Par M. Reinaldo José Bolivar, Vice-Ministre des Affaires étrangères pour l’Afrique de la République bolivarienne du Venezuela*
Les nouveaux axes de la politique étrangère du Venezuela s’inscrivent dans le cadre du plan reconnu de l’Agenda Africain, qui met en œuvre les principes définis par le Président de la République bolivarienne du Venezuela, Hugo Chavez. L’Agenda Africain a été élaboré à partir d’un diagnostic systématique de l’histoire des relations du Venezuela avec l’Afrique – et ses 54 pays – entre 1957 et 2004, afin de dresser un état des lieux de nos liens diplomatiques et de coopération.
D’une manière générale, ce bilan a mis en évidence un déclin durable de ces liens qui s’est traduit par la fermeture d’ambassades pour de soi-disants motifs financiers ; un retard dans la reconnaissance officielle des Etats africains, l’établissement de relations officielles n’ayant pas été paraphé avec vingt d’entre eux ; une léthargie dans l’élaboration d’un cadre juridique pour la coopération bilatérale entre le Venezuela et les pays avec lesquels un minimum de liens étaient entretenus, seuls onze instruments de coopération ayant été conclus en 47 ans. Enfin, pour les relations avec les républiques africaines où une ambassade était maintenue, le niveau de représentation n’était que celui de chargé d’affaires. En somme, toute l’importance de l’Afrique a été minimisée, dans le sillage de la stratégie transnationale pour rendre les pays du Sud invisibles entre eux, empêcher ainsi leurs complémentarités et étouffer les tentatives d’union des années 1970.
Cette tendance a ensuite affecté tous les domaines. Le refus du multiculturalisme africain s’est ainsi manifesté à travers son absence des programmes d’enseignement primaire et secondaire de ce qu’on l’on appelle les « grandes civilisations ». L’Afrique a également été occultée et recouverte d’un voile de tristesse, de mendicité et de maladie, sans expliquer qu’elle n’était pas naturellement pauvre, mais qu’elle était appauvrie par les empires. Ceux qui voyaient au-delà de ce voile, étaient en revanche ceux qui connaissaient les immenses richesses de ce continent, ceux qui les payent à des prix infimes ou qui les volent tout simplement, c’est-à-dire, ceux du grand capital.
Pour renverser les rapports de ce continent avec le Venezuela, l’Agenda Africain cherche à promouvoir un plan d’action systématique. Il vise ainsi à mettre en œuvre des stratégies pour la coopération dans les domaines de la diplomatie, de l’économie, de l’éducation, de la santé et de l’énergie. La bannière de notre rapprochement regroupe tout ce qui a trait à la culture, à l’histoire. Sur la base de ces principes, nous avons lancé, avec enthousiasme, l’élaboration d’un cadre juridique pour la coopération avec l’Afrique et l’éradication des mensonges préconçus par les cercles impérialistes et leurs relais nationaux.
Durant l’élaboration de l’Agenda Africain, nous avons approfondi notre connaissance des forces africaines. Le Président Chavez, avec son génie oratoire, a synthétisé lors du Sommet de l’Union africaine à Banjul, la nouvelle vision vénézuélienne de l’Afrique. Il a fait siens l’Agenda africain et sa bannière culturelle et historique, qui font désormais place à la véritable coopération Sud-Sud, la « Mère africaine », a-t-il déclaré à plusieurs reprises, pour réaffirmer ce lien qui doit devenir la pierre angulaire de la nouvelle dimension de nos relations.
Deux ans après le lancement de l’Agenda Africain, nos relations avec le continent africain sont à leur apogée. En novembre 2008, le Venezuela accueillera, notamment, le deuxième sommet des pays d’Afrique et d’Amérique du Sud, témoignage certain de l’élan nouveau et positif que nous souhaitons donner à nos relations avec l’Afrique.
* M. Reinaldo José Bolivar est professeur agrégé à l’Université centrale du Venezuela. Il a obtenu une maîtrise en Economie internationale. Il est spécialiste en Relations internationales et possède une licence en Etudes internationales. Il assume les fonctions de Vice-Ministre des Affaires étrangères pour l’Afrique de la République bolivarienne du Venezuela depuis janvier 2005.
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