de vue sur des questions d’intérêt commun, tels que la lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale et les inégalités, la promotion du multilatéralisme, le respect des droits de l’Homme, etc.
En matière sociale, tant le Venezuela que l’Union européenne travaillent pour atteindre les huit objectifs du Millénaire pour le Développement en 2015. Il s’agit d’un domaine où l’expérience vénézuélienne peut servir d’exemple à l’Europe. En effet, les programmes sociaux mis en place par le gouvernement bolivarien ont permis, entre autres, que l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) ait déclaré le Venezuela « territoire libre d’analphabétisme ». Ceci a eu lieu en 2005, après l’alphabétisation d’un million et demi de personnes. La politique de lutte contre la pauvreté a également permis au Gouvernement bolivarien de réduire considérablement le taux d’extrême pauvreté au Venezuela. Fin 2005, 15,9% des Vénézuéliens vivaient dans l’extrême pauvreté, selon le rapport de la CEPAL intitulé
« América Latina : Evolución de la Pobreza y la Indigencia 1980-2006 »**. Aujourd’hui, d’après l’Institut national de Statistiques (INE), le Venezuela compte moins de 10% de la population en situation d’extrême pauvreté. La République bolivarienne du Venezuela a donc atteint le premier des objectifs du Millénaire pour le Développement : reduire de moitié, pour 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour.
Le Venezuela renforce également ses relations avec l’UE à travers le dialogue birégional Amérique latine et Caraïbe – Union européenne (ALC-UE). Ce dialogue, dont l’expression principale est le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays ALC-UE, vise à créer les bases d’un partenariat stratégique entre les deux régions. Lors du dernier Sommet, tenu à Vienne en mai 2006, des sujets tels que la lutte contre le terrorisme, le narcotrafic, l’énergie et les questions environnementales ont été abordés. Le Gouvernement vénézuélien a toujours prêté une attention spéciale à ces questions. Concernant la lutte contre le terrorisme, en mai 2005, le Venezuela a demandé formellement aux Etats-Unis l’extradition du terroriste Luis Posada Carriles, l’auteur de l’attentat contre le Vol Cubana de Aviación 455, qui a fait 73 morts en octobre 1976. Posada Carriles se trouve encore sur le territoire américain, car le Gouvernement de ce pays n’a pas encore donné suite à la demande vénézuélienne.
La première réunion internationale des Observatoires des drogues d’Europe, d’Amérique latine et des Caraïbes, qui s’est tenue à Caracas en novembre 2005, a montré à l’UE que le Venezuela est aussi l’un de ses principaux alliés dans le combat contre le trafic de drogues. Le Rapport publié en mars 2006, par l’Organe international de contrôle des stupéfiants de l’ONU (OICS), reconnaît le succès de la politique du Gouvernement bolivarien dans ce domaine. Ce Rapport souligne, entre autres, l’utilisation d’un système de surveillance par satellite au Venezuela, lequel permet de détecter les cultures illicites.
L’environnement et la question énergétique font également partie de l’agenda Venezuela-UE. Le Gouvernement vénézuélien sait que le changement climatique met en péril la vie sur la planète. C’est pour cela que le Président Chávez a fait de la protection de l’environnement une priorité. Le Venezuela, l’un des plus grands producteurs mondiaux de pétrole, a été le premier pays pétrolier à avoir ratifié le Protocole de Kyoto. Étant donné que la Constitution oblige l’Etat vénézuélien à garantir le droit à un environnement de qualité, et bien que le Venezuela n’émette que 0,48% des gaz à effet de serre dans le monde, le Gouvernement bolivarien travaille sans cesse dans la réduction des émissions de ces gaz. Le Venezuela et l’UE peuvent donc lutter ensemble dans la protection de l’environnement, par la biais de la coopération.
L’énergie occupe une place prioritaire dans l’ordre du jour européen. L’UE manque d’énergie ce qui la rend vulnérable. Dans le but de résoudre cette calamité, l’UE a misé sur les énergies alternatives. Pour sa part, le Venezuela possède les plus grandes réserves d’énergie fossile du monde. Néanmoins, le Gouvernement vénézuélien a mis en place des politiques visant à la production d’énergie éolienne et solaire, car il est conscient que le pétrole n’est pas une ressource naturelle renouvelable. L’énergie devient alors un autre sujet d’intérêt commun pour les deux acteurs. L’expérience européenne dans ce domaine est sans doute très appréciée par le Venezuela. Le transfert de technologie est donc envisageable, et celui-ci sera possible grâce à la coopération.
Enfin, les bonnes relations entre l’Union européenne et le Venezuela passent aussi par la connaissance mutuelle des réalités de chacun des deux acteurs. Depuis l’arrivée au pouvoir du Président Chávez, le Gouvernement bolivarien a dû faire face à une campagne médiatique internationale de discrédit, orchestrée par le gouvernement des États-Unis. Ce pays n’accepte pas que la voix du Venezuela s’élève dans le monde pour dénoncer les atrocités qui résultent de la domination impériale américaine. L’un des objectifs de la Mission diplomatique vénézuélienne auprès des Communautés européennes est justement de contrer cette campagne qui cherche à perturber les relations entre le Venezuela et l’Europe. La Mission vénézuélienne à Bruxelles doit donc déployer une campagne d’information sur la réalité vénézuélienne afin de montrer à l’Union européenne que le Peuple vénézuélien, fier de son pays qui a enfin récupéré son indépendance, revendiqué sa souveraineté et sa dignité, travaille aux côtés de son gouvernement dans la construction de la République bolivarienne du Venezuela.
* S.E.Dr Alejandro Fleming assume également les fonctions d’Ambassadeur de la République bolivarienne du Venezuela auprès du Royaume de Belgique, du Grand-Duché de Luxembourg, et des Communautés européennes.
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